La lutte de la société colombienne pour la paix doit continuer. Soyons conscients qu'elle va à contre-courant du plan de guerre impérialiste.
Editorial N.513 / Revista Insurrección
25 janvier 2016
Le 4 février prochain, à Washington, le président des Etats-Unis Barack Obama, le président de la Colombie Juan Manuel Santos et 2 anciens présidents colombiens Alvaro Uribe et Andrés Pastrana vont se réunir. L'objectif est de commémorer les 15 ans de mise en oeuvre du Plan Colombie et de poser les fondements de ce que pourrait être une "nouvelle formule" de ce plan, conformément à ce que l'on a coutume d'appeler le post-conflit.
Editorial N.513 / Revista Insurrección
25 janvier 2016
Le 4 février prochain, à Washington, le président des Etats-Unis Barack Obama, le président de la Colombie Juan Manuel Santos et 2 anciens présidents colombiens Alvaro Uribe et Andrés Pastrana vont se réunir. L'objectif est de commémorer les 15 ans de mise en oeuvre du Plan Colombie et de poser les fondements de ce que pourrait être une "nouvelle formule" de ce plan, conformément à ce que l'on a coutume d'appeler le post-conflit.
L'idée du Plan Colombie avait surgi à la fin du siècle précédent, dans la perspective d'accords et de réformes requis par le pays si le processus de dialogue avec les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie développé dans la Zone de Distension de San Vicente del Caguán à partir du 7 janvier 1999 avait réussi.
Mais le Plan changea substantiellement d'orientation suite à l'échec de l'expérience du Caguán. Et ce fut le Général étatsunien Barry McCaffrey, tsar antidrogues, qui lui donna son nouveau sens : L'implication de la guérilla colombienne dans le commerce des drogues illicites amena à considérer que, pour dépasser la violence qui affectait la nation sud américaine et la région, il était nécessaire de combattre la "narco-guérilla" pour atteindre la paix.
Le Plan se concrétisa le 20 octobre 1999 au Congrès nord américain, sous le nom de "Alianza Act", à l'initiative des sénateurs républicains Coverdell, Dewine et Glaseley. A ce moment-là, on envisagea une aide supplémentaire de 1.600 millions de dollars en trois ans pour la Colombie, dont 70% serait destinée à la lutte anti narcotiques, même si l'un des chapitres du Plan annonçait en anglais une "déclaration de mission" indiquant : "Mission Nationale : Assurer l'ordre, la stabilité et le respect de la loi ; garantir la souveraineté nationale sur le territoire ; protéger l'Etat et la population civile des menaces issues des groupes insurgés et des organisations criminelles. Rompre les liens entre ces groupes et l'industrie de la drogue qui les soutient".
Dès le 20 août 2006, The New York Times souligna l'échec du Plan Colombia car après 6 ans de mise en oeuvre et avec plus de 4.7 milliards de dollars investis, le problème continuait le même. Les cultivateurs s'adaptaient en réduisant l'extension des terres cultivées et se déplaçaient dans des zones retirées pour éviter d'être détectés. Et les patrons du trafic, en évitant d'attirer l'attention, engendraient des réseaux qui empêchaient leur localisation. Tout cela sans parler des dégradations sur l'environnement et la santé publique dues au Glifosate, produit chimique utilisé pour éradiquer les cultures et dont les effets néfastes ont été démontrés.
Le Plan Colombie, comme arme de guerre, a été et est contraire à l'idée d'un pays en paix. La présence nord américaine a accompli sa mission dans la formation et la direction de l'Armée colombienne. Les bases militaires avec une présence nord américaine établies dans tout le territoire national et reconnues dans les accords de coopération, les visites des haut-gradés en provenance des guerres d'Irak et d'Afghanistan, sont des preuves publiques de tout cela : Une machinerie guerrière qui menace le continent, au rythme de l'avancée du plan global de la guerre impérialiste.
Parce que c'est une monnaie à deux faces, il faut voir le Plan Colombie comme un échec, qui fait partie de la ruineuse "guerre anti drogues" lancée par le président Nixon en 1974. Il aura fallu 4 décennies pour que les EEUU reconnaissent qu'ils ont échoué dans la voie répressive contre les drogues. Mais il faut le voir également comme une arme contre insurrectionnelle : Le Plan Colombie est considéré par l'oligarchie comme quelque chose de bon pour ses intérêts car il a produit le repli des guérillas colombiennes.
Les planificateurs stratégiques de l'impérialisme nord américain ont ajusté ce Plan, l'adaptant au nouveau temps qui s'ouvre, après les accords en voie d'être scellés avec la guérilla. Ces ajustements envisagent un rôle actif des forces armées dans l'offensive réactionnaire en cours contre les gouvernements qui ont pris leur distance par rapport aux diktats des EEUU.
La lutte de la société colombienne pour la paix doit continuer. Soyons conscients qu'elle va à contre-courant du plan de guerre impérialiste. Ce dernier ne s'arrêtera pas avant d'avoir à nouveau monopolisé la plus grande réserve de pétrole du monde, à l'est de notre pays, dans la République Bolivarienne du Venezuela. Et donc, le scénario de pacification des luttes en Colombie que recherchent Obama et l'oligarchie, est compatible avec le scénario de guerre qu'ils attisent contre le peuple frère du Venezuela. Voilà la dure réalité impliquée par la version 2.0 du Plan Colombie. Contre elle, les luttes des peuples sud américains vont continuer car comme le dit l'adage : " Il n'y a que les combats que l'on ne mène pas qui sont perdus d'avance".
Source : A quince años del Plan Colombia
Traduction : C.Marchais
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