vendredi 30 septembre 2016

A l'aube cessera l'horrible nuit

Photo : Gustavo Nieto

De Jorge TORRES MEDINA
Paris, 12 septembre 2016 

   Tout a commencé quand les vents de l’Orient ont fait échouer trois caravelles sur des terres où les «NATURELS» adoraient le soleil et toutes ses déités cosmiques. L’imaginaire raconte que ces hommes vivaient en harmonie avec la terre mère. Des embarcations bizarres, ils ont vu descendre des êtres étranges qui paraissaient des géants à quatre pattes avec deux têtes, revêtus de métal et portant dans leurs mains des instruments qui brillaient à la venue du dieu Soleil.
Depuis lors, tout fut un cauchemar. 

Peu à peu, les étranges sont entrés sur la terre ferme, ils ont assujettis tous les habitants qu’ils rencontraient dans leurs explorations et ils ont exterminés les plus aguerris d’entre eux, comme le muisca TUNDAMA, en s’appropriant leurs trésors et leurs terres. Mais pour se sauver de la barbarie, certains ont fui par les montagnes escarpées ou les forêts impénétrables et ils sont aujourd’hui les témoins des cultures qui existaient : Ainsi, ils ne se sont pas laissés effacer par l’écoulement des siècles.

Les hommes qui venaient d’un royaume lointain, ces barbus à casques, armures et épées à la croix inquisitrice chargée sur leurs épaules, apportaient dans leur être l’avarice, le pouvoir de la haine et de la guerre, la vengeance, l’homicide, l’envie, le mensonge. Et dans leurs yeux, dans leur langue, dans leurs mains, l’ambition du Tout Puissant. Voilà pourquoi, quand ils endurcirent la mita et exterminèrent les « naturels » dans les mines, ils firent venir les esclaves d’Afrique pour continuer à s’enrichir en se répartissant avec le roi et sa cour les bénéfices de la « grande découverte ».

C’est ainsi qu’ils ont fondé et qu’ils fondèrent des villes et des royaumes en se promenant de conquêtes en colonies pour finalement y demeurer, car ils n’en sont jamais partis.

Pendant ce temps-là, la population du royaume dit « de GRANADA » et d’autres fiefs, augmenta : des blancs, des indiens, des noirs, des métis et des mulâtres sous le pouvoir de l’Espagne. Vinrent alors les premières rébellions, comme celle de JOSÉ ANTONIO GALÁN et son entourage, aux prises avec les vice-rois. Mais Aïe ! Aïe ! Aïe ! Quelle douleur ! Le mensonge, artifice de la parole et du papier, recommence et se répète comme au temps d’ATAHUALPA, trompé par PIZARRO, là-bas dans les terres incas. Et voilà les têtes pendues du châtiment, et la peur, et la terreur transpirant dans la région de Santander.

Les années défilent et passent à l’autre siècle, nous sommes le 20 juillet au XIXème : Voilà le premier cri d’indépendance et ensuite la grande guerre contre l’absurde et contre la terreur de la mère patrie. Et Bolívar, Santander, Sucre et tous les héros nationaux que notre histoire rassemble pour couper le cordon ombilical, instaurer l’indépendance et créer la REPUBLIQUE, notre REPUBLIQUE, les Etats-Unis de Colombie, puis LA GRANDE COLOMBIE, rêve de Bolívar, mais qui finalement sera LA REPUBLIQUE DE COLOMBIE.

Cet ETAT NATIONAL né au XIXème siècle, a engendré une élite de notables qui avait la maladie de ses ancêtres espagnols et qui hérita du pouvoir jusqu’à faire la Constitution de Rionegro de 1863 (fédéraliste), puis la constitution de 1886 (centraliste), pour continuer de famille en famille et arriver à la Patria Boba et, évidemment, à une autre confrontation politique entre partis : La Guerre des Mille jours. Et de nouveau l’odeur de la mort rodant dans les champs (cent mille morts), la désolation, la douleur, l’impuissance et en plus, la perte de Panama.

Les partis que nous avons hérités de Bolívar et de Santander ont courbé l’échine du XXème siècle et sont restés accrochés au pouvoir jusqu’à épuisement, non sans passer par de permanents conflits entre les grands chefs de la politique qui, posément, ont semé la « Patrie » de cimetières sur tous les lieux de grandes batailles pour consolider leur soif de dominer le combat. Avec des armées nationales ou régionales formées par des métis et des mulâtres sous les ordres des lignées blanches, nos champs et nos villes se sont nourris de sang et ont alimenté l’oubli.

Il y eut quelques occasions où nos fils de pauvreté se soulevèrent, mais toujours ils furent châtiés avec dureté et sans aucun remords. Il en fut ainsi pour le "Massacre des Bananeraies" en 1928, quasiment effacée de la mémoire historique de notre peuple, qui eut lieu pour protéger les compagnies américaines qui exploitaient les terres productives de la "Nation".

Dans cette confrontation entre Libéraux et Conservateurs, enfin, surgit un "CAUDILLO", Jorge Eliécer Gaitán, libéral qui n'appartenait pas aux élites du parti : Il voulait changer le cours de l'Histoire mais il fut éliminé du chemin. Alors survint le soulèvement, le "BOGOTAZO" et depuis, la violence permanente s'est étendue dans les campagnes, d'un côté acte de rébellion contre les institutions et de l'autre, officialité de la "PATRIE", s'imposant avec les armes et le mensonge, sur tout cri de rébellion.

"LA VIOLENCIA" : Continuité in crescendo de la guerre archaïque engendrée depuis le XIXè siècle. Guérillas libérales résistant à l'offensive conservatrice. Evidemment, le langage a été éclaboussé de mots qui identifiaient ceux qui pratiquaient LES SEVICES : "Chusma", "Bandoleros", "Chulavitas", "Pájaros", qui pour de l'argent protégeaient leurs potentats régionaux et rackettaient la population en pratiquant en même temps coupe-gorges et massacres, dans une décomposition éthique sans limites et sans scrupules.

Et comme toujours, "LE SIEGE DU POUVOIR" arrangea les événéments de l'HISTOIRE BRISEE. Pacification des guérillas de la plaine, grâces, amnisties, promesses de terres et finalement, boucs émissaires. Car vint le Général Rojas qui calma les esprits par l'art de la démagogie et fit que tous sortirent sur les places publiques pour signer la fin de l'extermination. Or peu à peu, tous les leaders guérilléros furent assassinés, avec entre autres, GUADALUPE SALCEDO. Et d'un autre côté, tous ceux de la racaille, les "chusmeros" et "bandoleros" eux-aussi trahis et exécutés par l'armée nationale: Sang Noir, Le Vengeur, etc, etc...

Et "Le Général, le Dictateur" succomba. L'art de réglementer les normes pour "Gouverner" ne se fit pas attendre : Les génies de la Patrie malade ont engendré LE FRONT NATIONAL. Les trois cinquièmes du XXème siècle, rouillés, tournaient au ralenti quand les puissants de l'univers instaurèrent la guerre froide et, qu'au dos des Caraïbes, Cuba se libéra du détestable Batista. C'était les années de la Première Révolution qui changea le rythme de l'histoire.

Pendant ce temps-là, Guillermo León Valencia, président de l'honorable république de Colombie, préparait la première grande offensive contre les dites "Républiques indépendantes" de Guayabero et El Pato, bastions des guérillas libérales qui ne s'étaient jamais soumises et qui devinrent des guérillas révolutionnaires sous l'influence des idées communistes. C'est là que le légendaire "Tirofijo" et d'autres, des gars courageux, fondèrent les FARC et firent une percée. L'Etat et ses Forces Armées, avec leurs nouvelles technologies de guerre et soutenus par les Etats-Unis d'Amérique, appliquaient la doctrine de l'ALLIANCE POUR LE PROGRES, avec l'objectif de freiner les insurrections en Amérique Latine et d'étouffer par le blocus la REVOLUTION CUBAINE. Avec le mot DEMOCRATIE, muté comme un OGM avec le mot démagogie, dont la culture continue aujourd'hui.

La révolution cubaine a engendré l'ELN. C'est là que Camilo Torres Restrepo a souligné l'impossibilité de la pratique de la DEMOCRATIE en disant "Les voies légales pour la participation politique sont épuisées" et qu'il a rejoint la guerre de guérillas. Plus tard, apparut l'EPL, influencé par le Maoïsme, qui à travers les campagnes et avec le même objectif, s'engagea dans la Guerre Populaire Prolongée.

De lucides Pères de la patrie se sont alternés dans l'acte de gouverner, on modernisa l'armée et la guerre contre l'insurrection continua avec plus d'acharnement. De la guerre archaïque, on passa à la guerre des nouvelles technologies, on appliqua l'informatique, la torture, la disparition forcée. Le délire de gagner la bataille finale devint une obsession, les prisons se remplirent de prévenus, le narcotrafic et le paramilitarisme se mêlèrent de la bataille avec la complicité de l'état, la corruption s'institutionnalisa. La pourriture se multiplia comme une légion de rats, on assassina des candidats de tous les courants : Pizarro du M19, Galán du Nouveau Libéralisme, Pardo Leal de l'Union Patriotique, entre autres. La transhumance de millions et millions de déplacés se déchaîna, on extermina les militants politiques d'opposition, on multiplia les massacres de paysans. Les villes se peuplèrent de misère et en voyant passer la catastrophe en silence, la société ferma les yeux.

Pourtant, pendant la dernière décennie du XXème siècle, de nouveaux événements eurent lieu : Le M19 et l'EPL rejoignirent la vie civile et politique, en croyant à la PAIX. Le narcotrafic s'infiltrait comme force économique dans la politique et commençait à broder les sentiers du pouvoir, l'Etat accepta un changement constitutionnel, condition de la négociation entre l'insurrection et la classe politique, et la constitution de 1991 surgit.

La fatalité vint nous surprendre un jour incertain, avec l'apparition du Paramilitarisme et le renforcement de l'extrême droite. Il y avait là les éleveurs, les potentats locaux, les industriels et peu à peu, pour répondre à leurs besoins économiques: Le narcotrafic. Car une légion de mercenaires privés a besoin de beaucoup d'argent pour carburer. Vint la para-politique, machine parfaitement bien huilée pour justifier tous les actes qui blessent la justice et la dignité humaine.

Le siècle s'évapora dans un souffle et à la naissance d'un nouveau millénaire, la complexité de notre autodestruction se transforma en une nuit horriblement interminable. La Colombie tomba malade de paranoïa, de détresse, de peur, d'impuissance, la vie perdit son essence et les sicaires pullulèrent comme le moustique Anophèle, la dévastation du territoire devint une pustule, et à la campagne, des fleuves et des fleuves de fluide vital se diluèrent dans les labyrinthes de l'amnésie. Le mot "Terrorisme" devint le cancer à combattre dans tous les coins de LA PATRIE, et nous, habitants qui respirions l'impuissance, nous fûmes assiégés par l'avarice de quelques uns qui continuent encore à se sentir puissants.

Nous n'avons pas pu être un peuple souverain où la multiculturalité, la richesse de nos races, la joie de notre musique, l'ingéniosité pour résoudre la difficulté, l'humanisme et l'acte de travailler, la solidarité et la générosité, et avec eux le "Mot" et "l'Acte", priment sur la haine et la vengeance. Nous avons été soumis par la peur et la mort qui grandirent comme la peste et s'enracinèrent de génération en génération dans nos êtres. Qui pourrait dire le contraire pour être couronné roi du mensonge ?

Quand les ennemis fatigués se sont assis et ont donné leur parole d'arrêter la guerre
Ils sont venus nous demander à tous si nous voulions la paix "Tous ont dit OUI"
Accompagné d'un roulement de tambours... OUI... OUI... OUI...
Qui pourra alors se laisser tromper
alors que nous pouvons aujourd'hui changer l'histoire
Alors que nous avons réussi à arrêter la bataille
qui a toujours été un cauchemar
Qu'est arrivée l'heure de nous écouter
Que pardonner est l'acte de l'eau pour la soif
Que demander pardon est sentir la douleur de l'autre
A l'Aube cessera l'horrible nuit
Pour que l'enfance batifole et rêve toujours
Pour que nous apprenions tous à parler au vent
Qui porte toujours cinq siècles sans oubli

Je vote OUI pour extirper la guerre et le massacre
Renaître..., Catharsis, Catharsis!


 
 
 
 

mardi 27 septembre 2016

Colombie : Pourquoi le "OUI" ce 2 octobre...


Par Carlos Mario Perea [*]
Source : CLACSO - Megafón Septembre 2016

Il y a très peu d'occasions où un peuple a l'opportunité de changer le cours de son destin. Pour que cela arrive, ce peuple aura dû traverser des eaux tumultueuses et, au milieu de dures batailles, endurer des souffrances innommables. 

C'est le cas de la Colombie, qui n'a pas seulement porté le poids de la guerre la plus longue et la plus dégradée du continent, mais aussi la tristesse d'être le coin de la planète où le narcotrafic a déchargé ses effets les plus amers et les plus délétères. Combien de fois, au cours des trois dernières décennies, nous sommes-nous trouvés à fermer les yeux quand nous envahissait la terrible sensation d'être les enfants d'un pays qui se condamnait sans rémission à l'échec. Peu importe la rive où chacun a été déposé par la vie, que ce soit à tel ou tel moment, tous sans exception, nous sommes passés par la révélation assourdissante d'appartenir à une nation dont des données de base étaient bouleversées. De trop lourds tributs à la mort et au sang ont été payés : combien de vies malheureuses, combien de corps mutilés, combien d'âmes égarées, combien de haine amassée...

Pourtant, au milieu de cette longue agonie, il semble enfin que l'on commence à s'élever au dessus des grandes eaux de la guerre. C'est ce qui est, ni plus ni moins, l'enjeu du plébiscite du 2 octobre prochain.

Bien sur, la victoire du "OUI" ne taillera pas à la racine les maux nationaux les plus sensibles. On ne mettra pas fin au conflit armé, car pour son infortune, la Colombie affronte le drame d'un nouveau cycle de violences encouragé par d'anciens et de nouveaux acteurs armés. On n'éradiquera pas non plus le narcotrafic, les drogues illicites sont un de ces phénomènes globalisés dont la transformation dépend de la volonté commune du continent latino-américain.

Mais, malgré son étendue limitée, la signification de la fin de la confrontation avec les FARC est aussi importante que celle de s'élever au dessus des grandes eaux de la guerre. Car, cela suppose de démobiliser l'armée qui a largement réussi à se déployer dans le territoire, soit actuellement, dans la moitié de la géographie du pays. Au fond, ce qui compte le plus en réalité, c'est de mettre fin à la trame historique façonnée par un corps armé dont les premiers soubresauts remontent aux années 40 du XXème siècle. C'est ce qu'incarnait Manuel Marulanda Vélez, le guérilléro qui avait commencé sa carrière comme un libéral bon teint, et qui est devenu avec les années, le chef de la cause insurgée.

Avec la démobilisation des FARC, les eaux se calment, elles endorment leurs grandes turbulences. Face à l'agonie de la nation qui paraissait condamnée à la tristesse, la victoire du "OUI" permet d'imaginer la possibilité d'un pays qui puisse être modelé par des mains disposées à se mêler. La Paix, avec sa voix posée au coeur de la scène publique, a déja redonné du sens à certaines choses. D'abord, elle a remis en état la fibre citoyenne moisie en arrachant des centaines de personnes au marasme paralysant de la guerre. Entre une guérilla qui a abandonné ses slogans non-négociables et une élite qui a déposé ses intransigeances et ses privilèges, la paix a mobilisé une société disposée, comme elle ne l'avait jamais été auparavant, à miser sur de nouvelles cartes dans le jeu imprévisible de l'histoire.

Le 2 octobre sera une journée dédiée à réclamer le droit sacré à vivre en paix, ce droit si longtemps violé par les venins toxiques de la guerre.

Il y a très peu d'occasions où un peuple a l'opportunité de changer le cours de son destin. Voilà ce que représente le "OUI" du plébiscite : une volonté qui se reconnait elle-même après la divagation des grandes eaux et de la souffrance, une volonté de nation prenant conscience que, enfin, après un temps si long, l'heure est arrivée d'intervenir sur le destin qui est devant nous.

[*] Professeur de l'Université Nationale de Colombie et de l'Université Distritale Francisco José de Caldas de Bogotá. Membre du Conseil National de la Paix et du Réseau des Universités pour la Paix

Source : Porque el "SI" este 2 de octubre
Trad° : CM


lundi 26 septembre 2016

Colombie : Une Paix digne pour les deux parties au conflit et pour le pays.


Dialogue avec Carlos Lozano, directeur de VOZ
Bogotá, 24 septembre 2016

Source : Diálogo con Carlos Lozano, director de VOZ 

Voz : Vous avez été un des facilitateurs de ce processus de paix pendant sa phase secrète mais votre nom n'est pas mentionné par la grande presse alors qu'elle reconnait le rôle important qu'ont joué d'autres personnes...

Carlos Lozano : Oh, ça ne m'empêche pas de dormir ! J'ai fait un travail facilitant, confidentiel, dans le respect des contraintes permettant aux contacts préliminaires d'avoir lieu. Je suis intervenu à la demande de Cuba, avec la recommandation que tout ait lieu dans le plus grand des secrets. J'ai échangé des messages avec Alfonso Cano. La réunion prévue avec lui n'a pas pu se tenir à cause des opérations militaires qui s'étaient renforcées au moment des premiers contacts. C'était paradoxal. A l'époque, dans une conversation avec Roberto Pombo, le directeur du Tiempo qui ne savait pas que je travaillais là-dessus, nous avions parlé des opérations contre Cano et il m'a dit que le président Santos lui avait demandé si, étant président, avec Cano assiégé et avec la possibilité d'en finir, il aurait donné l'ordre de l'attaquer. Et il avait répondu : "Non, je ne le ferais pas, parce qu'avec lui, on peut faire la paix". Je ne sais pas si Pombo était en fait au courant des contacts secrets.

Je n'ai pas pu voir Alfonso parce que dans un message, il m'a fait savoir : "C'est dangereux, ici il y a beaucoup de bruit" mais il m'a dit que cette possibilité était à l'examen et en plus, que les FARC étudiaient la possibilité de suspendre les "rétentions économiques". Sur ce sujet, nous avions déjà parlé dans le Caguán avec Cano et le "Mono Jojoy". Avec Alfonso, après la rupture des dialogues du Caguán, nous avions échangé des messages sur cette question avec des points de vue contradictoires et des coïncidences, mais finalement, avec l'excellent résultat qui les a fait considérer qu'il fallait éradiquer cette mauvaise pratique. De fait, le texte de ce message est entre les mains des cubains.

Après la mort de Cano, ou plutôt son assassinat, ce fut Timoleón qui m'a dit qu'ils avaient pris la décision de mettre fin à ces "rétentions économiques" et qu'ils l'annonceraient prochainement. Ce fut peu de temps avant qu'ils annoncent les dialogues publics. J'ai lancé le scoop dans une soirée chez León Valencia où étaient présents Enrique Santos, Medófilo Medina, Martha Ruiz et Jorge Enrique Botero. Deux jours plus tard, sortait le communiqué du Secrétariat des FARC à ce sujet.

Voz : Comment les contacts ont-ils été confirmés ?

Carlos Lozano : Voilà l'histoire. Les messages avec Alfonso Cano ne me l'ont jamais confirmé, mais ils laissaient voir que c'était ça. Je crois qu'il ne l'a jamais dit de manière claire car ces papiers pouvaient être interceptés. Et puis il y a eu aussi le message d'Alfonso Cano destiné à la Rencontre Nationale Agricole et Populaire de Barrancabermeja, en 2011 si je ne m'abuse, où il a fait la proposition de cinq points à discuter avec le gouvernement de Santos, où j'ai vu clairement l'intérêt qu'avaient les FARC à entrer dans des pourparlers. De fait, les cinq points ressemblent beaucoup à ceux adoptés dans l'Agenda de l'Accord de La Havane, qui sont six.

De toute façon, sans connaitre tous les détails, je savais qu'il y avait des rapprochements parce que les cubains me l'avaient dit, en me demandant d'essayer de confirmer si les FARC avaient vraiment intérêt à dialoguer. C'est au cours de cette recherche d'infos, que j'ai cherché à entrer en contact avec Timoleón alors que Cano était encore vivant. Nous nous sommes réunis dans le Catatumbo. Nous avons parlé de choses générales, nous avons échangé des opinions sur la situation politique et sur la possibilité de la paix, mais il ne m'a rien confirmé sur les rapprochements. Je n'ai pas insisté. Entre autres choses, il m'a montré un message de Cano qui disait que je ne viendrais peut-être pas parce que l'hiver était très rude et que les conditions du voyage seraient terribles. Et pourtant, j'y suis allé.

Timoleón a regretté que je n'y sois pas allé quelques mois auparavant quand il m'avait invité à lui rendre visite pour me donner la nouvelle de la mort du commandant Manuel Marulanda, le guérilléro légendaire avec qui j'ai eu une très grande amitié, avec plusieurs rencontres en plein milieu de la guerre, et aussi dans la zone de distension du Caguán. Je n'avais pas pu aller au rendez-vous avec Timoleón parce que j'avais une grosse grippe et comme je ne savais pas l'objet du RV, j'avais pensé que reporter la rencontre était possible. Evidemment, ça ne pouvait pas attendre et ils ont fait passé l'information, qui a été donnée par Timoleón, à la demande du Secrétariat des FARC.

J'ai vu Manuel Marulanda pour la dernière fois, un an avant sa mort, pendant le gouvernement de Uribe Vélez, relativement près de Neiva, dans le Guayabero, malgré la militarisation et les plans de la "sécurité démocratique" qui lui faisait la chasse à l'homme, c'était en 2007. Il y a peu, j'ai fait une chronique dans VOZ sur le voyage et cette rencontre.

Après la mort d'Alfonso Cano et une fois que Timoleón Jiménez a été désigné comme le nouveau commandant, je suis retourné le voir. Il m'a expliqué qu'au cours de notre dernière entrevue, il ne m'avait pas parlé des contacts avec Santos et il ne m'avait pas répondu malgré mes questions insistantes à travers des messages, parce que le Secrétariat avec accordé que seul Alfonso Cano pouvait parler sur ce thème : "Je n'aime pas dire des mensonges, c'est pour ça que j'ai préféré me taire. Mais maintenant, je suis le commandant et je peux en parler. Asseyez-vous et lisez ces documents". Il m'a passé les rapports d'Alfonso Cano au Secrétariat, les messages d'Henry Acosta et le résumé des messages du président Santos, "dont celui où il a expliqué la mort de Cano comme un impondérable de la guerre". Je les ai lus avec attention et j'ai gardé le secret sur ces véritables scoops journalistiques.

Timoleón m'a dit que lui aurait du être le chef de la délégation pour les dialogues de La Havane et qu'il avait dû rester avec ses valises prêtes parce que, en tant que commandant en chef, il devait rester sur le terrain. La décision était de continuer, en hommage à la mémoire d'Alfonso Cano.

Voz : Nous n'avons pas voulu interrompre un récit si intéressant mais... Comment voyez-vous Timoleón Jiménez comme commandant des FARC-EP? A votre avis, il a passé l'examen ?

Carlos Lozano : Il l'a passé ! Et avec les félicitations du jury ! Timoleón a joué un rôle important, dès le début, je l'ai vu très attaché à son rôle et avec le contrôle de la situation. Il a su préserver la cohésion de toujours du Secrétariat, de l'Etat-Major Central, des blocs, des fronts et de la base des guérilléros. La discipline des Farc ne s'est pas dissoute. Timoleón a fait face à la situation, je l'ai vu une ou deux fois de plus avec qu'il ne s'installe à La Havane et il était au courant de tout, il connaissait le détail de tout ce qui se passait à la Table des Conversations, il orientait chaque pas. L'effort a été collectif, la délégation de La Havane a fait un travail sérieux et responsable et dans le pays, l'ensemble des FARC a soutenu et a compris l'effort pour aller de l'avant vers l'accord final.

Voz : Certains disent que "les FARC-EP sont arrivés vaincus à la négociation et qu'ils ne leur restaient plus qu'à se livrer"...

Carlos Lozano : Le résultat dément clairement le contraire. Les FARC ne sont pas arrivés vaincus et ils l'ont fait savoir au Gouvernement qui croyait qu'il en était ainsi et qui voulait imposer la démobilisation et la remise des armes. Ni l'un ni l'autre n'ont eu lieu. C'est une paix digne pour les deux parties qui a été pactée. Comme l'a dit Timoleón, il n'y a pas eu ni vainqueurs, ni vaincus.

Voz : Vous êtes satisfait de l'Accord Final ?

Carlos Lozano : Oui, Evidemment. C'est une paix digne pour les deux parties et pour la société. Les FARC ont fait leur devoir envers le pays, la gauche, le peuple colombien. L'Accord Final est un document doctrinal qui ouvre le chemin du renforcement de la démocratie et de meilleures conditions sociales de vie dans les campagnes et dans les villes. Mais ce n'est pas seulement cela, l'accord permet de projeter la lutte populaire, il appelle à l'unité vers une Constituante pour adopter des transformations qui changent le modèle économique et produisent des réformes sociales de fonds.

Voz : Mais certains ne le voient pas ainsi...

Carlos Lozano : Ceux qui ne le voient pas comme ça, ce sont ceux d'extrême droite qui cherchent à ce que persiste le vieux pays de la violence, de l'injustice et de la caricature de démocratie ; et aussi certains personnages de la gauche, anti-communistes, sectaires, qui se croient les possesseurs de la vérité révélée et qui minorent l'importance du fait le plus important de ces derniers jours dans le pays et dans le monde, avec l'argument fallacieux que "les Farc sont une vache morte en travers du chemin de la gauche". Ils se croient le nombril de la gauche et pensent que toute la lutte politique et sociale, que toute l'unité de la gauche, tourne autour d'eux. C'est du retard politique, de la toute puissance qui ne contribue pas à ce que la gauche dans son ensemble joue son rôle, en incluant les organisations qui surgiront suite aux accords de paix, et notamment l'ELN.

Voz : Et en parlant de l'ELN, vous aviez envoyé une lettre publique à Gabino. Y-a-t'il une réponse ?

Carlos Lozano : Je suis certain qu'il y en aura une car je connais l'esprit de responsabilité du camarade Nicolás et des membres du COCE. Je crois que les problèmes qui se posent et qui sont liés à l'intimidation et l'agression des militants communistes en Arauca peuvent être dépassés. L'ELN peut compter sur notre solidarité pour les dialogues à établir avec le Gouvernement et qui doivent avancer sans pressions ni conditionnements gouvernementaux. La paix est intégrale et l'ELN est une réalité politique et militaire en Colombie, qui compte pour la paix stable et durable.

Voz : Vous êtes sûr que le Gouvernement colombien respectera les accords ?

Carlos Lozano : On n'a pas confiance dans la classe dominante colombienne. L'oligarchie a toujours été mesquine et elle a une peur panique des changements démocratiques qui peuvent l'amener à perdre les privilèges et les instruments qui lui permettent de maintenir leur pouvoir politique et économique. Pourtant, je crois que cela ne sera pas facile pour eux de ne pas respecter ce qui a été pacté, ni pour ce gouvernement, ni pour un autre gouvernement de la bourgeoisie. Les yeux du monde sont posés sur la Colombie, l'ONU et des pays très respectables sont garants du respect des accords et il y aura une vigilance très stricte pour qu'il en soit ainsi. Les organisations colombiennes doivent faire leur propre suivi et contrôle pour que soient respectés les accords dont bénéficieront tout le pays. Mais il y a d'autres craintes...

Voz : Lesquelles ?

Carlos Lozano : Il y a des secteurs de l'establishment pleins de haine, de rancœur et avec une soif de vengeance contre la guérilla. De là à la guerre sale, à l'extermination physique, il n'y a qu'un pas. L'oligarchie colombienne a été violente, elle n'a pas hésité à encourager et/ou justifier le génocide de l'Union Patriotique et du Parti Communiste Colombien. Elle a une vision unilatérale des accords et ils croient que l'obligation de les respecter ne concerne que la guérrilla. Et je ne me réfère pas aux victimes qui, en majorité, se sont montrées généreuses. Ce sont des personnes qui veulent conserver leurs privilèges et leurs affaires, dont certaines sont illégales. Ils veulent voir les guérilléros en prison ou liquidés. La violence que eux ont exercé a été "bonne" et donc, ils se considèrent comme exonérés de la juridiction de paix, n'ayant pas de compte à rendre sur la promotion du paramilitarisme, des massacres, du génocide de l'Union Patriotique, des faux positifs et d'autres crimes. Ce sont des barrières à la réconciliation, à la possibilité que les accords de paix soient un point final de la confrontation.

Source : “La paz es digna para las dos partes y para el país”
Traduction : CM

mercredi 21 septembre 2016

Colombie : L'accord Final de Paix, Opportunité de construire la Paix

L'accord Final de Paix, 
Opportunité de construire la Paix
Bureau du Haut-Commissariat pour la Paix
Source : El Acuerdo Final de Paz, la oportunidad de construir paz

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L'objectif du Processus de Paix : Terminer le conflit

PHASE 1 (exploratoire)
Février - Août 2012
Au cours de cette phase secrète, un échange de vues sur la cessation du conflit a eu lieu et les conditions pour réaliser les conversations ont été établies. Le document "Accord Général pour la cessation du conflit et la construction d'une paix stable et durable" a été signé.
Cette feuille de route indiquait quel serait l'objectif du processus, ses conditions et les règles du jeu.
Elle comporte un agenda concret autour de 5 points spécifiques et un point de mise en oeuvre, vérification et ratification.
Cette phase a pris fin lors de la signature de l'Accord Général.

PHASE 2 (fin du conflit)
Octobre 2012 - Août 2016
La Table des Conversations a été installée à Oslo (Norvège) le 18 octobre 2012 et ensuite elle a poursuivi ses travaux à La Havane (Cuba). Les dialogues ont eu lieu de manière directe, avec La Norvège et Cuba comme pays garants, et le Chili et le Vénézuéla comme pays accompagnateurs.
La Société Civile a envoyé ses propositions à la Table des Conversations.
Les dialogues ont eu lieu avec les règles du jeu suivantes : Pas de territoires démilitarisés ni d'arrêt des opérations militaires ; Sessions de travail de la Table des Conversations en direct et à huis clos pour garantir la discrétion et le sérieux des travaux ; les conversations ont eu lieu sur le principe que "Rien n'est accordé jusqu'à ce que tout soit accordé".
Cette phase s'est terminée par un Accord Final qui met fin au conflit.

PHASE 3 (Construction de Paix)
Les 10 ans à venir
Alors que la guerre se termine, c'est la construction de paix qui commence.
La Paix se construira entre tous les colombiens après la signature de l'Accord Final.
Ce sera une paix territoriale à laquelle participeront tous les colombiens et toutes les communauté, qui impactera positivement les droits des victimes et qui devra assurer des garanties pour tous.

Toi, tu construis la paix!

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Les colombiens ont participé au processus
Il y a eu 66.098 apports* reçus jusqu'en juin 2016

A travers des forums :

Forum AGRICOLE
7.982 apports*. 
Réalisé à Bogotá, en décembre 2012

Forum sur la PARTICIPATION POLITIQUE
4.342 apports*.
Réalisé à Bogotá, en avril 2013

Forum sur les DROGUES
4.213 apports*.
Réalisé à Bogotá et à San José del Guaviare, en septembre 2013

Forum sur les VICTIMES
22.146 apports*
Réalisé à Villavicencio, Barrancabermeja, Barranquilla et Cali en juillet/août 2014

Forum sur la FIN DU CONFLIT, MISE EN OEUVRE, VERIFICATION ET RATIFICATION
4.460 apports*
Réalisé à Bogotá en Février 2016

*Le terme "apports" correspond à la catégorie utilisée pour la classification, la systématisation et l'analyse des propositions par la Délégation du Gouvernement National, tenant compte du fait que chaque proposition envoyée peut comporter plus d'un apport.

Qui a participé ?
Des victimes, des chefs d'entreprise, des indigènes, des afro-descendants, des femmes, des personnes LGTBI, des universitaires, des paysans, des experts internationaux



60 victimes 
du CONFLIT ARME

sont venues à La Havane pour exposer aux deux délégations de la Table des Conversations leurs témoignages, leurs propositions et leurs attentes concernant le processus de paix et la mise en oeuvre des accords.
Les victimes qui sont venues à La Havane se sont appliquées à souligner la nécessité de mettre fin au conflit armé.


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L'Accord Final pour la Cessation du Conflit
se compose de plusieurs accords


La Réforme Rurale Intégrale
Vers une nouvelle ruralité colombienne

Cet accord pose les bases pour la transformation des campagnes, en dissipant les effets du conflit et les conditions qui ont facilité la persistance de la violence dans le pays, et en créant les conditions du bien-être et du bien-vivre de la population rurale.
Il recherche l'éradication de la pauvreté rurale extrême et la diminution de 50% de la pauvreté à la campagne dans un délai de 10 ans, la promotion de l'égalité, la fin du fossé entre la ville et la campagne, la réactivation des campagnes et, particulièrement, le développement d'une agriculture paysanne, familiale et communautaire.

Cet accord cherche à ce que les habitants des campagnes :
1. Aient des terres
2. Aient de quoi produire et vivre
3. Participent à la planification de leurs régions
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La Participation Politique
Ouverture démocratique pour construire la Paix


Cet accord cherche à élargir et qualifier la démocratie comme condition pour atteindre des bases solides permettant d'établir la paix. 
Il recherche un élargissement de la démocratie, comme chemin pour traiter les conflits de manière pacifique et la rupture définitive du lien entre la politique et les armes, et pour ouvrir la porte à une culture de réconciliation, du vivre ensemble, de la tolérance et de la non-stigmatisation en Colombie.


Cet accord cherche à ce que :
1. Il y ait des voix plus diverses en politique
2. Plus de citoyens participent aux affaires publiques
3. Ne soient jamais plus mélangées les armes et la politique
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La Fin du Conflit


Cet accord établit les termes par lesquels il sera mis fin aux confrontations avec les FARC à travers un cessez-le-feu bilatéral et définitif, ainsi qu'un chronogramme précis pour l'abandon de toutes leurs armes en 180 jours et le début de leur réincorporation à la vie civile.
Les Nations Unies, à travers un processus technique assuré par sa traçabilité et sa vérification, recevra la totalité des armes des FARC et garantira au peuple colombien leur remise complète et irréversible.

Cet accord cherche à ce que :
1. Les FARC laissent leurs armes
2. Les FARC se réincorporent à la vie civile
3. Il y ait des garanties de sécurité pour tous.
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La Solution au problème des Drogues Illicites

Trouver une solution définitive au problème des drogues illicites est nécessaire pour construire une paix stable et durable, c'est pourquoi cet accord propose une nouvelle vision qui prend en compte les causes et les conséquences du phénomène.
Il donne un traitement spécial aux maillons les plus faibles de la chaine du narcotrafic, en promotionnant la substitution volontaire des cultures d'usage illicite et la transformation des territoires affectés, et en donnant la priorité qu'elle requiert à une consommation dans le cadre de la santé publique. Parallèlement, on intensifiera la lutte contre les organisations criminelles qui contrôle ce négoce.
Cet accord cherche à ce que :
1. Les cultivateurs se tournent vers une activité légale
2. Les consommateurs soient traités et réhabilités
3. Toute la chaîne du narcotrafic soit combattue
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Les Victimes


 A travers les cinq mécanismes et mesures qui intègrent le Système Intégral de Vérité, Justice, Réparation et Non-Répétition, cet accord cherche à atteindre la satisfaction des droits des victimes, à assurer que des comptes soient rendus sur ce qui s'est passé, à garantir la sécurité juridique de ceux qui participent à ce système, et à contribuer à affirmer le vivre ensemble, la réconciliation et la non-répétition, comme éléments essentiels de la transition vers la paix.

Cet accord cherche :
1. La Vérité sur ce qui s'est passé
2. La Justice suite aux crimes du conflit
3. La Réparation pour les victimes
4. Les Garanties que les faits ne se répètent pas 


La Mise en oeuvre, Vérification et Ratification



Cet accord souligne que, avec la signature de l'Accord Final et sa ratification citoyenne, débute la mise en oeuvre de tous les points accordés.
Ainsi, il y aura un système robuste pour suivre et vérifier le respect de la mise en oeuvre, qui inclut un accompagnement international.


Cet accord cherche à ce que l'Accord Final :
1. Soit voté par les colombiens
2. Soit mis en oeuvre et qu'il y ait un suivi du processus
3. Ait un accompagnement international
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10 idées pour comprendre
le Processus de Paix

1. Terminer le conflit pour construire la Paix
L'accord a pour objectif de terminer le conflit armé et alors, de commencer une phase postérieure de construction de paix entre tous les colombiens

2. Les victimes sont au centre de ce processus
Les Accords ont pour objectif de promouvoir, protéger et garantir les droits de tous les colombiens, en particulier les victimes. La cessation du conflit armé est la meilleure garantie pour qu'il n'y ait pas de nouvelles victimes.

3. Les conversations résolvent des thèmes concrets, elles ne donnent pas de solutions à tous les problèmes du pays
Pour terminer le conflit, on s'est accordé pour discuter des cinq points substantiels et d'un point sur les garanties. Si de véritables transformations sont atteintes à travers ces points, les conditions qui ont permis la prolongation du conflit armé pourront être dépassées.

4. Fin du conflit pour qu'il n'y ait pas de nouvelles victimes
La satisfaction des droits des victimes, comme la mise en oeuvre de tous les points de l'Accord Final et la consolidation de l'Etat social de Droit dans tout le territoire national, sont la meilleure garantie de non-répétition.

5. Le contenu de l'Accord Final est public
Les avancées sur chaque thème de l'Accord ont été rendues publiques par la Table de Conversations à mesure que chaque point était conclu. De même, le Bureau du Haut Commissariat de Paix a élaboré différentes publications pour en faciliter la compréhension.

6. Les citoyens ont participé à tout le processus
Depuis le début des dialogues jusqu'en juin 2016, les colombiens ont envoyé 66.000 apports aux délégations à La Havane. De plus, pour garantir la transparence et la légitimité des accords, les colombiens auront le dernier mot à l'heure de les ratifier. C'est ce qui avait été accordé dans l'Accord Général et cela a été réaffirmé par la Table des Conversations et par le Président de la République.

7. C'est un processus de justice
Le Gouvernement National et les FARC ont accordé dans les 10 principes sur les victimes qu'ils n'allaient pas s'échanger les impunités. C'est pourquoi un Système Intégral a été créé, qui interdit la concession d'amnisties pour les crimes internationaux et les violations graves des droits humains, et qui crée un Tribunal Spécial pour la Paix pour enquêter, juger et sanctionner, et assurer que des comptes soient rendus pour les crimes les plus graves et les plus représentatifs. Pour accéder et maintenir tout traitement pénal spécial de justice, il sera nécessaire de contribuer à la vérité, la réparation des victimes et la non-répétition.

8. Avec ce processus, les FARC laissent les armes et se réintègrent
La cessation du conflit inclut obligatoirement l'abandon des armes et la réincorporation à la vie civile, sociale et politique des FARC, condition nécessaire pour terminer le conflit et mettre en place tous les accords, mais cela n'est pas suffisant. Construire la paix implique d'éliminer la racine même des contextes qui ont permis la prolongation du conflit armé dans les territoires et d'en dissoudre les effets.

9. La paix passe par la participation de tous et toutes
Une fois le conflit terminé, la construction de la paix demandera une participation active des gens dans les territoires à travers des exercices de discussion sur la façon de mettre en oeuvre les accords. Ce processus passe par une reconnaissance des capacités existantes dans les territoires et la réflexion sur les transformations qui doivent avoir lieu avec l'objectif d'en finir avec le fossé entre la ville et la campagne, afin d'avoir une paix stable et durable.

10. La porte s'ouvre pour la coexistence pacifique et la réconciliation
La mise en oeuvre des accords demandera de nouveaux espaces de participation dans les territoires, pour que les différents secteurs de la société -dont les victimes, les autorités, les organisations sociales et aussi ceux qui ont participé au conflit- se rencontrent, discutent et construisent une vision commune sur la façon dont doit se construire la paix dans leur territoire. Ces espaces de délibération seront aussi des espaces de réconciliation.

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Soutien international 
au Processus de Paix

Le monde voit la fin du conflit armé en Colombie avec optimisme et une grande espérance. Plus de 40 chefs d'état et de Gouvernement du monde entier, ainsi que 12 prix Nobel de Paix et le plenum du système des Nations Unies, soutiennent le processus de paix de La Havane.



Barack Obama
Président des Etats-Unis
4 février 2016
"Alors que les Etats-Unis ont été le partenaire de la Colombie en temps de guerre, j'ai exprimé au Président Santos que nous serons son partenaire pour forger la paix. Je suis fier d'annoncer un nouveau cadre pour un prochain chapitre de notre société. Et nous l'appellerons "Paix Colombie".



Ban Ki-Moon
Secrétaire Général des Nations-Unies. 12 mars 2016
"Quand j'ai visité la Colombie en 2011, la paix paraissait encore une possibilité très lointaine. Aujourd'hui, et pendant ces trois ans, la Colombie a démontré au monde son engagement pour la paix. Que deux parties en conflit armé pendant plus de cinq décennies aient décidé de s'asseoir pour résoudre leurs différends à travers le dialogue est un exemple pour nombre de conflits auxquels nous faisons face dans le monde (...). C'est un privilège de pouvoir participer à cet événement historique, celui de la construction d'une paix stable et durable en Colombie."



Le Pape François
20 septembre 2015
"Que cette longue nuit de douleur et de violence puisse, avec la volonté de tous les colombiens, se transformer en un jour sans fin de concorde, de justice, de fraternité et d'amour dans le respect de l'institution, du droit national et international, pour que la paix soit durable. S'il vous plait, nous n'avons pas le droit de nous permettre un échec de plus dans ce chemin de paix et de réconciliation".



 
L'Archevêque Desmond Tutu
Leader de la transition démocratique en Afrique du Sud et Prix Nobel de la Paix. 23 septembre 2012
"La violence engendre la violence, et cette dernière à son tour, engendre plus de violence. Les sud-africains comme les colombiens ont payé un prix terrible, pas seulement physiquement, mais aussi dans leurs âmes et leurs coeurs blessés (...). Félicitations à la Colombie ! Que Dieu vous bénisse dans le chemin qui s'ouvre devant vous".


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Et maintenant, c'est de nous qu'il s'agit

Oui, la paix est possible
"Celui qui perd l'espérance, perd tout" (dicton populaire)
La construction de paix commence par nous convaincre que la paix est possible. C'est un moment décisif dans l'histoire de notre pays. Rien ne va changer si nous continuons à penser et si nous continuons à nous résigner à ce que les choses restent ainsi.

La Paix surgit depuis le territoire
"Ici, nous savons déjà comment se construit la paix" (Taita Andrés, indien Kamentsa du Putumayo)
Des milliers de personnes construisent depuis des années la paix dans les territoires : Ils seront les protagonistes de la transition et de la transformation des conditions de vie dans tout le pays. En éliminant le baillon de la guerre, ils pourront exprimer ce qu'ils veulent avec une plus grande liberté et sans la menace des armes.

Les Accords sont une grande opportunité
"Nous n'avons pas le droit de nous permettre un échec de plus dans ce chemin de paix et de réconciliation" (Pape François)
La grande question que se posent de nombreux colombiens est : Comment va changer ma vie avec les Accords de paix ? Ceux-ci ne résolvent pas tous les problèmes dans les territoires, mais ils sont l'opportunité pour traiter les conflits de manière pacifique et construire des solutions pour ça dans les communautés.

En finir avec le conflit apportera des bénéfices concrets
"Il n'y a aucun mal qui dure cent ans, ni aucun corps qui y résiste" (dicton populaire)
Le plus grand bénéfice est qu'il n'y aura plus de victimes à cause du conflit armé. Ne serait-ce que pendant la période de négociation -entre octobre 2012 et mai 2016-, environ 1500 morts ont été évitées selon le Cerac. A cela s'ajoutent les opportunités économiques, éducatives et professionnelles qui s'ouvriront dans un pays en paix.

C'est seulement entre tous que nous pouvons le faire
"Si tu veux aller vite, vas-y tout seul. Si tu veux aller loin, vas-y accompagné" (dicton populaire)
La construction de la paix dans les territoires demande un travail d'équipe entre tous : entre les autorités, les organisations sociales, les chefs d'entreprise, les universitaires, les communautés religieuses et les citoyens en général. C'est seulement avec ces alliances, avec des espaces de dialogue et de concertation, que nous pourrons construire un nouvel imaginaire social.

La confiance est le chemin du Vivre Ensemble et de la Réconciliation
"La mémoire du coeur élimine les mauvais souvenirs et magnifie les bons. Et grâce à cet artifice, nous réussissons à surpasser le passé" (Gabriel Garcia-Márquez)
Pour construire la paix dans les territoires, nous avons besoin d'un nouveau pacte de vie en commun qui nous aide à partager et à vivre ensemble, à réparer les relations entre voisins, à nous réconcilier avec ceux qui pensent autrement que nous et à défendre la vie comme valeur suprême.

Le grand défi, c'est une culture de paix
"Quelque chose doit changer dans notre manière de penser, de dire et de faire les choses"
Vivre en paix impliquera de nous engager pour un changement culturel. Si des comportements liés à des phrases comme "qui va à la chasse perd sa place", "qui vole un oeuf vole un boeuf", "l'amour maltraite souvent ceux qu'il a le plus favorisés" nous reflètent comme une société tendant à la violence, nous devons en trouver d'autres qui défendent les valeurs de la vie, de la chose publique et de l'existence en communauté.

Nous avons l'opportunité de mettre fin 
à un conflit de plus d'un demi siècle 
et de changer notre histoire !

"Nous avons besoin de rompre les cycles historiques de violence. C'est pourquoi l'idée de la garantie de non-répétition a été un concept central dans tout ce processus de paix et c'est la logique à l'oeuvre derrière chacun des points de l'Agenda de La Havane"
Sergio Jaramillo
Haut-Commissaire pour la Paix

Consulter l'accord final pour la cessation du conflit 
et la construction d'une paix stable et durable ICI (en espagnol)




La Réforme Rurale Intégrale

Vers une nouvelle ruralité colombienne 

Accès et Usage de la Terre

Cet accord pose les bases de la transformation des campagnes en annulant les effets du conflit et les conditions qui ont permis la persistance de la violence dans le pays et en créant les conditions de bien-être et de bien vivre pour la population rurale.

 Il recherche l'éradication de la pauvreté rurale extrême et la diminution de 50% de la pauvreté à la campagne dans un délai de 10 ans, la promotion de l'égalité, la fin du fossé entre la ville et la campagne, la réactivation des campagnes et, particulièrement, le développement d'une agriculture paysanne, familiale et communautaire.

1. Fonds des Terres
Un Fonds de terres à distribuer gratuitement pour les paysans sans terre ou avec avec insuffisamment de terre, donnant la priorité à la femme chef de famille monoparentale et à la population déplacée. Il y aura d'autres mécanismes d'accès, comme les subventions intégrales et les crédits spéciaux pour l'achat de terre.

2. Accès intégral
Il s'agit de garantir "l'accès intégral" : que la terre soit accompagnée d'un système d'irrigation, de crédit, d'assistance technique, de soutien à la commercialisation et autres nécessités des agriculteurs pour vivre de la terre.

3. Formalisation de la propriété
Un plan massif de formalisation de la petite et moyenne propriété, pour ceux qui ont des terres mais qui n'ont pas les écritures formelles qui les reconnaissent en tant que propriétaires.

4. Restitution des terres
Soutien au programme de restitution des terres qui cherche à restituer leurs terres aux victimes de pillage et de déplacement forcé, et à soutenir celles et ceux qui veulent y retourner.

5. Cadastre rural
Création d'un cadastre rural polyvalent qui permette de régulariser la propriété de la terre de manière transparente, d'augmenter la collecte de l'impôt foncier dans les communes et favoriser son usage cohérent, productif et durable.

6. Juridiction agricole
On mettra en route une nouvelle juridiction agricole pour résoudre rapidement les conflits d'usage et de possession de la terre, et pour assurer la protection des droits de propriété des paysans et de tous les habitants des campagnes. Nous empêchons ainsi le déplacement, nous résolvons les conflits et nous semons la paix.

7. Vocation
Pour approcher l'usage de la terre à sa vocation, le Gouvernement définira les lignes directrices générales d'usage du sol qui prendront en compte sa vocation et les visions territoriales construites avec les communautés, et il mettra en marche des programmes de reconversion.

8. Fermeture de la frontière agricole et protection environnementale
On délimitera la frontière agricole et on protégera les zones d'intérêt environnemental spécifique comme les hauts plateaux, les deltas, les zones humides et les sources d'eau pour lequel un plan de zonage environnemental sera élaboré.
De plus, on conciliera la préservation avec les alternatives économiques des communautés et de développement du pays, et différents plans qui contribuent à la préservation seront promus.

9. Zones de réserve paysanne
Le Gouvernement soutiendra les plans de développement des zones de réserve paysanne qui sont déjà créées ou qui se créent à l'initiative des communautés, en recherchant une plus grande présence de l'Etat dans ces territoires.


Les Plans nationaux de secteurs

Les Plans Nationaux pour doter les campagnes colombiennes de biens et de services publics cherchent à aider leurs habitants à dépasser la pauvreté et les inégalités, et à résorber les fossés qui existent entre la campagne et la ville. Particulièrement, on cherche à renforcer l'économie paysanne, familiale et solidaire, et à l'intégrer dans les marchés de tout le pays.

Infrastructure et mise en adéquation

1. Voies municipales
On cherche à réussir l'intégration régionale et à faciliter l'accès aux services sociaux et aux marchés des habitants des zones rurales.

2. Districts d'irrigation
On cherche à dynamiser la production agricole et l'économie paysanne, en garantissant l'accès démocratique et durable environnementalement à l'eau.

3. Electrification et connectivité
On cherche à élargir la couverture électrique et le réseau internet



Développement social

4. Santé
On cherche à renforcer la couverture et la qualité du réseau public de santé dans les zones rurales.

5. Education
On cherche à garantir la couverture, la qualité et la pertinence de l'éducation depuis la première enfance jusqu'à l'éducation supérieure et à éradiquer l'analphabétisme dans les zones rurales.

6. Logement et eau potable
On cherche à garantir l'accès à des aqueducs locaux et à améliorer les conditions de logement à la campagne.


Stimulations de la productivité

7. Economie solidaire et coopérative
On cherche à stimuler les formes associatives de travail qui rapprochent le producteur des consommateurs et des biens et services. De plus, un plan national de commercialisation des produits de l'économie paysanne sera créé.

8. Assistance technique, technologique et recherche en Economie paysanne

9. Capital financier
On cherche à faciliter l'accès aux crédits, au capital des semences et aux assurances sur les récoltes.



10. Sécurité sociale
On cherche à améliorer les conditions de travail des travailleurs ruraux et à garantir leur affiliation aux mécanismes de protection sociale

11. Sécurité alimentaire et nutritionnelle
On cherche à éradiquer la faim et à garantir une alimentation saine dans les campagnes colombiennes.


Les Programmes de Développement à Approche Territoriale (PDET)

Dans les régions les plus affectées par le conflit et la pauvreté, avec la présence d'économies illégales et une faiblesse institutionnelle, seront mis en routes les Programmes de Développement à Approche Territoriale (PDET) afin de mettre en oeuvre plus rapidement les ressources et la coordination des plans nationaux de secteurs.

Les communautés joueront un rôle central dans la formulation des plans d'action pour reconstruire et transformer ces régions : Elles aideront à définir les priorités, participeront à l'exécution des travaux et à leur entretien, et assureront le suivi et le contrôle de la bonne exécution des projets.

Source : Acuerdo Política de Desarollo Rural Integral


La Participation Politique

Une nouvelle ouverture démocratique pour construire la paix 

La construction et la consolidation de la paix requièrent un élargissement démocratique qui permettent le surgissement de nouvelles voix sur la scène politique pour enrichir le débat autour des grands problèmes au niveau national, le renforcement du pluralisme et la représentation des différentes visions et intérêts de la société, avec les garanties nécessaires pour la participation et l'inclusion politique.

1. Accès au système politique
Il s'agit de faciliter le surgissement de nouveaux partis politiques et la transition vers la scène politique des organisations et des mouvements sociaux qui en ont la vocation, sans mettre en danger les avancées qui ont été faites dans la consolidation du système des partis.
Pour ce faire, l'obtention ou la conservation de la personnalité juridique sera déliée de l'obligation de dépasser le seuil pour les élections au Congrès. De plus, on créera un système d'acquisition progressive de droits pour les partis et les mouvements politiques selon leur résultat électoral aux niveaux municipal, départemental et national.

2. Statut de l'Opposition
Les partis et les mouvements politiques seront convoqués dans une commission pour définir les orientations du Statut des garanties pour ceux qui se déclarent en opposition, promesse de la Constitution de 1991 qui n'a pas été adoptée jusqu'à aujourd'hui.

3. Transparence électorale
Des mécanismes pour faciliter les dénonciations citoyennes dans les processus électoraux seront habilités, on créera un système pour en faire le suivi et des moyens électroniques seront mis en oeuvre pour les élections. De plus, on créera un tribunal national des garanties électorales et des tribunaux de secteurs dans les zones avec le plus grand risque de fraude.

4. Réforme du régime électoral
Une mission spéciale électorale sera créée, composée par des experts de haut niveau, pour élaborer des recommandations au Gouvernement National avec l'objectif d'assurer une plus grande autonomie et indépendance de l'organisation électorale, de moderniser et rendre plus transparent le système électoral.

5. Participation électorale
Pour la promouvoir, on fera une campagne nationale massive de délivrance de cartes d'identité dans les zones éloignées et dispersées. Des mécanismes pour faciliter l'accès aux lieux de vote de ces communautés seront adoptés.

6. Circonscriptions transitoires spéciales de Paix
Les habitants des zones les plus frappées par le conflit pourront élire, temporairement, des représentants à la Chambre en plus de ceux qui existent, pour garantir une meilleure intégration de ces zones et une plus grande inclusion politique de leurs populations. Ne pourront postuler à ces sièges que des candidats issus des organisations sociales, de groupes significatifs de citoyens et des partis ou mouvements politiques sans représentation au Congrès.

7. Rôle de la Femme en Politique
Des mesures affirmatives seront adoptées pour renforcer la participation et le leadership de la femme dans les espaces publics.

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Participation Citoyenne

La construction de la paix requiert une plus grande participation des citoyens dans les affaires politiques, ainsi qu'une culture démocratique de tolérance dans le débat politique.

1. Conseils pour la Réconciliation et le Vivre Ensemble
On créera un Conseil National pour la Réconciliation et le Vivre Ensemble, et une série de conseils territoriaux qui auront la mission de contribuer à la construction d'une culture de paix et de tolérance dans tout le pays

2. Renforcement des Organisations Sociales
On cherche à renforcer les organisations et les mouvements sociaux pour que leurs voix soient plus entendues dans les affaires publiques. Pour ce faire, le Gouvernement national élaborera un projet de loi de garanties et de promotion de la participation citoyenne.

3. Garanties pour la mobilisation et la protestation
Des mesures seront prises pour garantir le droit à la mobilisation et à la protestation, pour garantir les droits des manifestants et des autres citoyens. De même, des espaces de dialogue seront créés pour donner un traitement démocratique à la mobilisation et à la protestation. Des mécanismes seront créés pour faire le suivi du respect des accords en la matière.

4. Contrôles et supervisions citoyennes
La participation et le contrôle des citoyens sont essentiels pour assurer la transparence de la gestion publique et le bon usage des ressources. Pour promouvoir cet exercice, des comités de veille citoyenne et des observatoires de la transparence seront créés ainsi qu'un système de vérification de la mise en oeuvre des accords.

5. Planification participative
Les bonnes pratiques de planification participatives seront promues pour assurer que les citoyens auront une incidence sur les décisions qui engagent leurs communautés. Cela inclut leur participation à l'élaboration, le suivi, l'exécution et l'évaluation de leurs plans de développement et des budgets qui les concernent.

6. Médias communautaires
Les moyens de communication communautaires, institutionnels et régionaux, seront renforcés en tant que mécanisme de promotion de la participation citoyenne dans les affaires publiques.

7. Garanties pour les leaders sociaux
Des garanties de sécurité pour les leaders des organisations, des mouvements sociaux et les défenseurs des droits humains en situation de risque seront développées de manière à renforcer la capacité à prévenir les délits perpétrés contre eux.

8. Sécurité de ceux qui font de la politique
Les plus grandes garanties possibles seront établies pour l'exercice de la politique et pour canaliser la résolution des différences par les canaux de la démocratie. Cela inclut le fait que ceux qui ont laissé les armes pour aller vers la politique aient toutes les garanties de ne pas être objets de violence.
C'est pourquoi sera créé un Système Intégral de Sécurité pour l'Exercice de la Politique, qui dépendra de la Présidence de la République. On renforcera également la capacité à prévenir et à désarticuler toute source possible de violence contre ceux qui font de la politique et on créera un système d'alertes d'urgence et des mécanismes de dialogue permanent avec les partis et mouvements politiques.


La rupture du lien entre Armes et Politique

La signature et la mise en oeuvre de l'Accord Final contribuera à l'approfondissement de la démocratie car il implique que personne n'utilisera jamais plus les armes ou la violence pour promouvoir une cause politique. On s'avancera ainsi sur une scène où règne la démocratie.

Source : Acuerdo Participación Política


La Fin du Conflit



La cessation définitive des hostilités, le cessez-le-feu bilatéral et définitif, ainsi que l'abandon des armes par les FARC seront certifiés par le Mécanisme de Surveillance et de Vérification, encadré par les Nations Unies et intégré également par le Gouvernement National et les FARC



Garanties de sécurité et Lutte contre les organisations criminelles

Il s'agit d'un ensemble de mesures pour créer et assurer la durabilité des conditions de sécurité pour tous les habitants dans le territoire national, en incluant tous les mouvements et partis politiques, dont le mouvement qui surgira avec le transfert des FARC à l'activité politique légale.

Mesures de protection
  • Système intégral de sécurité pour l'exercice de la politique. 
  • Corps spécial de protection de nature mixte au sein de l'Unité Nationale de protection des ex-combattants.
Mesures de justice
  • Unité de Recherche et de démantèlement du crime organisé qui menace la construction de la paix
  • Garanties pour l'administration de la justice
  • Politique de lutte contre les organisations criminelles
Mesures de sécurité
  • Corps d'élite de la Police
  • Programme intégral de sécurité et de protection pour les communautés
  • Instrument de prévention et contrôle des organisations criminelles
  • Mécanisme national de supervision des services de veille
Mesures politiques
  •  Pacte politique national
  • Commission Nationale des garanties de sécurité
  • Prévention et lutte contre la corruption

Orientations de principes

1. Respect, garantie, protection et promotion des droits humains
2. Assurer le monopole légitime de la force et de l'usage des armes à l'Etat sur tout le territoire
3. Renforcement de l'administration de la justice
4. Assurer le monopole de la levée de l'impôt à l'administration fiscale
5. Démarche territoriale et différentielle
6. Démarche de genre
7. Coordination et co-responsabilité institutionnelle
8. Participation citoyenne
9. Obligation de rendre des comptes
10. Garanties de non-répétition


Cessez-le-feu et dépôt des armes par les FARC

ZVTN = Zones Vicinales Transitoires de Normalisation
MM&V = Mécanisme de Supervision et de Vérification
CI-MM&V = Composant International du Mécanisme de Supervision et de Vérification
CFHBD Y DA = Cessez-le-Feu et des Hostilités Bilatéral et Définitif et Dépôt des Armes


               Jour J                  
=> Signature de l'Accord Final de Paix et Début du processus de Dépôt des Armes des FARC
              Jour J+1             
=> Réorganisation du dispositif des Forces Publiques
              Jour J+5             
=> Début du déplacement des FARC avec leur armement individuel vers les Zones Vicinales Transitoires de Normalisation 
              Jour J+7             
              Jour J+10           
              Jour J+30           
=> Transport des armes d'accompagnement, des armes des milices, des grenades et des munitions
du jour J+7 au jour J+60
=> Destruction de l'armement instable (bombes artisanales, cylindres, mines et autres)
              Jour J+90           
=> Enregistrement, identification, recueil et stockage des premiers 30% des armes
              Jour J+120         
=> Recueil et stockage dans des containers des 30% suivants des armes pour arriver à 60% du total.
              Jour J+150         
=> Recueil et stockage dans des containers des 40% restants des armes. Donc, 100% 
              Jour J+180         
=> Finalisation des Zones Vicinales et de l'extraction de la totalité de l'armement par les Nations Unies.
=> Construction de TROIS MONUMENTS

Zone vicinale transitoire de normalisation

Leur objectif est de garantir le Cessez-le-Feu et le Dépôt de toutes les armes et de commencer à préparer la réincorporation des FARC à la vie civile ainsi que leur passage vers la légalité. 

Une Zone vicinale est composée de plusieurs campements
Un Point de campement est plus petit qu'une zone vicinale et ne comporte qu'un seul campement.
Il y aura 22 Zones vicinales et 6 points de campements, soit 0.1% des 30 mil veredas du pays.
  • Elles sont temporaires et transitoires, définies, délimitées et concertées entre le Gouvernement National et les FARC
  • Avec un extension raisonnable qui permet la supervision, la vérification et l'accès sans limite du Mécanisme, 24h sur 24 et 7 jours sur 7.
  • Toutes les règles établies dans les protocoles techniques pour le Cessez-le-feu et le dépôt des armes devront être respectées.
  • L'Etat Social de Droit y est pleinement garanti
  • Elles ne peuvent pas être utilisées pour des manifestations à caractère politique
  • Les autorités civiles non armées qui sont présentes dans ces zones, y demeureront et continueront à y exercer leurs fonctions
  • Suspension du port et de la détention d'armes pour la population civile
  • Le Gouvernement mettra en marche des mesures pour garantir le bien-être, la santé, la distribution de cartes d'identité et des activités de préparation à la réincorporation pendant ces 180 jours.
  • Formation professionnelle des membres des FARC sur des filières productives et remise à niveau éducative
Les campements :
  • Le nombre de campements dans chaque ZVTN est déterminé par les conditions du terrain et la quantité de combattants.
  • Il n'y a pas de population civile et ne pourra pas y entrer.
  • Les combattants des FARC sortiront des campements sans armes et en civil.
  • Ils seront supervisés et contrôlés par le CI-MM&V
  • Dans un des campements, il y a un point pour le stockage de l'armement (dans des containers), contrôlé exclusivement par le CI-MM&V
S'il se présente un fait ou une circonstance qui requiert sa présence, l'entrée de la Police Nationale ou d'une autre autorité armée se fait en coordination avec le MM&V

Zone de sécurité
  • D'une taille de 1 km sur le pourtour de la zone vicinale à partir de sa limite.
  • Mécanisme de contrôle et de vérification (Gouvernement, FARC et Composante internationale sans armes, avec un costume qui les identifie) 

Réincorporation politique

Un des principaux objectifs de la signature et de la mise en oeuvre de l'Accord final est d'engendrer les conditions pour que les FARC passent d'une organisation armée à un nouveau parti ou mouvement politique, après le dépôt total des armes.
Une fois que les armes auront été remises, dans le respect des termes légaux, sauf celui du dépassement d'un seuil minimum de votes exprimés, la personnalité juridique du nouveau parti ou mouvement politique sera reconnue entre la date de son enregistrement et le 19 juillet 2026. 
Il n'y aura pas de nomination directe sur des sièges (curules a dedo). L'accord garantit une représentation minimum de 5 Sénateurs et 5 Représentants à la Chambre pour le nouveau parti ou mouvement politique, à travers ses propres listes ou en coalition pendant deux périodes électorales. Ne seront nommés que ceux qui manqueraient pour compléter les 5 sièges dans chacune des chambres, et donc si la liste obtient 5 sièges ou plus, il n'y aura pas de nominations additionnelles.

Réincorporation socio-économique

Il s'agit d'engendrer les conditions à court et à long terme permettant aux combattants des FARC de construire des projets dans la vie civile. Cela inclut des mesures d'attention à chaque ex-combattant sur des thèmes comme la santé, l'accompagnement psycho-social et l'éducation, des aides économiques exceptionnelles et transitoires pour leur stabilisation économique une fois qu'ils auront laissé les armes et passé à la légalité, des soutiens à la construction d'initiatives individuelles et associatives.
Pour orienter ce processus de réincorporation, un Conseil National de la Réincorporation sera créé, instance conjointe intégrée par le Gouvernement National et les FARC, qui définira les activités à réaliser et fera le suivi du processus de réincorporation des ex-combattants.
Avant le Jour J+180 après la signature, aura lieu un processus d'accréditation par lequel le Gouvernement National, à travers un acte administratif formel et suite aux vérifications pertinentes, certifiera l'appartenance à l'organisation des membres des FARC, leur renoncement aux armes et leur accès aux mesures de réincorporation accordées dans l'Accord Final.