mercredi 6 juillet 2016

L'Amazonie perdue

 
L'Amazonie perdue
Voyage photographique du légendaire botaniste Richard Evans Schultes  
Exposition de 39 photographies 
à la Bibliothèque Luis Angel Arango de Bogotá 
du 11 mars au 5 mai 2009

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Schultes est né en 1915 et a visité la Colombie pour la première fois en 1939. Au début, son intérêt pour l'Amazonie était focalisé sur les plantes médicinales mais en 1941, il orienta sa recherche sur le caoutchouc, plante emblématique de l'exploitation des ressources naturelles de cet écosystème, qui avait une valeur stratégique fondamentale pendant la deuxième guerre mondiale puisque la majorité de ses zones productrices au niveau mondial se trouvait sous contrôle japonais.

Schultes n'a pas été "avalé par la selva tropicale" mais il est resté définitivement attrapé par la richesse naturelle et l'abondance des possibilités de recherche offertes par une région encore peu explorée à l'époque.  Il a vécu pendant une douzaine d'années dans l'Amazonie colombienne et est devenu l'un des grands experts mondiaux sur toutes les thématiques en lien avec l'Ethnobotanique dans cette zone. Ses recherches ont été reconnues par ses pairs et par des gouvernements du monde entier. Il a reçu des prix et des distinctions comme la Croix de Boyacá, la Médaille d'Or du World Wildlife Fund, le prestigieux prix Tyler pour les réalisations environnementales et, en 1992, la Médaille d'Or Linéenne de Grande Bretagne, qui est la haute distinction que peut recevoir un botaniste.

A partir de 1951 et jusqu'à sa mort en 2001, Schultes est revenu de nombreuses fois en Colombie et pendant ses séjours, il a réuni plus de 30.000 spécimens de plantes. Associé pendant presque toute sa vie académique à l'Université de Harvard, on trouve parmi ses travaux les plus importants, des recherches sur les applications médicinales du curare, ce poison traditionnel des armes de plusieurs tribus amazoniennes. Pour documenter ses études, il commença à prendre méthodiquement une énorme quantité de photographies de plantes et d'animaux, qu'il classifia et archiva très méticuleusement.

Pendant son premier long séjour, et à chacune de ses venues, Schultes a vécu avec les indiens dans un bon nombre de tribus. C'est peut-être pour cette raison que ses photographies sont particulièrement intéressantes et chaleureuses. Il ne s'agit pas du souvenir de quelqu'un de passage, mais du registre de moments significatifs pris par quelqu'un qui les comprend, quelqu'un qui sait qu'ils ont une existence fragile et qu'ils méritent de ne pas être oubliés.

D'une certaine manière, les photographie de Schultes peuvent être considérées comme la prolongation d'une tradition où figurent les dessins de l'Expédition Botanique et les aquarelles de la Commission Corographique.  Pour nous colombiens, il est émouvant de constater que, de manière répétée, la richesse naturelle de notre pays et l'attitude de ses gens amènent les scientifiques à aller au delà de leurs rigoureuses recherches spécialisées et réveillent en eux des intérêts d'ordre esthétique qui, plus ou moins éloignés dans le temps, enrichissent et humanisent leur héritage.

Il est particulièrement approprié que cette exposition si pleine de sens ait été présentée non seulement à Bogotá, mais aussi dans l'espace culturel du Banco de la República à Leticia (Région de Amazonas), en hommage à la région qui a hébergé et passionné son auteur. Chaque jour donne de nouveaux arguments pour que l'humanité comprenne que le respect de l'Amazonie est absolument vital pour la survie de notre espèce. Les photographies de Schultes sont un motif de plus, elles nous invitent, nous, les colombiens, à réfléchir sur la grande richesse que nous devons administrer au nom de tous.

Source : La Amazonia perdida

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