lundi 19 juin 2023

Quand Macron parle de climat et de pauvreté, c'est de gros sous qu'il s'agit !


Source EL TIEMPO

Un nouveau paradigme financier capable de mieux protéger les pays du Sud contre le réchauffement climatique et l'endettement est à l'ordre du jour d'un sommet international qui se tiendra à la Bourse de Paris, le Palais Brogniart, ce jeudi et vendredi 22 et 23 juin 2023, avec des chefs d'état, des directeurs d'institutions et des experts du climat.

L'hôte, la France, présente le "Sommet pour un nouveau pacte financier mondial" comme un laboratoire d'idées, capable de recueillir des appuis et de dessiner une "feuille de route" pour d'autres événements internationaux à court et moyen terme.

Sur la table, des idées telles qu'une taxe sur le commerce maritime, l'augmentation de la capacité de prêt du Fonds monétaire international (FMI) et des banques régionales de développement, l'allégement de la dette des pays les plus vulnérables et une meilleure mobilisation du secteur privé.

L'objectif présenté par le président français : créer de la force financière pour lutter contre trois crises interconnectées, comme la lutte contre la pauvreté, la décarbonation de l'économie et la protection de la biodiversité.

Lors de la réunion, précédée mercredi par la réunion annuelle du Club de Paris, plus de 80 pays seront représentés -la Russie n'en fait pas partie car elle n'était pas invitée-, et plus de 40 chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus. Le président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, son homologue colombien, Gustavo Petro, et le Cubain, Miguel Díaz-Canel, participeront au sommet, selon l'organisation.

Le Premier ministre chinois Li Qiang, la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et la vice-présidente du gouvernement espagnol Nadia Calviño sont également attendus.

La réunion se déroulera dans un contexte de méfiance des pays du Sud, qui se plaignent que les nations du Nord disent qu'elles n'ont pas d'argent pour aider à lutter contre le changement climatique et la pauvreté, mais qu'elles ont de l'argent pour soutenir l'Ukraine ou renflouer les banques américaines.

"C'est très bien de parler de l'architecture financière internationale, mais nous avons besoin de délais, et pour le moment nous ne les voyons pas", a déclaré Sara Jane Ahmed, conseillère financière du V20, un groupe de 58 pays vulnérables, qui comprend onze nations d'Amérique Latine et des Caraïbes dont la Colombie, le Costa Rica et le Honduras. "Si on commence à faire tout ça dans les années 2030, ce sera beaucoup plus cher et les solutions seront beaucoup plus difficiles", a-t-elle prévenu. 

Les besoins sont immenses. Un groupe d'experts indépendants créé à l'initiative de l'ONU a estimé que d'ici 2025 les pays en développement, hors Chine, devraient investir plus de mille milliards de dollars par an pour répondre à la crise climatique.

Taxe sur le commerce maritime

La présidence française annonce vouloir donner un "élan politique" à l'idée d'une taxe internationale sur les émissions de carbone du commerce maritime, à quelques jours d'un grand rendez-vous de l'Organisation maritime internationale (OMI).

Selon les experts, cette taxe pourrait rapporter 20 000 millions de dollars par an. Les débats aborderont d'autres initiatives, comme l'idée de suspendre le paiement de la dette en cas de catastrophe naturelle, fortement défendue par la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley.

Sur la table, il y a également l'idée de la taxe internationale sur les transactions financières, qui a très peu de chances de se concrétiser.

La Banque interaméricaine de développement (BID), représentée par son président Ilan Goldfajn, et d'autres institutions régionales seront invitées à accroître leur capacité de prêt, alors que la Banque mondiale a annoncé qu'elle prêterait 50 milliards de dollars supplémentaires au cours de la prochaine décennie aux pays qui en ont besoin.

Le nouveau président de la Banque mondiale, Ajay Banga, sera à Paris, tout comme la directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva.

Parmi la "boîte à outils" des solutions possibles, il y a justement l'idée de recycler 100 000 millions de dollars de droits de tirage spéciaux, la monnaie de réserve du FMI.

Ambition et réalité

"Le mérite d'un événement de ce type est de mettre de nombreuses questions au centre des conversations internationales, et de les sortir de leur niche", a déclaré à l'AFP Louis-Nicolas Jandeaux, de l'ONG Oxfam. Cependant, Jandeaux a souligné "l'écart entre l'ambition initiale et la réalité".

Friederike Roder de Global Citizen, une organisation internationale de lutte contre l'extrême pauvreté, a déclaré qu'un signe encourageant lors de l'événement de Paris serait que les pays riches montrent qu'ils sont capables de tenir leurs promesses. Parmi elles, celle de contribuer avec 100 000 millions de dollars par an aux pays les plus vulnérables pour les aider à réduire leurs émissions et à s'adapter au changement climatique, un chiffre annoncé pour 2020 et qui pourrait être atteint cette année... avec trois ans de retard !




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