mercredi 31 mai 2017

Colombie : Tout nous arrive tard... Même la paix.

... De la "bienheureuse" coutume de tout laisser pour le dernier moment.

Communiqué N° 2 de l'Observatoire de Suivi de la Mise en Oeuvre de l'Accord. OIAP

Le gouvernement avait toujours insisté sur les dates limites de temps accordé pour le processus de paix avec les FARC-EP, mais ces délais n'ont pas été respectés sauf de très rares exceptions. Alors que l'Accord avait fixé le 30 mai comme jour J+180 pour que se termine le processus de dépôt des armes, ce délai a maintenant été étendu 20 jours de plus. Par ailleurs, la réincorporation à la vie civile qui devait terminer aujourd'hui, va être prolongée de 60 jours. Ainsi, à partir d'aujourd'hui, le Gouvernement est sensé faire en huit semaines ce qu'il n'a pas pu faire en six mois. Ce qui ressemble fort à une manœuvre dilatoire.

Il y a deux aspects centraux dans les décisions adoptées suite à l'annonce du jugement de la Cour Constitutionnelle sur le Fast Track : d'une part, l'urgence du désarmement, la réincorporation et la transition des FARC-EP de la guérilla à un parti qui fait de la politique sans armes, et d'autre part, les mesures fondamentales qui peuvent permettre la redistribution des terres, la substitution des cultures, la réalisation des droits sociaux des communautés affectées par la guerre.

En ce qui concerne le premier point, il est indispensable d'avancer sur la sécurité juridique, l'amnistie et les mesures de sécurité pour que le passage de la guerre à la vie civile se fonde sur des faits réels qui construisent la confiance. Or, il est surprenant de constater que le nouveau jour J pour le dépôt des armes soit le 20 juin alors que ce n'est que le 5 juin que débutera la formation des nouveaux membres du corps de sécurité de l'Unité Spéciale de la UNP. C'est à dire qu'on cherche à mettre en marche en seulement 15 jours, une unité dont la discussion administrative dure depuis le 1er décembre 2016.

Pour le deuxième point, des décisions politiques de fond sont nécessaires : on vient maintenant de connaître en vrac la liste de décrets et mesures législatives que le Gouvernement a annoncé alors que se terminent les facultés extraordinaires accordées au Président de la République pour mettre en œuvre l'Accord.

Espérons que la précipitation de la présentation de ces décrets ne fasse pas ressurgir de "cavaliers législatifs" qui affectent l'essence de ce qui a été pacté. Espérons également que les FARC-EP en tant que signataires et les lanceurs d'alerte de la veille citoyenne, pourront faire l'analyse comparative qui permette de sauvegarder l'esprit de l'Accord du Théâtre Colón.

Il y a un antécédent récent qui montre que dans le Gouvernement (et pas seulement au Congrès ou à la Cour Constitutionnelle), certains veulent profiter de la mise en œuvre de l'Accord pour le "retoucher". En effet, le projet de décret sur les programmes de développement territorial (PEDET) et le Fond des Terres, contenait des aspects clairement contraires à l'Accord en cherchant à concilier l'impossible, le modèle ZIDRES de cession de terrains à de gros exploitants agricoles avec la mise en œuvre de l'Accord de Paix dont l'objectif est la distribution équitable de la terre et la création des conditions du bien vivre pour la population rurale.

Il est évidemment nécessaire de saluer les nouveaux délais et de soutenir le processus de transition et de normalisation qui a lieu dans les Zones de Regroupement. Il faut également saluer le nouveau paquet de décrets administratifs permettant d'avancer dans la concrétisation. Et c'est bien que le Président de la République assume, même à la dernière heure, la conduite du processus de mise en œuvre en tant que Chef d'Etat.

Mais l'Accord n'est pas qu'une question de désarmement. Si l'on veut vraiment finir une guerre et commencer la construction d'une paix stable et durable, l'Etat doit respecter les aspects centraux de la question agraire et garantir l'investissement dans les zones de conflit, pour réaliser les droits ajournés des paysans qui se projettent comme la base sociale de la paix rurale que nous voulons.

Source : OIAP





mercredi 3 mai 2017

La POLITIQUE... C'est pour les pourris et les nantis, ou c'est notre affaire ?



De temps en temps, certains syndicalistes affirment avec un ton de voix à vouloir ne pas se salir les mains : "Moi, je ne fais pas de politique". Ils ou elles se font par ailleurs largement écho du "Tous pourris" ambiant qui fait la une des journaux et le quotidien des conversations de comptoir. Comme si la politique n'était que l'apanage de ceux qui se gavent, comme si elle ne pouvait envisager que le bien de ceux qui gouvernent, comme si la corruption était inéluctable.

Il faut ici rappeler que du local au global, la politique est avant tout construction du vivre ensemble qui se décline à travers des mesures concrètes pour répondre aux besoins des populations et des territoires.

Au niveau municipal, par exemple, le maire peut décider d'employer plus ou moins de personnels dans les crèches. Sa décision aura des conséquences sur la qualité de l'accueil des enfants et des familles, et sur les conditions de travail des auxiliaires de puériculture. Quand, prenant en compte la réalité du travail des salarié-e-s et des usagers du service, des syndicalistes se mobilisent pour construire un rapport de force et gagner plus de postes de professionnels pour s'occuper des enfants, ils ou elles font de la politique : Ils ou elles interviennent sur la décision politique en vue d'améliorer le Bien-Vivre collectif concret.

Il en va de même au niveau national. Quand avec la CGT, nous nous battons pour conserver la retraite à 60 ans, obtenir un SMIC à 1800€, gagner la semaine de 32 heures ou l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, nos revendications sont politiques, elles choisissent leur camp de manière claire et déterminée : Pour le travail et contre la spéculation financière, pour le partage des richesses, la défense de l'intérêt des salariés et le développement humain durable, contre l'individualisme délétère de la concurrence de tous contre tous.

De même au niveau international, quand avec la CGT, nous signons contre la ratification par la France du traité sur le commerce et l’investissement entre l’Union européenne et le Canada : le CETA  ou que nous militons pour le droit humain à l'eau et à l'assainissement, nous nous engageons dans des campagnes concrètes pour l'avancée des droits sociaux et du travail, la sauvegarde de l’environnement et du climat. Il s'agit là d'actions collectives plus globales qui ont des conséquences politiques concrètes sur nos vies quotidiennes partout sur la planète.

Ainsi donc, à celles et ceux qui sont malheureux après les résultats des élections présidentielles en France, nous disons : Venez MILITER A LA CGT ! La politique, c'est notre affaire. On a les outils pour résister et pour construire.