samedi 10 février 2018

Renforcer la bataille électorale et la lutte pour un changement politique démocratique


Résolution du Comité Central du Parti Communiste Colombien

Le Comité Central du Parti Communiste Colombien réuni le 3 février dernier a décidé de renforcer le travail de la campagne électorale en soutenant la liste unitaire Decentes, où la candidate du PCC et de la UP est Aida Avella, et il a décidé de soutenir la candidature présidentielle de Gustavo Petro. Il a réclamé des garanties politiques et des garanties de sécurité pour la campagne électorale du parti FARC, pour ses candidats aux législatives et son candidat présidentiel Rodrigo Londoño. La voie vers le premier tour est de réussir une grande convergence démocratique avec une candidature présidentielle et un programme commun (editorial VOZ).

Le Comité Central du Parti Communiste Colombien s'est réuni pour examiner les nouveaux faits politiques dans le contexte des élections parlementaires et présidentielles pour la période 2018-2022.

Alors que la signature et le début de la mise en oeuvre de l'Accord Final de Paix ont eu lieu il y a plus d'un an, le bilan est précaire. Sur 34 engagements législatifs, seuls 12 ont été concrétisés. La réforme politique, celle du système des partis et celle du système électoral, a été avortée. Le naufrage des 16 circonscriptions spéciales de paix a été orchestré. En dehors du surgissement et de la participation du parti FARC considérée comme fait novateur, la campagne politique actuelle a lieu avec les mêmes normes et les limitations traditionnelles. La confrontation est plus aigüe avec les facteurs qui cherchent à inverser et vider de sens la JEP (Juridiction Spéciale pour la Paix), et empêcher le démantèlement du paramilitarisme, ce qui empêche de garantir et de protéger l'activité politique et la vie des ex-combattants.

Paradoxalement, la banqueroute éthique des élites politiques traditionnelles qui se reflète dans les scandales de corruption permanents, qui concernent toutes les branches du pouvoir et ses hauts dignitaires ; comme la crise sociale profonde dérivée de l'orientation économique néolibérale mise en oeuvre par les gouvernements de droite, coupables de la pauvreté, du chômage, du travail informel,  ou du manque d'opportunités pour la jeunesse, ouvrent un champ du possible politique, pour un projet alternatif avec un programme de réformes avancées.

Le renforcement de la violence paramilitaire, de même que le traitement militariste de la protestation sociale, font partie de la même stratégie du bloc de pouvoir dominant qu'il est nécessaire de vaincre par l'unité, l'intelligence et la plus large participation populaire dans les différents champs de la lutte idéologique et sociale, comme sur le champ politique électoral. L'offensive anticommuniste prétend réveiller la peur de la paix, des changements et elle stimule la haine contre les anticonformistes et la gauche. C'est pourquoi ils utilisent sans cesse l'expression vide "castrochaviste" pour entacher les forces qui défendent le vivre ensemble et les réformes démocratiques...

Et ce n'est pas qu'en Colombie. Au Brésil, ils cherchent à emprisonner Lula pour barrer sa candidature présidentielle. La consultation en Equateur cherche à annuler politiquement Correa. Au Venezuela, Trump et ses alliés, avec Santos parmi eux, cherchent à ne pas reconnaître l'Assemblée Nationale Constituante et les élections présidentielles, qu'ils réclamaient tant auparavant. Nous sommes solidaires de l'Amérique Latine, ses luttes et ses avancées sont les nôtres.

Dans ces conditions, les résultats électoraux seront déterminants dans la vie des colombiennes et des colombiens à moyen et long terme. Les forces du passé cherchent à normaliser une nouvelle version de l'Etat paramilitaire. Et donc, la lutte pour la paix intégrale avec justice sociale et les changements économiques, sociaux et politiques, ont besoin d'un groupe parlementaire représentatif et d'un nouveau gouvernement démocratique. Dans ce contexte, le Comité Central du Parti Communiste réaffirme sa conception unitaire et approuve les orientations basiques pour l'action de toutes et tous ses militants et dirigeants :

1. Appeler le mouvement populaire et ses expressions sociales, syndicales, agraires, ethniques, de quartier, culturelles, le mouvement des Femmes, de l'Université et de la jeunesse à assumer son engagement à cette heure cruciale, en impulser par sa mobilisation, son initiative et son soutien l'option d'un gouvernement démocratique qui consolide la paix et les réformes indispensables pour vaincre la corruption les injustices et les crimes contre la vie.

2. Persister dans l'organisation d'une grande coalition ou convergence politique et sociale pour la Présidence de la République, capable de définir une candidature d'unité pour le premier tour. Dans cette perspective, participer et inviter à participer activement d'autres secteurs de gauche et des secteurs citoyens progressistes à la Consultation Présidentielle de la Décence, pour définir le candidat présidentiel entre les candidats Gustavo Petro et Carlos Caicedo qui, avec des expériences et des parcours différents, partagent un programme commun d'engagements dans la lutte contre la corruption, en faveur des réformes et pour la paix.

3. Soutenir comme point fondamental de cette consultation populaire, la diffusion et le renforcement dans le débat public des 6 points programmatiques suivants :
  • a. Un nouveau modèle économique qui élimine la forte concentration de la richesse pour pouvoir en finir avec la misère.
  • b. De profondes réformes sociales qui garantissent un socle de protection sociale pour tous les colombiens, spécialement la population rurale.
  • c. La gratuité de l'éducation supérieure publique et une politique bien conçue en matière de sciences et de technologies.
  • d. Environnement et technologies propres. On créera dans le pays une conscience pour affronter les risques du changement climatique, avec des mesures de prévention, d'atténuation et d'adaptation.
  • e. Autonomie régionale et efficience de l'Etat. Ainsi que garantir un Etat qui respecte les droits des citoyens avec zéro corruption.
  • f. Paix avec transparence et transformation sociale. Respecter et mettre en oeuvre fidèlement l'Accord de Paix signé au Théâtre Colon ; renouveler le dialogue et le cessez-le-feu bilatéral entre le gouvernement et l'ELN ; ouvrir le dialogue avec l'EPL.
4. La Consultation Présidentielle de la Décence a un rôle central dans la tactique électorale et exige un grand effort de conviction et de mobilisation citoyenne. Gustavo Petro et Carlos Caicedo contribuent avec patriotisme et générosité à cet exercice démocratique en fonction du projet unitaire présent et futur. Sur la base des contenus programmatiques énoncés ci-dessus, plus la consultation des directions départementales du Parti, la délibération du Comité Central, et du Comité Exécutif National de la UP, nous soutenons la candidature de Gustavo Petro dans la consultation du 11 mars. Nous reconnaissons le parcours de Pétro, un dirigeant au talent démocratique et progressiste, engagé dans la défense des accords de paix et la lutte contre la corruption, avec la capacité d'appeler aujourd'hui de larges secteurs citoyens indignés par la politique traditionnelle. Dans le Magdalena, le César et la Guajira, au vu de l'apport politique significatif et important de Carlos Caicedo à la lutte régionale démocratique et progressiste, les accords établis précédemment sont maintenus.

5. Défendre par la mobilisation et la pression populaire le droit constitutionnel des listes de coalitions et donc, redoubler nos efforts dans les semaines qui restent avant les élections, pour la campagne au Sénat pour la Liste de la Décence de notre candidate Aida Avella Esquivel n° #5 sur le bulletin électoral. Conquérir cette représentation est un apport très important au groupe parlementaire de la paix dans cette corporation et une reconnaissance historique de la lutte du Parti Communiste et de l'Union Patriotique.

6. Renforcer la campagne des candidats de la UP à la chambre des représentants et de leurs alliés dans les 21 départements du pays. Cet effort ne sera pas seulement récompensé par la possibilité de conquérir de nouvelles représentations mais aussi par le travail politique, social et organisationnel qui permet de renforcer la présence du PCC, de la UP et de ses alliés dans les territoires, avec la perspective de consolider les luttes sociales et politiques du moment avec une vision du futur.

7. Le PCC soutient le droit à la participation politique des militants de la FARC, élément fondamental du respect de ce qui a été accordé, et rejette les prétentions de l'extrême droite qui veut empêcher la participation politique des principaux dirigeants de la FARC. Il exige de l'Etat toutes les garanties nécessaires pour l'opposition politique et sociale. Bien que les circonstances politiques n'aient pas permis une participation conjointe de toutes les forces de gauche et des forces démocratiques dans des listes et des candidatures unitaires, le Comité Central salue fraternellement les aspirations des autres organisations du camp démocratique, particulièrement, les candidatures de la Force Alternative Révolutionnaire du Commun, FARC, au Congrès de la République, et de Timoleón Jimenez à la Présidence.

8. Finalement la plénière du Comité Central souligne le travail des militants du Parti, de la Jeunesse Communiste, de l'Union Patriotique et de ses alliés dans le pays et à l'extérieur qui, avec persistance et discipline, malgré les adversités et l'absence de garanties, montrent la présence vivante et persistante du collectif de lutte, unitaire, à un moment si important pour le pays et pour la lutte du peuple colombien.

Unissons toutes les forces de la paix, du vivre ensemble et la justice sociale pour un gouvernement réellement démocratique !
Participons massivement à la Consultation Présidentielle de la Décence !
Vive les listes de la Décence et de l'Union Patriotique au Congrès de la République !
Vive le Parti Communiste Colombien !

Bogotá, 3 février 2018.

Con mucho cariño para @AidaAvellaE desde Francia :


Pour le libre droit à agir en démocratie

Communiqué du Parti Communiste Colombien
www.pacocol.org

Les agressions répétées contre les militants et les dirigeants du parti FARC indiquent qu'une action systématique, programmée et organisée est encouragée par les porte-paroles de l'extrême droite.

Contrairement aux affirmations de Rafael Pardo, ministre du post-conflit, et à l'éditorial du journal "El Espectador" du 6 février dernier, il n'y a rien de spontané dans ces attaques. Il est surprenant que de hauts fonctionnaires, des éditorialistes et les provocateurs coïncident dans l'atténuation de la gravité de conduites qui en viennent à favoriser des délits portant atteinte à la liberté de réunion, à l'expression citoyenne et qui encouragent des soulèvements mettant en danger la vie et l'intégrité de compatriotes, ou provoquent des dommages sur des biens immeubles et des véhicules.

Il est encore plus étonnant que le Code de Police qui s'applique avec une rigueur extrême sur les manifestations civiques, les mobilisations étudiantes, les actions des vendeurs ambulants ou les marches paysannes, se montre si tolérant face aux agressions violentes contre ceux qui ont décidé d'agir en démocratie.

L'ordre de "ne pas réagir" donné par la Direction de la Police facilite l'attaque, le vandalisme et les délits commis par les agresseurs fascistes. Les événements condamnables qui ont eu lieu ce 7 février à Cali et à Yumbo appellent à un revirement qui rende effectives les garanties de sécurité pour tous.

Le Parti Communiste Colombien condamne ces faits et signale la responsabilité du gouvernement national dont la chaîne de commandement a permis que de telles violations contre les droits et libertés fondamentales portent de nouveau atteinte à la consolidation de la paix et de la justice sociale que réclame le peuple colombien.

Il exige que le Ministère Public enquête sur une éventuelle participation de fonctionnaires et d'agents des services du renseignement intérieur dans l'organisation et la promotion de ce genre d'actes.

Il appelle à la solidarité active face aux exactions de ceux qui prétendent légitimer la stigmatisation, le harcèlement et la menace comme moyen d'action.

Parti Communiste Colombien
Jaime Caycedo Turriago
Secrétaire Général