Par Maïté Pinero
Suite aux Reportages de Télé Sur du mercredi 20 novembre.
Suite aux Reportages de Télé Sur du mercredi 20 novembre.
" Des cris de douleur " qui s'élèvent dans tout le pays
accompagnent la " transition démocratique" des putschistes soutenus
par l'Organisation des Etats Américains et reconnus par
l'Union européenne. Des milliers de paysans venus des vingt provinces du pays
ont conflué mercredi à Senkata où l'évacuation de la raffinerie, occupée par
les habitants d'El Alto, a causé neuf morts. Ils ont observé une minute de
silence et décidé de venir manifester à la Paz ce jeudi 21 novembre. Ils exigent
le départ du gouvernement autoproclamé de Jeanine Anez, la libération de tous
les emprisonnés et ont voté le maintien du blocage des routes. La pénurie
s'installe à La Paz.
Nidia Cruz, la représentante de la défense du peuple, organisme officiel, a confirmé le nombre de morts, ajoutant que ce chiffre n'est pas exhaustif. Les militaires ont emporté de nombreux corps. Il y a aussi de nombreux disparus et détenus. Elle s'est adressée à Jeanne Anez : "Vous êtes femme, vous êtes mère. Les gens pleurent ici, dans la morgue, ils pleurent dans la rue. Les militaires doivent retourner aux casernes. Ces gens ont le droit de manifester pour exprimer leur opinion. Cessez la tuerie". A New York, Stephane Dujarric, le porte parole de l'Onu, dont une commission d'enquête doit arriver lundi en Bolivie, a déclaré que les nouvelles autorités allaient devoir " rendre compte" des morts et blessés.
A La Paz, la place
Murillo, siège du Parlement, est encerclée par les tanks. Depuis plusieurs
jours, un véritable bras de fer s'y déroule. L'OEA qui a joué un rôle
déclencheur dans le coup d'état et l'Union européenne qui a reconnu les
putchistes multiplient les pressions pour que de nouvelles élections soient
annoncées au plus vite. Il faut donner une façade démocratique au régime fasciste
et raciste.
Dans un autre reportage, on voit le représentant de l'OEA, "ministère des colonies", comme un
poisson dans l'eau parmi les putschistes et les militaires, parler de "Pacification, de Droits de l'Homme, de démocratie". Eva Cola, présidente
du sénat ( Mas) explique devant la caméra que les députés et sénateurs du Mas
"sont au travail pour empêcher le gouvernement Anez de mener à bien ses
plans". Sonia Brito, députée du Mas, ajoute: "Ils peuvent nous
menacer, nous emprisonner comme ils le font. Rien ne peut empêcher qu'une autre
Bolivie soit dans la rue et disent non". Un député de l'opposition avertit
en fin de vidéo que de nouvelles élections et la désignation d'un tribunal
électoral seront imposés par décret, lundi, si les élus du MAS, majoritaires au
Parlement,ne passent pas sous les fourches caudines fascistes, des élections à
la pointe des fusils.
Alors que les ambassadeurs occidentaux sont associés à
toutes les négociations, tout comme l'Union Européenne, aucune voix ne s'est
élevée en Europe, dans les assemblées pour appuyer les députés du MAS, des élus
démocratiquement élus, encerclés par l'armée, soumis à toutes les pressions et
qui voient leur peuple massacré. Ils font courageusement face et sont sur leurs
bancs. Seule l'Assemblée nationale catalane a dénoncé le coup d'état et la
tuerie en cours. Les rares journalistes sur place (ils étaient deux lors du
massacre de Senkata et se cachent depuis car l'armée les recherche) signalaient
hier l'arrivée de collègues. Il s'agit surtout de photographes qui diffusent les
images de femmes en pleurs, de dizaines de milliers de paysans qui confluent
vers El Alto, près de La Paz. Combien faudra-t-il encore de morts, de
révélations sur le scénario bolivien, pour entrouvrir le rideau de fer
médiatique qui participe du putsch ? Encore aujourd'hui, pas un reportage, pas
une image, pas une Une sur l'horreur en Bolivie.
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