mercredi 8 février 2017

COLOMBIE : Contenir les assassinats politiques



par Luis Jairo Ramirez H.
in VOZ la Verdad del Pueblo

Il y a quelques jours, la presse a souligné que le dernier soldat blessé en combat, produit du conflit armé, sortait d’un hôpital militaire. Le ministre de la Défense Luis Carlos Villegas reconnaissait lui-même : « Depuis le début du cessez-le-feu bilatéral avec les FARC, nous avons eu zéro morts et zéro blessés ». Grâce au profond respect de l’accord bilatéral de baisse des hostilités, le conflit armé entre les FARC et l’Etat colombien est descendu à son niveau le plus bas depuis 52 ans en nombre de victimes, de combattants morts et blessés, et d’actions violentes. Dans le pays, de nombreuses voix qualifiées ont souligné le sérieux des FARC dans le respect des accords. Mais on ne peut pas dire la même chose de l’engagement du gouvernement à honorer ce qui a été accordé à la Havane. 

Depuis le début en avril 2012 du Mouvement social et politique « Marche Patriotique », cent vingt-quatre (124) membres de cette organisation ont été assassinés, dans 19 départements du pays, au cours de crimes dont les auteurs sont des agents de l’Etat : policiers, militaires et paramilitaires. Deux personnes ont été disparues et trois ont été la cible d’attentats avec des armes à feu. Rien qu’en 2016, il y a eu 232 leaders menacés, 21 ont été victimes d’attentats et 70 ont été assassinés. 

Il faut rappeler qu’au début de la Marche Patriotique, le ministre de la défense de l’époque, Juan Carlos Pinzón, avait déclenché une chasse aux sorcières contre les dirigeants de la Marche, dont le sinistre résultat a été l’assassinat de 60 leaders régionaux, et qu’au lieu d’avoir à s’expliquer sur sa responsabilité au cours d’une enquête, cet obscur personnage a été gratifié en étant nommé ambassadeur aux Etats-Unis. 

L’actuel Procureur Néstor Humberto Martínez, comme le ministre de la Défense, Luis Carlos Villegas, ont cherché à dévier l’attention de ces crimes, en minimisant leur origine et en couvrant ouvertement le paramilitarisme quand ils ont affirmé que ce dernier n’existe plus. Souvenons-nous qu’au début avril de l’année dernière, les paramilitaires ont réalisés un blocus armé contre le processus de paix, à une date qui correspondait à des mobilisations réalisées par l’uribisme avec le même objectif, sans qu’aucune enquête n’ait été enclenchée à ce sujet. Il faut réagir par de la mobilisation pour que ces crimes ne restent pas à nouveau dans l’impunité. 

Plusieurs rapports d’organisations qualifiées ont révélé que nous sommes face à une réactivation du phénomène paramilitaire, qui a un contrôle militaire, politique et territorial sur au moins 407 municipalités du pays et sur 30 départements. Les paramilitaires maintiennent des liens étroits avec les brigades et les bataillons militaires et ils s’emparent, avec la complicité des autorités régionales, des zones qui étaient auparavant occupées par les FARC. 

Les agissements paramilitaires dans le territoire national sont la principale menace contre le processus de paix entre les FARC-EP et le gouvernement, et contre les dialogues avec les insurgés de l’ELN dont la phase publique commence ces jours-ci. Le Gouvernement et particulièrement, le Ministère de la Défense, ignorent cette réalité. 

On a insisté sur le fait que le processus de paix ne se consolidera que si les accords sont respectés et si le paramilitarisme d’Etat, comme l’avait appelé Mancuso lui-même, commence à être démantelé. Alors que nous sommes déjà face à un nouveau génocide, avec la Marche Patriotique qui compte 124 morts assassinés, le processus ne se consolidera que si les institutions elles-mêmes respectent le droit à la vie et si l’on commence à démocratiser la vie nationale, en désactivant les facteurs de violence comme l’Esmad, le nouveau Code de Police et le Statut de sécurité citoyenne. Car il n’y a pas que la conspiration militariste de l’uribisme, alliée au paramilitarisme, il y a aussi de la part du gouvernement Santos, un irrespect manifeste des accords de la Havane qui menacent le processus de paix. Il est temps de bander nos forces et que se mettent en marche les acteurs de paix pour défendre le processus.

Traduction : CM

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