dimanche 3 juillet 2016

Tour de France. Ce n'est pas tous les jours que volent les condors

Le tour de France est parti hier.
Voici la traduction de deux textes de Jaime Cedano,
exilé colombien résident à Séville. 
El tour de Francia empezó ayer. 
Aquí va la traducción de dos textos de Jaime Cedano
exiliado colombiano residente en Sevilla.


Tous les regards sont tournés vers Nairo
Publié le 3 juillet 2016

Le tour de France a commencé et la Colombie entière tient son coeur en haleine comme aux époques glorieuses du Tour de Colombie, quand nous nous rassemblions autour des radios et transistors pour écouter les exploits de Cochise Rodríguez, du "petit nez" Javier Suarez, de “la sorcière” Carlos Montoya, d'Efraín Forero, Alvaro  Pachón et tants d'autres héros. Comme notre "poison" Rojas de Honda qui, dans les tous premiers kilomètres des premières étapes, partait en coup de vent avec l'âme du diable, était en tête de la course pendant quelques minutes puis s'endormait péniblement en queue de peloton suite à l'effort surhumain accompli, mais satisfait. Plus tard viendraient d'autres héros et les "scarabées" se firent connaitre sur les cimes européennes.

L'année dernière, nous avions écrit une brève en voyant le courage de Nairo Quintana dans les cimes des Alpes et celui de nombreuses colombiennes et colombiens qui ont innondé les routes avec notre drapeau, leurs cris, leurs encouragements et leurs déchirements. Nous ferons passer l'ardent été de Séville assis devant le téléviseur en attendant les exploits de Nairo et nous aurons la poitrine remplie d'émotion chaque fois que nous verrons un drapeau au détour du chemin. Je ne sais si c'est du "patrioterisme" bêta ou pas. Mais l'émotion est grande. Et nous espérons qu'elle va se répéter. Je reprends dans mon blog ce qui fut écrit l'année dernière. Rien d'extraordinaire.

Ce n'est pas tous les jours que volent les condors
Publié le 25 juillet 2015

Peut-être sera-t-il compliqué de comprendre la passion débordante de l'âme colombienne face à la danse du petit cheval d'acier. Sans doute, cette explosion de sentiments paraîtra très folklorique, quand nos petits héros cuivrés et taiseux se lancent à la conquête des cimes européennes comme si nous plantions le drapeau tricolore national sur les hauteurs de l'Olympe et de la gloire éternelle. Il serait très long de raconter que plusieurs générations de colombiens ont commencé à apprendre la géographie nationale en écoutant les retransmissions du Tour de Colombie à la radio. La caravane multicolore qui défiait les hauteurs des cordillères se transforma en effort collectif pour essayer d'oublier les frayeurs de la violence des partis. Les multiples couleurs des maillots étaient un arc-en-ciel qui serpentait dans les cordillères, joyeux et taquin, en nous donnant à penser que d'autres couleurs étaient possibles et qu'il n'y avait pas que le rouge du drapeau libéral et le bleu des conservateurs. Le Tour de Colombie pourrait être comparé à cette épopée de la colonisation de la région d'Antioquia, il y a de cela un siècle, quand à dos de mules, à coups de haches et de machettes, on traversa les cordillères inexplorées. Nos cyclistes étaient les nouveaux explorateurs dans ces étapes interminables à travers des routes endiablées, des abimes infernaux et des cimes orageuses. C'est là, peut-être, que nous avons appris que sortir de la violence, de la pauvreté et de l'oubli nous coûterait du sang, de la douleur et des larmes. Les succès d'hommes comme Nairo, Cochise Rodríguez, Fabio Parra, Lucho Herrera, el "petit nez" Suarez ou Ramón Hoyos Vallejo ont été une joie collective désirée pour occulter pendant quelques heures les nouvelles quotidiennes des morts et des violences insensées et interminables. Aujourd'hui, nous aurons l'âme crispée comme un poing levé en attendant l'attaque de Nairo dans les hauteurs épiques des Alpes, avec la même passion que nous espérons sortir définitivement de la violence et conquérir les sommets utopiques de la paix.

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