lundi 29 août 2016

Colombie un Rêve de Paix / Colombia un Sueño de Paz


Colombie un rêve de Paix

Pour que dans les champs
l’aboiement des chiens au petit matin
ne soit pas la ronde sinistre de la mort qui rode,
mais la poignée de main,
mais le sourire éclatant de l’ami qui arrive,
Et non la mâchoire obscure du fusil qui menace

Pour que soldats et guérilléros
ne soient plus l’un pour l’autre
le flair ténébreux de la mort alléchée par la vie tremblante.

Pour qu’explosent des bombes de pain et de jouets
et que courent nos enfants entre des poubelles de baisers.

Lancita… mon petit soldat…
Rappelle-toi que Jacinto, le fils de la vieille paysanne,
est parti pour la guérilla
rechercher des soleils levants et poursuivre des aurores.

Pour que ce ne soit pas mort qu'il revienne,
n’éteins pas sa lumière.
Car la vieille attend, accrochée à son chapelet
en priant les âmes pour que rien n'arrive.

Oh, copain… camarade…
Tu te souviens de Chuchito,
celui qui jouait aux billes
avec toi et les autres gamins du quartier ?

Aujourd’hui c’est un beau gars
plein d’espérances
Il est rentré dans l’armée en portant le drapeau symbole de la patrie.
Ne fais pas dérailler ses pas
Ne lui poses pas d’embuscades
Car tu auras toi-même à porter la nouvelle qui ira trancher l’âme
de cette pauvre mère voisine de ta maison.

Mais la faim aussi
bat des tambours de guerre et appelle aux armes :
Chaque fusil signifie (avec seulement son prix)
une année de nourriture par famille ou par maison,
à servir des déjeuners de haines et de balles.

Paix, on t’a habillée de noir
alors que tu es blanche, blanche ;
ou du bleu du naufrage
ou du rouge sinistre du sang versé.

Et tu n’es pas non plus verte
tempête de montagnes.

Que tous les partis aujourd’hui se couvrent le visage
et qu’ils te dénudent, toute,
comme une fiancée immaculée
pour te vêtir d'une robe blanche de nuage blanc.


Poème de Tirso Vélez, victime des paramilitaires AUC
Assassiné en 2003 à Cúcuta (Nord du Santander)
Trad°: CM


Colombia un Sueño de Paz

Para que en los campos
El ladrar de los perros
En cualquier madrugada
No sea el rondar siniestro  
De la muerte que vaga,  
Sea el apretón de manos,  
Sea la sonrisa cálida
del amigo que llega
y no fauce oscura
del fusil que amenaza.

Para que soldados y guerrilleros
no sean el uno para el otro
el tenebroso olfato 
de la muerte
husmeando la vida temblorosa
Para que exploten bombas
de pan y de juguetes
y corran nuestros niños 
entre escombros de besos.
Lancita… mi soldado...
recuerda que Jacinto,
el hijo de la vieja campesina,
se fue para la guerrilla
buscando amaneceres,
persiguiendo alboradas.
 
Que no regrese muerto,
no le apagues su lámpara.
Porque la vieja espera
pegada a su camándula
pidiéndole a las ánimas
que no le pase nada.
Compita… camarada...
¿ Recuerdas a Chuchito
el que jugaba metras
contigo y con los otros 
muchachos de la cuadra?
Hoy es un chico grande
repleto de esperanzas,
se fue para la recluta 
portando la bandera,
símbolo de la Patria.

No le trunques sus pasos
Tendiéndole emboscadas
porque tendrás tú mismo
que llevar la noticia 
que irá a partir el alma
de aquella pobre madre
vecina de tu casa.
Pero también el hambre
bate tambor de guerra
impulsando las armas.
Cada fusil le quita 
(por precio solamente)
un año de alimentos
por familia o por casa
sirviendo desayunos
de odios y de balas.

Paz, 
te han vestido de negro
Siendo tú blanca, blanca;
de azul de naufragio
de rojo siniestro
de sangre derramada. 
 
Tampoco eres el verde 
vendaval de las montañas.
Que todos los partidos 
hoy se tapen la cara
y te desnuden toda 
cual novia inmaculada
para ponerte un traje 
blanco de nube blanca

Poema de Tirso Vélez, víctima de los paramilitares AUC
Asesinado en 2003 en Cúcuta (Norte de Santander)




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