dimanche 21 février 2016

La vieille ficelée ligotée

La vieille ficelée ligotée a fait une incursion à l'Espace d'art La Terrasse de Nanterre. Créée au cours de l'atelier d'arts plastiques du mardi qui a lieu dans cet espace, avec son fichu de paysanne russe, sa tunique de lin ficelée de raphia, ses bottes de cuir et son visage silencieux, elle s'est tenue debout pour interroger les oeuvres de l'Exposition Le sens de la Peine... Toute ligotée et ficelée qu'elle est, reçoit-elle la peine comme une sentence ou comme une souffrance ?





Elle s'est tout d'abord arrêtée devant les particules rouges de velours gratté de Maro Michalakalos. On lui a expliqué qu'il s'agissait du sang d'Hélène, immense voile de velours grenat, corps flottant, corps chimérique qui pend dans le puits de lumière. Corps prisonnier/libéré de la femme, coupable de beauté









Elle a affronté les cerveaux en silicone de Rachel Labastie."Cerveau, champ de bataille de nos prisons mentales, seul champ pourtant où peut souffler le vent de la liberté". Tout auprès des cerveaux, elle a feuilleté "L'exécution" de Robert Badinter en écoutant la Fin de mots de Frank Smith à travers les écouteurs.










Elle a longuement échangé avec la sculpture de Joanna Malinowska, le Cercle de la vie, "un cercle qui, du foetus au squelette, en passant par tous les âges de la vie, se referme sur notre condition humaine. Là est emprisonné le temps possible qu'il nous est donné de vivre. Le cercle peut être plus ou moins grand, nos années de vie plus ou moins longues, mais le cercle ne saurait s'ouvrir".










Derrière le cercle de la Vie, était dessinée sur le mur l'entrée de la maison d'arrêt des Hauts de Seine. En limaille de fer projetée sur une toile aimantée, cette oeuvre a été réalisée in situ par Nicolas Daubane qui explique : "Je réalise des dessins avec de la limaille de fer. Je considère cet état de matière comme le symbole des traces d’une évasion : en limant les barreaux de la cellule, nous partirons les mains recouvertes de limaille".





La vieille ficelée ligotée a ri devant la masse absurde et pleureuse Purger sa peine de Céline Cadaureille. Elle a déambulé sur le plan au sol de la prison panoptique de la Petite Roquette installé par Laure Tixier, s'est étonnée devant les photographies des mises en lumière de modèles réduits de James Casebere, s'est interrogée en regardant le Mal de frontières de Mounir Fatmi, la vidéo Prison de Ali Kazma,  la lumière penchée des photographies de cellules carcérales de la prison abandonnée de Sainte-Anne en Avignon prises par Jean-Michel Pancin, la série de dix vidéos intitulée Ten years in Jail de Jhafis Quintero,

Et enfin, en partant, elle s'est longuement arrêtée sur la place Nelson Mandela pour admirer l'installation des sculptures en bois d'olivier et fils de fer barbelés réalisées par Abdul Rahman Katani.

 



mercredi 17 février 2016

A l'attention de mes camarades de la section PCF de Nanterre





Les publications du Secteur International du PCF depuis le début de l’année 2016…

 

Liste des COMMUNIQUéS


PALESTINE. 16 février 2016. Contre la criminalisation des militants engagés pour le boycott des produits des colonies israéliennes. http://international.pcf.fr/82974

SYRIE. 15 février 2016. Bombardements turcs sur les forces du PYD (Syrie): L'Europe ne doit pas laisser libre cours à la folie guerrière d'Erdogan. http://www.pcf.fr/82943

CUBA. 09 février 2016. La visite de Raul Castro en France: une nouvelle étape dans les relations franco-cubaines. http://international.pcf.fr/83096 

SYRIE. 09 février 2016. Syrie: pour un cessez le feu sans condition et l'accès aux convois humanitaires. http://www.pcf.fr/82554

KURDISTAN. 09 février 2016. Massacre/Cizré : La Turquie d’Erdogan a franchi une nouvelle étape dans l’abjection. http://www.pcf.fr/82517 

UNION EUROPEENNE. 03 février 2016. La Commission européenne ne doit pas brader à la NSA nos données personnelles. http://www.pcf.fr/82226 

IRAN. 03 février 2016. Les trois défis de Rohani. http://international.pcf.fr/82327 

TURQUIE. 27 janvier 2016. A l'initiative du PCF, le Parti de la gauche européenne (PGE) lance une pétition pour exiger un cessez-le-feu immédiat en Turquie.  http://international.pcf.fr/82178 

UKRAINE. 26 janvier 2016. Le Parti communiste d'Ukraine frappé d’interdiction : Un déni de démocratie. http://www.pcf.fr/81700 

SYRIE. 26 janvier 2016. Syrie : La France doit être guidée par l'objectif de paix.
http://www.pcf.fr/81651 

PALESTINE. 23 janvier 2016. Le PCF apporte son soutien à Salah Hamouri et sa femme Elsa Lefort. http://www.pcf.fr/81460 

DJIBOUTI. 20 janvier 2016. Massacres et répression à Djibouti, l’État français doit d’urgence réorienter sa diplomatie. http://international.pcf.fr/81393 

BURKINA FASO. 16 janvier 2016. Ouagadougou : "S'attaquer aux causes profondes qui rendent possibles ces actes inqualifiables". http://www.pcf.fr/81203 

UNION EUROPEENNE. 13 janvier 2016. Gauche européenne : vers une nouvelle phase du combat commun. http://international.pcf.fr/81262 

TURQUIE. 13 janvier 2016. Attentat d'Istanbul: "Erdogan porte l’entière responsabilité de ce chaos". http://www.pcf.fr/81058 

DJIBOUTI. 07 janvier 2016. Le PCF demande une enquête internationale sur les massacres. http://www.pcf.fr/80705 

COREE DU NORD. 06 janvier 2016. "Le nouvel essai met en danger la non-prolifération et le désarmement nucléaire". http://international.pcf.fr/81042 

ARABIE SAOUDITE. 05 janvier 2016. Des exécutions politiques. 
http://international.pcf.fr/80640 

MEXIQUE. 05 janvier 2016. Le PCF condamne l'assassinat de Gisela Raquel Mota, maire de Temixco. http://www.pcf.fr/80597 

TURQUIE. 03 janvier 2016. Une ignominie d'Erdogan contre la démocratie et les droits humains. http://www.pcf.fr/80449


La LRI 
(La Lettre des Relations Internationales)

 

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2016 : "L'histoire sans fin" ou du désespoir, faisons table rase

DOSSIER TURQUIE : Faire grandir la solidarité avec les peuples de Turquie // La dangereuse fuite en avant internationale de R.T. Erdogan // Le cynisme contre les peuples // L'autonomie démocratique voulue par les kurdes // Allocution de Lydia Samarbakhsh à l'occasion de la manifestation du 9 janvier 2016 pour commémorer le troisième anniversaire de l'assassinat de trois militantes kurdes à Paris et réclamer "Vérité et Justice" pour Sakine, Rojbîn et Leyla // Pétition européenne.

CHYPRE : La phase actuelle de la question chypriote // ESPAGNE : Focus sur les élections législatives du 20 décembre 2015 // ALLEMAGNE : Optimisme en berne // CALAIS : Des solutions d'humanité pour en finir avec la jungle de Calais // SYRIE 2016 : Enfin la paix ? // BURKINA FASO : Leçons des premières élections "libres" // INDE : Elections locales au Kérala // CUBA : La lutte continue // COP 21 : Un accord en trompe l'oeil // CLIMAT : Prolonger notre action solidaire internationale // UBER : La révolution numérique en cours // AGENDA






LA REVUE DU PROJET
Février 2016 
Dossier POLITIQUE EXTERIEURE DE LA FRANCE  De la guerre à la Paix
 

Accéder à la publication en ligne ICI

 

Clément Garcia


Patrick Le Hyaric. 

Francis Wurtz

Gaël De Santis.  

Bertrand Badie.  

José Cordon
Europe centrale et orientale

Francis Wurtz.  

Dominique Noguères.  

Yann Le Pollotec.  

Hervé Bramy

Pierre Barbancey



Taoufiq Tahani. Israël - Palestine : que doit faire la France ?



I
Je connais tous les lieux où la colombe loge
Et le plus naturel est la tête de l'homme

XVI
Dire que si longtemps l'homme a fait peur à l'homme
Et fait peur aux oiseaux qu'il portait dans sa tête.

XXVII
Ouvre tes ailes beau visage
Impose au monde d'être sage
Puisque nous devenons réels.

Le visage de la Paix. Paul Eluard

dimanche 14 février 2016

Camilo a été beaucoup plus qu'un guérrilléro. J.Giraldo


Entretien avec Javier Giraldo
Source : SEMANA. Bogotá 13 février 2016
Traduction : C.M

Javier Giraldo, prêtre jésuite, explique les multiples facettes de Camilo Torres Restrepo, mort au combat après avoir rejoint les troupes de l'ELN, il y a 50 ans, le 15 février 1966 à San Vincente del Chucurrí.

SEMANA : Pourquoi faire mémoire de Camilo Torres ?
JAVIER GIRALDO : Pour récupérer intégralement son héritage. On se souvient de lui avec l'étiquette de "curé guérilléro" mais il n'a été dans la guérilla que pendant quatre mois. Cette étiquette lui a fait beaucoup de mal parce qu'elle a caché sa dimension en tant sociologue, universitaire et en tant que prêtre.

S. : Qu'a-t-il laissé en tant qu'universitaire ?
J.G. : Il a fondé la sociologie en Colombie avec Orlando Fals Borda quand il a créé la faculté de l'Université Nationale. Il avait une vision très intéressante parce qu'il combinait la sociologie européenne avec l'américaine. Son autre grand apport a été d'aller vers la réalité et de créer une science proche du terrain

S. : Qu'a-t-il représenté en tant que leader politique ?
J.G. : Au début, il pensait que le problème de la Colombie, c'était le manque de techniciens, d'économistes qui puissent dessiner un autre modèle social. Peu à peu, il a été convaincu qu'il s'agissait d'un problème de classes, d'appropriation de l'Etat par une toute petite élite qui défendait ses intérêts avec violence. C'est pourquoi sa recherche fondamentale a été l'unité populaire autour d'un programme qu'il avait rédigé.

S. : Quel était l'essentiel de ce programme ?
J.G. : Il était très radical au niveau agraire... La terre appartient à celui qui la travaille. Pour les villes, que le foncier urbain ne soit pas une marchandise. Que chaque famille ait un espace vital digne. Et ce qui était fondamental, c'était l'économique. Il disait qu'il y a des secteurs basiques des services qui ne peuvent pas être laissés entre les mains du privé mais qu'ils doivent être gérés par l'Etat.

S. : Qui réaliserait ce programme?
J.G. : Pour lui, seuls les groupes de pression produisaient des décisions. Et la classe populaire, qui était majoritaire, devait devenir un groupe de pression pour réussir les changements. C'est de là que vient l'idée du Front Uni.

S. : Qu'est ce que c'était le Front Uni ?
J.G. : Entre 1964 et 1965, il a réussi à unir beaucoup de gens de différents partis et obédiences dans le Front Uni. Mais peu de temps après, les élections sont arrivées et plusieurs de ces partis se sont retirés car lui n'était pas d'accord avec la participation électorale.

S. : Pourquoi ?
J.G. : Il avait une phrase... "Celui qui regarde, choisit" et il disait : "On ne peut pas exposer aux gens une théorie politique et l'amener ensuite à agir contre ces principes". C'est là que s'est démonté le Front Uni. Il s'est trompé quelque part : Il pensait que 80% des gens qui s'abstenaient de voter le faisaient en conscience.

S. : L'échec du Front Uni l'a poussé à prendre les armes ?
J.G. : Il y a plusieurs facteurs. Il savait qu'il était une gêne pour le gouvernement, l'oligarchie et la force publique. Dans une lettre envoyée à l'ELN, il dit que les espaces étaient en train de se restreindre autour de lui. Il se sentait coincé. En plus, il y avait l'influence de la Révolution cubaine. Beaucoup, comme lui, ont cru que la prise du pouvoir à travers la guerre de guérillas se trouvait au coin de la rue.

S.: Et le "Tu ne tueras pas" de l'évangile ?
J.G. : Camilo disait qu'il n'était pas partisan de la violence. Mais il connaissait très bien une tradition juridique et théologique qui vient de Saint Thomas d'Aquin et de Saint Augustin, et qui est celle des guerres justes. Il s'imaginait la guerre comme quelque chose de court. Quelques fois, il a dit que la révolution serait gagnée en deux ou trois ans.

S. : Que signifie-t-il pour l'église colombienne ?
J.G. : Son élaboration théologique et pastorale a été le noyau qui a inspiré la théologie de la libération. Il est arrivé comme aumônier de l'Université Nationale avec l'idée de convertir de nombreux athées et de les mettre face à la réalité des plus pauvres. Mais il a rapidement découvert que ceux qui s'enthousiasmaient pour le travail social étaient les athées, pas ceux qui allaient à la messe tous les jours. Cela l'a amené à se demander : Le véritable christianisme, qu'est-ce que c'est ? Et il a écrit une lettre à l'évêque où il proposait de retourner complètement la pastorale : Commencer par un engagement pour la justice, pour passer à une catéchèse engagée dans l'action et arriver finalement aux sacrements, comme célébration de tout ce qui précède.

S. : Que se passe-t-il avec le monument qu'on pense lui faire?
J.G. : Plusieurs organisations veulent acheter deux hectares de terre à Patio Cemento où Camilo est mort, afin d'ériger un monument dans le futur. Mais les paramilitaires ont menacé la famille propriétaire du terrain et il y a un blocus contre les organisations. 



Mariana temerosa o "Celle à l'oeil distrait"


Quise dibujar el rostro del David de Michelangelo a partir de una foto y al final he titulado mi dibujo "Mariana temerosa o Celle à l'oeil distrait".
¿Porque?

Primero, como aprendiza amateur que soy, hay una falta de precisión y de tecnicidad que no me permite plasmar la finura y la soberbia de la obra de piedra. Mi objetivo no puede ser copiar o reproducir, sino solo aprender a mirar, comprender como se construye la imagen y pillar el soplo de la idea que la sustenta.

Despues, hay lo que ocurre entre la idea y la materia del trazo: los juegos sútiles entre la impulsión de la idea, la textura del papel, la resistencia del lapiz, la flojedad constructiva de la goma de borrar y la autonomia de los dedos de la mano. Entre la idea y la materia, no sé quien de las dos inspira la otra.

Hay tambien la mirada de los demás. He mostrado mi dibujo por skype a Bogotá: Manuel me dijo "Oh, c'est la République effrayée" (Es la Republica asustada) y Alejandro "Tiene el ojo distraido... para no decir bizco"

El dibujo y la idea recogida hablan ahora de mis preocupaciones: me gusta que Mariana, la República temorosa enredada en el estado de emergencia y su identidad nacional descompuesta, haya podido y pueda vencer algun dia al Goliath del miedo y de la sospecha. Me gusta que guarde el derecho a tener un ojo distraido, impertinente, vagamente desviado para mirar el entorno.

Si encuentras un error de sintaxis, redacción u ortográfico en el artículo, selecciónalo y señalalo en los comentarios ¡Muchas gracias!

Marianne apeurée ou "la del ojo distraido"


J'ai voulu dessiner le David de Michel-Ange à partir d'une photo et j'en suis arrivée à intituler mon dessin "Marianne apeurée ou la del ojo distraido".
Pourquoi ? 

Il y a d'abord le manque de précision et de technicité de l'apprentie amateure que je suis et qui n'est évidemment pas en capacité de reproduire la finesse et la superbe de l'oeuvre en pierre. Mon objet ne peut pas être de copier ou de reproduire : Il ne m'est possible que d'apprendre à regarder, chercher à comprendre comment l'image se construit et essayer d'attraper son souffle, l'idée qui la porte.

Il y a ensuite ce qui se passe entre l'idée et la matière du trait : Les jeux subtils entre l'impulsion de l'idée, la texture du papier, la résistance du crayon, la mollesse constructive de la gomme et l'autonomie des doigts de la main. Entre l'idée et la matière, je ne sais pas qui des deux inspire l'autre.

Il y a aussi le regard des autres. J'ai montré mon dessin par skype à Bogotá : Manuel m'a dit "Oh, c'est la République effrayée" et Alejandro "Tiene el ojo distraido... para no decir bizco" (Elle a l'oeil distrait... pour ne pas dire qu'elle louche). 

Le dessin et l'idée réappropriée me parlent maintenant des préoccupations d'aujourd'hui : J'aime que Marianne, la République apeurée empêtrée dans l'Etat d'urgence et son identité nationale décomposée, puisse avoir vaincu et vaincre un jour le Goliath de la peur et du soupçon. J'aime qu'elle se garde le droit à un oeil distrait, impertinent, vaguement déviant pour regarder le monde environnant.