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mardi 16 août 2022

Colombie. Avancer vers la PAIX TOTALE



Source : CAMBIO

Entretien avec Ivan Cepeda Castro
Le sénateur parle de la rencontre avec l'ELN (Armée de Libération Nationale) à Cuba et du plan de paix totale qui inclut les dissidents des FARC et les trafiquants de drogue. 

Cambio : Comment s'est passée la rencontre à La Havane avec le gouvernement cubain et avec l'ELN ? 

Iván Cepeda : Je crois qu'après une période de quatre ans marquée par l'absence d'efforts et de tentatives de paix, cette visite à La Havane montre un modèle et un style totalement différents. En premier lieu, la reconnaissance du rôle que les pays garants ont joué dans ce processus et en particulier celui de Cuba, qui a une longue histoire de plus de quatre décennies de contributions à la paix en Colombie. Cette reconnaissance comprend non seulement la validation des protocoles qui ont servi de support juridique aux actions de Cuba et de la Norvège dans le processus de paix avec l'ELN, mais aussi la reconnaissance du droit international qui avait été ouvertement ignoré par le gouvernement précédent. Et deuxièmement, l'ouverture d'une possibilité certaine et réelle de relancer les pourparlers de paix avec la délégation désignée par l'ELN à cet effet, et l'ouverture de la possibilité que ces pourparlers puissent reprendre dans un bref délai. Bref, ce gouvernement a fait en 48h ce que l'ancien président Iván Duque n'a pas fait en 4 ans. 

Cambio :  Pourquoi insister sur Cuba alors que l'évocation de ce pays suscite des susceptibilités dans de vastes secteurs de la politique américaine ? Ne serait-il pas plus pratique d'aller avec la table de négociation en Norvège, par exemple, qui est un scénario qui suscite moins d'inquiétudes ? 

Iván Cepeda : Cette question, comme beaucoup d'autres liées à la relance des pourparlers, n'a pas été abordée bilatéralement. De ce point de vue, cela signifie qu'il existe de multiples options et propositions qui n'ont pas encore été examinées ensemble. Cependant, et je le dis à titre personnel, une considération qui justifierait de garder Cuba comme lieu des pourparlers est que l'expérience montre que les pourparlers qui ont eu lieu sous l'hospitalité du gouvernement cubain ont été couronnés de succès. Et cela est dû à différentes circonstances que je ne détaillerai pas. J'ajouterais que Cuba a été reconnue internationalement pour ces efforts. Je ne pense donc pas que la décision de poursuivre les dialogues sur son territoire puisse engendrer des conflits ou des préjugés.

Cambio : Et donc de quoi avez-vous parlé ? 

Iván Cepeda : Mon expérience en la matière me dit qu'il vaut toujours mieux s'en tenir aux déclarations officielles. Non pas dans ce cas par devoir de réserve, mais plutôt en raison de l'exactitude et de la minutie. Mais si la question concerne ce qui a été discuté avec la délégation de l'ELN, en somme, il s'agit concrètement de la volonté de relancer cette nouvelle étape du processus. 

Cambio : Relancer signifie-t-il que vous ne repartirez pas de zéro ? 

Iván Cepeda : Dans une récente interview au CM&, le chef de file de l'ELN l'a reconnu lorsqu'il a utilisé le verbe reprendre pour désigner l'action qui régulerait cette nouvelle étape des pourparlers. 

Cambio : A ce niveau, c'est une bonne nouvelle que l'on puisse repartir de ce qui a déjà été avancé. Dans cette même interview avec CM&, le haut dirigeant de l'ELN, Antonio García, souligne qu'ils ne sont pas disposés à négocier un accord dans lequel les trafiquants de drogue sont inclus. 

Iván Cepeda  : Oui, cette distinction est fondamentale et nous l'avons présentée à tous moments. La distinction entre groupes armés insurgés et organisations liées exclusivement aux économies illicites est non seulement maintenue mais constitue aussi un critère de définition du processus à développer en chaque circonstance. Avec l'Armée de Libération Nationale, le gouvernement du président Petro a proposé la reprise d'une table de négociation et de pourparlers de paix qui doivent aboutir à un accord politique. Avec des organisations telles que les AGC (Autodéfenses Gaïtanistes de Colombie) ou le Clan du Golfe, le gouvernement a proposé un dialogue visant un processus d'acceptation de la justice qui a une nature clairement différente de celle d'un accord politique.

Cambio : Laissez-moi vous dire quelque chose. Je crois que le mot "acceptation" est à l'origine de la confusion sur le sujet. Historiquement, il a été question de se soumettre à la justice et maintenant le ministre des Affaires étrangères Leyva a commencé à parler d'acceptation. Cela signifie-t-il que les groupes de trafiquants de drogue feront l'objet d'un traitement politique ? 

Iván Cepeda  : Pas du tout. Cela signifie que des dialogues ou des approches seront présentés qui conduisent au démantèlement ou à la désactivation de ces structures dans le cadre d'un instrument normatif qui permet d'obtenir des avantages judiciaires si une série d'exigences clairement déterminées sont remplies. Ces dialogues n'impliquent pas une négociation, mais de trouver le moyen de rendre cette procédure viable. Dans ces processus, en outre, l'État doit aborder la situation des territoires dans lesquels ces groupes ont exercé leur influence et leur présence. Donc ces mesures judiciaires seront accompagnées d'autres mesures qui répondent aux besoins spécifiques de ces populations dans le cadre, non pas d'une négociation, mais d'un devoir constitutionnel.

Cambio :  Plus précisément, quelle est la différence entre l'acceptation et la soumission ? 

Iván Cepeda  : L'acceptation implique le rapprochement et les dialogues que je viens d'évoquer. Pas la soumission 

Cambio : C'est-à-dire que la loi qui sera appliquée pour punir leurs crimes sera discutée avec les groupes de narcotrafiquants ? 

Iván Cepeda  : Non. 

Cambio : Et alors ? 

Iván Cepeda   : Les délais, les détails opérationnels et logistiques pour mener à bien cette tâche seront discutés comme cela a été fait à d'autres occasions. Ce n'est pas nouveau. Il y a déjà eu d'autres expériences dans le passé comme celle menée dans le gouvernement Uribe. 

Cambio : Est-ce à dire que vous appréciez ce qui a été fait dans le gouvernement Uribe avec les paramilitaires ? 

Iván Cepeda  : Toute expérience en matière de paix est utile, y compris celles qui ont eu lieu à cette époque. C'est en cela que consiste la politique de paix d'un État. En Colombie, nous devons abandonner au plus vite l'idée que la paix est une question idéologique ou partisane et non un problème national.

Cambio : Le problème est qu'il existe une autre expérience historique de négociation avec les trafiquants de drogue. Il s'agit de ce qui s'est passé pendant le gouvernement de César Gaviria avec les décrets de soumission à la justice du cartel de Medellín et particulièrement de Pablo Escobar. Ça s'est presque bien passé avec les Ochoa et mal avec Pablo Escobar. 

Iván Cepeda : Je dirais qu'il faut intégrer les expériences utiles et positives. 

Cambio : L'avant-projet de loi établit trois conditions pour que les organisations criminelles puissent demander des avantages : qu'il s'agisse d'une structure criminelle organisée; qu'elle ait un contrôle territorial et la capacité de mener des opérations soutenues contre la force publique. Ne pensez-vous pas qu'ils peuvent violemment rechercher l'accomplissement de ces conditions ? N'est-ce pas une incitation perverse? 

Iván Cepeda : Non, je ne le pense pas car, selon moi, ce qui a renforcé les réseaux de narcotrafiquants et leurs organisations, ce ne sont pas les formules de recours à la justice mais plutôt le modèle de guerre contre le narcotrafic et l'action uniquement policière et punitive. C'est le cycle dans lequel nous nous trouvons depuis des décennies, et qui a montré son échec retentissant.
 
Trad° : CM



lundi 15 août 2022

L'ordre énergique de Gustavo Petro aux commandants militaires


Source : Agence EFE

Le président colombien, Gustavo Petro, a énergiquement averti les commandants militaires et policiers du pays qui souhaiteraient conserver leur CV en bon état. Il leur a ordonné ce samedi d'empêcher que des massacres soient commis et que des dirigeants sociaux soient assassinés, car cela affectera leur état de service.

"La commission de massacres et leur impunité dans les juridictions des commandements militaires et policiers affecteront les CV des commandants", a déclaré Petro sur Twitter, un jour après le renouvellement de la direction militaire et policière.

Au lendemain d'un appel à disposer d'une force publique loin de la corruption et oeuvrant pour les droits de l'homme et la paix, le président a souligné que désormais "chaque commandement militaire ou policier doit veiller dans sa juridiction à neutraliser au mieux la commission de massacres et la mort de dirigeants sociaux ».

La Colombie est plongée dans une recrudescence de la violence à la suite de l'affrontement entre groupes armés illégaux qui a particulièrement touché la population civile des régions les plus reculées. Ce même samedi, l'Institut d'études pour le développement et la paix INDEPAZ a dénoncé le 62e massacre commis jusqu'à présent cette année en Colombie, qui a eu lieu dans le département de La Guajira (nord), où trois hommes ont été tués. Les victimes, dont l'identité est inconnue pour le moment, ont été agressées par des personnes «lourdement armées». 

INDEPAZ a également fait état ce samedi de l'assassinat de Diomedes Bermúdez Aguirre, signataire de l'accord de paix avec les FARC qui était en cours de réincorporation dans le département de Tolima (centre-sud). Bermúdez a été attaqué par des hommes armés alors qu'il voyageait entre les municipalités de Rovira et Roncevaux, et il est le premier démobilisé tué depuis que Petro a pris la présidence le 7 août.

Jusqu'à présent en 2022, 32 signataires de la paix ont été assassinés en Colombie, un chiffre qui est passé à 338 depuis 2016, date à laquelle l'accord avec les FARC a été conclu.

Ces derniers mois, certains des épisodes les plus sombres du pays ont également été relancés avec la dénonciation de deux affaires dans lesquelles l'Armée et la Police ont été accusées d'être à l'origine de "faux positifs", comme on appelle les exécutions de civils.

Dans ce contexte, le président colombien a lancé vendredi un appel à promouvoir une force publique centrée sur "la politique de sécurité humaine (...) pour garantir la paix, la réduction de la violence, de la criminalité, garantir l'accroissement substantiel du respect des droits de l'homme et libertés civiles, comme il se doit dans toute démocratie ».

"Zéro corruption et zéro violation des droits de l'homme" seront donc les préceptes qui régiront les forces armées et la police dans les quatre prochaines années, a affirmé le président.

Trad° CM




vendredi 12 août 2022

Traduction Communiqué Délégation diplomatique colombienne à CUBA


Déclaration à la presse du ministre des Affaires étrangères de la Colombie, Álvaro Leyva Durán

La Havane, le 11 août 2022

Aujourd'hui, nous nous sommes rendus à Cuba : Carlos Ruíz Massieu, représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en Colombie ; Jon Otto Brodholt, envoyé spécial du Royaume de Norvège ; Monseigneur Héctor Fabio Henao, délégué de la Conférence épiscopale colombienne pour les relations Église-État ; Iván Danilo Rueda Rodríguez, Haut Commissaire pour la Paix ; Iván Cepeda Castro, sénateur de la République et le soussigné, Álvaro Leyva Durán, ministre des Affaires étrangères et de la Paix de la République de Colombie. En compagnie du docteur Iván Cepeda et du haut-commissaire Danilo Rueda, j'ai été reçu par le ministre des Affaires étrangères de la République de Cuba, Bruno Rodríguez Parrilla. Après lui avoir transmis les salutations du président Gustavo Petro Urrego au président de la nation, Miguel Díaz-Canel, et à tout le peuple cubain, nous exprimons notre solidarité et celle de tout le peuple colombien pour la récente tragédie qui a affecté la population de Matanzas. La triste situation, soulignons-le, nous a tous touchés.

Nous avons ensuite souligné au ministre des Affaires étrangères que depuis plus de quarante ans, plus précisément depuis les années 1980, sans interruption, la République de Cuba a accueilli sur son territoire des délégués des gouvernements colombiens qui ont tenté de parvenir à la paix nationale avec des groupes armés, et qu'ils y ont été toujours bien reçus dans le même but.

Nous avons souligné que Cuba a été le berceau de l'accord de paix final de 2016 entre l'État colombien et les Forces armées révolutionnaires de #Colombia FARC-EP, qui a été considéré comme un exemple pour le monde entier.

Le ministre des Affaires étrangères Bruno Rodríguez a été informé que la Colombie rejette la classification de "marraine du terrorisme" avec laquelle on a tenté de méconnaitre l'engagement de Cuba pour la paix en Colombie et dans le monde. C'est précisément pour tout le contraire que nous sommes ici. Nous aspirons à reprendre les pourparlers avec l'Armée de Libération Nationale (ELN), dans cette terre de paix, afin d'entamer la voie proposée par le président Petro Urrego, pour parvenir à une paix totale.

Merci à la République de Cuba pour son hospitalité. Nous sommes honorés d'être ici et vous remercions pour le nouvel accueil aux fins de réconciliation qui aujourd'hui et toujours nous accompagneront.

Trad° : CM




vendredi 17 juin 2022

El presidente Macron no debe involucrar a Francia en una economía de guerra


Traducción Comunicado CGT 
Francia. 16/06/2022

Con motivo de la inauguración de la feria de armas Eurosatory, y refiriéndose a la situación internacional del momento, el Presidente de la República hizo declaraciones graves, anunciando "que había que entrar en una economía de guerra, organizándonos de manera sostenible. »

El término "economía de guerra" se eligió cuidadosamente y se repitió tres veces en el discurso para justificar aumentos sostenibles en los presupuestos de defensa en Francia y en Europa, accelerando la Europa de defensa y preparando las mentes para un gran conflicto.

Entrar en una economía de guerra significa movilizar capacidades civiles al servicio de los recursos militares. Esto tendrá importantes consecuencias sobre las pautas presupuestarias pero también sobre nuestro tejido industrial y las condiciones de vida y trabajo de miles de empleados.

Reforzando estas directrices, la Délégation Générale de l'Armement está impulsando un texto legislativo que permita la requisa de empresas civiles y materiales para fines militares.

Para Macron, los presupuestos de defensa se están convirtiendo en su prioridad y pretende aplicarlos "cueste lo que cueste", aunque lo haga en detrimento de la respuesta a las necesidades sociales que se expresan hoy en las movilizaciones y en las urnas contra el alto costo de la vida, por una política de salud, educación, justicia social, entre otras.

Vistiendose de gran timonel de la OTAN, Macron pretende unir detrás de él a todos los estados europeos para aumentar la inversión en armamento, cuando la diplomacia que el acaba de hundir hubiera tenido que jugar un papel importante. Esta deriva bélica es peligrosa para la Paz. El exceso de armamento solo puede traer sangre y lágrimas. 

Al exceso de armamento convencional se suma ahora la amenaza del deslizamiento nuclear, a pesar de que el Tratado sobre la Prohibición de las Armas Nucleares (Tian) encuentre nuevos signatarios para erradicar definitivamente este peligro mortal para la humanidad.

En la CGT nos hubiera gustado que el presidente de la República tuviera la misma determinación para ganar la batalla contra el Covid, que el mismo había calificado de “guerra”. Pero hoy, está claro que continúa eliminandose camas en los hospitales, que los profesionales de la salud siguen siendo maltratados y que el hospital público está al borde de la explosión.

En lugar de inspirarse en la Francia de la Ilustración, de los Derechos Humanos y del progreso social, Macron optó por desfilar con los traficantes de armas.

Tenemos que parar  lo más rápido posible esas políticas mortales guerreristas que están compitiendo para armamentar en exceso el planeta. El único camino de la razón sigue siendo la paz construida por la acción diplomática y política.

La CGT siempre ha apostado por la Paz y el Progreso Social. Es en este sentido que está preparando una iniciativa con el Mouvement de la Paix que se celebrará el 5 de octubre de 2022 en Montreuil, y cuyo tema principal es: “ Una Economía para la Paz”.

Mientras tanto, la CGT pretende participar con todas sus organizaciones en las marchas por la paz del 21 de septiembre y en la jornada de la ONU del 26 de septiembre por la eliminación total de las armas nucleares.

Montreuil, a 16 de junio de 2022


Le Président Macron ne doit pas engager la France dans une économie de guerre

En évoquant la situation internationale du moment, à l’occasion de l’inauguration du salon de l’armement d’Eurosatory, le président de la République a tenu des propos graves de conséquences, annonçant « qu’il fallait entrer dans une économie de guerre, dans laquelle nous devrions durablement nous organiser. »

Le terme « d’économie de guerre » est minutieusement choisi et répété à trois reprises dans le discours pour justifier des augmentations durables des budgets de Défense en France, comme en Europe, et l’accélération d’une Europe de la défense, préparant les esprits à un conflit majeur.

Entrer en économie de guerre, c’est mobiliser les capacités civiles au service des moyens militaires et cela entraînera des conséquences majeures sur les orientations budgétaires mais aussi sur notre tissu industriel et les conditions de vie et de travail de milliers de salariés.

Confortant ces orientations, la Délégation Générale de l’Armement pousse pour un texte législatif permettant de réquisitionner des entreprises et des matériaux civils à des fins militaires.

Pour Macron, les budgets de Défense deviennent sa priorité et il entend y appliquer le « quoi qu’il en coûte », même si cela se fait au détriment de la réponse aux besoins sociaux qui s’expriment aujourd’hui dans les mobilisations et dans les urnes contre la vie chère, pour une politique de santé, d’éducation, de justice sociale, entre autres.

Enfilant les habits de grand timonier de l’Otan, Macron entend fédérer derrière lui tous les États européens pour investir davantage dans les armes, là où la diplomatie qu’il vient de saborder aurait eu un rôle majeur à jouer.

Cette dérive guerrière est dangereuse pour la Paix. Le surarmement ne pourra qu’apporter du sang et des larmes. Au surarmement conventionnel s’ajoute aujourd’hui une menace de dérapage nucléaire, alors même que le Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires (Tian) vient de trouver de nouveaux signataires pour éradiquer définitivement ce danger mortel pour l’humanité.

La CGT aurait voulu que le président de la République ait la même détermination pour gagner la bataille contre la Covid, qu’il avait lui-même qualifiée de « guerre ». Mais, aujourd’hui, force est de constater que les fermetures de lits se poursuivent, que les personnels de santé sont toujours aussi maltraités et que l’hôpital public est au bord de l’explosion.

Plutôt que de s’inspirer de la France des Lumières, des Droits de l’Homme et du progrès social, Macron fait le choix de parader avec les marchands d’armes.

Stoppons au plus vite ces politiques mortifères de va-t-en-guerre dans une course au surarmement de la planète. La seule voie de la raison, qu’elles que soient les difficultés, demeure la paix construite par des actions diplomatiques et politiques.
 
La CGT a toujours fait le choix de la Paix et du Progrès social et c’est en ce sens qu’elle prépare une initiative avec le Mouvement de la Paix qui se tiendra le 5 octobre 2022, à Montreuil, et dont le thème principal est : « Une économie pour la Paix ».

D’ici là, la CGT entend participer avec toutes ses organisations aux marches de la Paix, le 21 septembre, et à la journée de l’ONU du 26 septembre pour l’élimination totale des armes nucléaires.

Montreuil, le 16 juin 2022




vendredi 30 août 2019

Le futur de la Colombie ne peut pas être la guerre



Bogotá, 29 août 2019
Communiqué PCC-UP
Source : Pacocol

L'annonce faite aujourd'hui par un groupe d'ex-dirigeants des FARC-EP de leur persistance dans la clandestinité et la lutte armée constitue un fait politique avec de graves conséquences pour le processus de mise en œuvre de l'accord de paix et pour la perspective de lutte démocratique dans le pays.

Il est évident et indiscutable que des aspects substantiels de l'accord signé ne sont pas respectés, que les intentions réelles de l'extrême droite, du gouvernement actuel et des secteurs de la classe dominante sont de le détruire et de revenir à la politique de la guerre et de la peur pour justifier leur orientation réactionnaire et empêcher toute réforme et ouverture démocratique. Mais c'est par une stratégie politique qui appelle et mobilise la participation la plus large et l'intervention citoyenne dans les villes et les campagnes de Colombie que cela doit être dépassé. L'attitude du gouvernement qui relie la décision des ex-dirigeants au Venezuela est infâme.

Conformément à la tradition politique du Parti Communiste Colombien et de l'Union Patriotique qui ont toujours défendu la solution politique négociée, nous appelons tous les secteurs engagés pour la paix, le mouvement social et la communauté internationale à défendre l'Accord de Paix et sa pleine mise en œuvre, à protéger la vie des leaders socio-politiques et des ex-combattants en processus de réincorporation civile, et à ne pas renoncer à la conquête de la paix avec justice sociale.

Parti Communiste Colombien - Union Patriotique


lundi 12 août 2019

Colombie. Assassinats des leaders sociaux = Crise humanitaire


Le Gouvernement de Colombie refuse d'admettre que les assassinats des leaders sociaux, continuels et systématiques, engendrent une crise humanitaire : "Le discours officiel minimise les assassinats en Colombie. Il y a une méconnaissance profonde, ils ne voient pas que ce qui est en train de se passer avec les leaders sociaux, c'est une crise humanitaire. Alors que chaque semaine, nous voyons comment les gens sont assassinés, le gouvernement refuse d'agir efficacement" dit Shirley Muñoz, membre de l'Association Minga, coordinatrice de la communication du Programme Somos Defensores. 

Entre la signature de l'Accord de Paix en novembre 2016 par l'Etat et les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) et le 20 juillet dernier, 627 leaders sociaux et défenseurs des Droits Humains ont été assassinés, selon un rapport publié ce 26 juillet 2019 par INDEPAZ, Institut pour le Développement et la Paix (non gouvernemental). Annuellement, cela correspond à 21 assassinats en 2016, 208 en 2017, 282 en 2018 et 116 depuis le début de l'année 2019. Parmi les victimes, 92 étaient des femmes et 535 étaient des hommes. En ce qui concerne leur origine, 142 étaient indigènes, 55 afro-descendants et 245 étaient des paysans défenseurs de l'environnement,  coordinateurs communaux ou acteurs du Plan National Intégral de Substitution des cultures illicites. Le rapport d'INDEPAZ indique que, en plus, 138 ex-guérilleros des FARC qui avaient adhéré au processus de paix ont été assassinés pendant ce laps de temps.

Un rapport du Défenseur du Peuple indique que 196 leaders sociaux ont été assassinés entre mars 2018 et mai 2019 et que, pendant cette période, 1608 conduites qui portent atteinte aux droits humains des activistes ont été enregistrées dont 1351 menaces et 44 attentats.

"Il se produit un génocide continu et systématique contre toutes les communautés. Tous les acteurs légaux ou illégaux ont quelque chose à voir dans les assassinats. Bien que nous soyons supposément en temps de paix, il n'y a pas de garanties réelles pour protéger la population" a expliqué à Sputnik le politologue Oscar Montero, kankuamo assesseur de l'ONIC Organisation Nationale Indigène de Colombie.


Le discours officiel

Le président de la Colombie, Iván Duque, a affirmé ce 3 août qu'il y a eu "une réduction de 35% de ces assassinats comparé à la période antérieure immédiate" et que la Justice "a éclairci près de 56% de ces assassinats".

Mais Shirley Muñoz et Oscar Montero expliquent que le discours gouvernemental cherche constamment à "dissimuler la gravité" de ce qui se passe. Les autorités attribuent la responsabilité de ces crimes à la guérilla de l'ELN (Armée de Libération Nationale), aux paramilitaires du Clan du Golf, les Caparros, Pachenca et Pachelly, ainsi qu'aux dissidents de la FARC. Mais alors que les services du Procureur Général de la Nation affirment qu'ils avancent dans leurs enquêtes, la militante S.Muñoz rétorque que "ce n'est pas vrai". Et elle insiste : "Nous avons constaté une impunité supérieure à 90% dans les assassinats des leaders sociaux. Le Ministère Public dit que non, qu'ils ont eu un taux d'élucidation beaucoup plus haut, d'environ 50%, mais nous voyons bien que cela ne correspond pas à la réalité".

Pour sa part, Oscar Montero dit que le Gouvernement "minimise les assassinats" et agit comme si c'était "une farce".  Il ajoute : "Nous, les peuples indigènes de Colombie, nous savons mieux que personne que dans ce pays, les assassinats n'ont pas diminué. Après la signature de l'accord de paix, il y a eu 158 compagnons indigènes assassinés, et dans le seul cadre du Gouvernement de Iván Duque, 94 compagnons indigènes ont été assassinés. Les chiffres sont en augmentation et il n'y a pas de réponse officielle". Selon lui, les autorités cherchent à "rendre invisibles les victimes" et à lier les morts à des vengeances, des problèmes personnels ou des crimes passionnels.

S.Muñoz lamente que le Gouvernement n'applique pas l'accord de paix et ajoute : "Reconnaître ce qui se passe dans les territoires, ce serait reconnaître l'existence du conflit armé. Face à la communauté internationale, on veut donner une image d'efficacité, faire croire qu'on se préoccupe des gens".


Des assassins et des intérêts

Selon elle, "les morts violentes mettent en lumière les conflits dans les territoires et principalement celui de l'accès à la terre".  Pour les deux militants, dans ces disputes, les forces armées jouent un rôle "important", de même que les projets miniers et énergétiques. La majorité des leaders assassinés vivent dans des zones rurales et jouent un rôle dans la défense de la terre et des ressources naturelles.  Et elle argumente : "Nous ne pouvons pas dire que dans les lieux où il y a des méga-projets, les responsables (des assassinats) sont directement les entreprises ou les personnes liées à ces projets, il y a toujours des acteurs armés qui apparaissent comme responsables. Mais quand on analyse où se trouvent les zones de risque, cela coïncide souvent avec les intérêts de ces entreprises".

Elle explique que dans la majorité des cas, les responsables sont les groupes paramilitaires, il y a également des acteurs inconnus, des dissidents des FARC, la force publique et la guérilla de l'ELN. Ces faits ont lieu dans le contexte de vide de pouvoir lié au fait que, quand les FARC ont signé la paix, ils ont petit à petit abandonné les territoires qu'ils avaient contrôlé pendant des décennies. Elle explique : "Ils apparaissaient comme l'acteur dominant, ils étaient presque un Gouvernement pour beaucoup de gens. Là où il n'y avait pas de présence de l'Etat, la guérilla jouait ce rôle. C'était un acteur armé qui agissait par la force mais qui établissait aussi un certain ordre dans le territoire. Quand ils sont sortis de ces territoires, c'est resté vide parce que l'Etat n'est pas arrivé jusque là". En l'absence d'Etat, les paramilitaires sont arrivés, ainsi que des bandes résiduelles d'ex-FARC et des groupes liés au narcotrafic, qui exploitent la possibilité de contrôler des zones "stratégiques" pour le transport des drogues ou les plants de cultures illicites.

Selon O.Montero, "Il y a un réarrangement des groupes armés légaux et illégaux dans le pays. Là où il y avait les FARC, il y a maintenant l'armée et les groupes paramilitaires qui veulent se positionner dans les lieux stratégiques. Cela engendre une confrontation armée sanglante pour la poursuite du commerce de l'exploitation minière et du narcotrafic".

Il affirme qu'il y a également une responsabilité des "forces de l'Etat Colombien, notamment les polices et l'armée. Il est évident pour nous avec ce genre d'assassinats dans les communautés indigènes, que quand l'armée est proche, cela se traduit ensuite par de l'exploitation illégale des ressources minières. Et donc, il se pourrait qu'ils coopèrent avec des intérêts privés et des entreprises multinationales. Il est évident qu'ils cherchent à exploiter les ressources naturelles du pays sur le dos des communautés". 

Le programme Somos Defensores a dénoncé que 2018 a été "une des pires années" en matière de droits humains des militant.e.s et leaders sociaux : Les agressions ont augmenté de 43.7% par rapport à 2017, 805 agressions ont été comptabilisées dont 155 assassinats. Au premier trimestre 2019, 245 agressions ont été enregistrées, ce qui représente une augmentation de 66% par rapport à la même période en 2018.

Source : Sputnik
Traduction : CM

jeudi 2 août 2018

"Paix naissante", la fleur découverte grâce à l'accord avec les Farc


Découverte à El Peñon, dans le département du Santander, par un groupe de chercheurs qui a décidé d'explorer les zones auparavant interdites à cause du conflit armé, cette petite fleur, délicate et simplement jolie, est une nouvelle espèce d'Elaeagia (Rubiacées) de la Cordillère Orientale de Colombie. Elle attire l'attention. Petite, délicate, avec 6 pétales en étoile, elle est blanche avec une texture très douce. Elle était restée cachée au milieu des arbustes de la cordillère des Andes jusqu'à ce que, au printemps 2016, un groupe de 30 personnes décide d'aller à El Peñon, dans le département du Santander, là où elle attendait.
Source : SEMANA

Humberto Mendoza Cifuentes et José Aguilar Cano sont les responsables de cette expédition de Colombia Bio, un projet qui cherche à explorer différentes zones, notamment celles qui, grâce au post-conflit, ont cessé d'être interdites pour les chercheurs.

Le lieu où ils sont arrivés se trouve à 2.500 mètres d'altitude. Il n'y a pas de ruisseaux ou de cours d'eau. L'eau se concentre dans des puits où elle se filtre petit à petit dans le sol. Ce processus a formé des cavernes gigantesques.



"C'est un paysage que l'on ne voit dans aucune autre région du pays" explique Humberto Mendoza. Les grottes sont cachées au milieu d'un enchevêtrement de végétation. "A certains endroits, il y a des gouffres qui peuvent avoir 50 m de diamètre avec jusqu'à 80 m de profondeur, et ils sont reliés avec d'autres grottes". Selon le chef de cette expédition, pendant longtemps, ce lieu a été un site sûr pour la guérilla car quand ils y rentraient, personne ne pouvait les trouver.

Le voyage a duré 12 jours. "Sur le terrain, nous faisons 8 heures de marche par jour, à travers des sentiers ou à travers bois. Cela peut durer toute la journée. Et nous collectons tout ce qui est fleurs et fruits" affirme Mendoza. Ce qu'ils ne savaient pas c'est que cette traversée leur apporterait de nombreuses surprises. Voir : La grenouille qui croasse comme une chèvre.

Derrière les caméras de la découverte

Ils sont tombés sur un arbre de 5 ou 6 mètres de hauteur où se trouvaient ces jolies petites fleurs. "Nous ne savions pas qu'il s'agissait d'une nouvelle espèce. Nous collectons tout simplement des masses de plantes à fleur", raconte Mendoza qui est biologiste botanique spécialisé en taxonomie. "Nous récoltons pendant 10 jours puis nous faisons des herbiers" dit-il. Leurs journées de travail peuvent être de 16 à 18 heures car, après le travail de terrain, il faut arriver à analyser à quel groupe appartient chaque spécimen et prendre des notes.

En Colombie, il y a environ 30 mille espèces différentes de plantes, et donc le défi de l'identification est très important. "Dans tout cet univers des noms, nous devons chercher celui qui correspond à chaque plante que nous récoltons sur le terrain" explique Mendoza qui travaille sur l'Herbier Federico Modem, à Villa de Leyva. Pour faire ce travail, il faut tout un entrainement. Alors qu'ils comparaient dans l'herbier, avec un microscope, les caractéristiques des plantes recueillies, cette blanche inconnue attendait dans leur liste d'attente sans qu'ils le sachent.

"Au bout de 3 mois environ, nous nous sommes retrouvés avec certaines espèces à qui nous ne pouvions pas mettre de nom scientifique. Nous avons continué à chercher jusqu'à arriver à la conclusion que ces plantes, au moins 4 ou 5 espèces, étaient nouvelles" indique-t-il. Parmi elles, "cette petite plante que nous appelons "paix naissante" car après avoir chercher plusieurs mois, nous nous sommes rendus compte qu'aucun scientifique ne l'avait récoltée, que c'était une nouvelle espèce". Finalement, la recherche peut durer au moins 1 an.

Le sens de son nom

La fleur appartient au genre Elaeagia, un groupe peu connu mais très abondant en Colombie. C'est en effet le pays qui a la plus grande diversité d'Elaeagia puisque il en compte 10 espèces sur son territoire.

Son nom complet est Elaeagia Pascisnascis, traduit littéralement par "paix naissante". Généralement, les botanistes qui découvrent les espèces ont le privilège de mettre le nom qu'ils désirent" explique Mendoza. L'expédition Colombia Bio est le fruit du processus de paix. "J'ai travaillé dans la botanique pendant 30 ans et c'est la première fois qu'on me paie pour aller chercher des espèces nouvelles, les décrire et les publier. En fait, tous les travaux que j'avais eu précédemment consistaient en d'autres choses" raconte le biologiste plein d'émotion. Le nom donné à la découverte "est une reconnaissance à ce projet de Colciencias qui a résulté des accords et qui est complètement engagé pour le pays se pacifie" explique Mendoza. Selon cet expert en classification des plantes, les biologistes qui sont allés sur le terrain depuis 30 ans ont connu la vérité vraie de l'Autre Colombie. "Nous avons été assez frappés par tout le processus violent du pays. Maintenant, on apprécie d'aller sur site, complètement tranquilles, avec les gens de la campagne si aimables" indique Mendoza avec enthousiasme. "Ce n'était pas comme ça, il y a 10 ans. Ce nom rend hommage à ce que nous avons gagné avec le processus de paix".

De la famille du café

La Paix Naissante a diverses caractéristiques. Ses feuilles grandissent l'une en face de l'autre, elle est munie de structures qui protègent les feuilles de petite taille, elle produit une résine pour se protéger du froid et elle a des semences minuscules qui se dispersent au vent. Ses fleurs sont les plus grandes de son genre.

Ses zones d'implantation sont limitées aux zones de bois des Andes, dans des lieux où la forêt est bien conservée. De manière préliminaire, elle a été catégorisée comme une espèce en danger. Le plus curieux de cette fleur, c'est qu'elle fait partie du groupe où se trouve le café. Elle n'a malgré tout pas d'odeur. Et sa couleur blanche coïncide avec le nom qui lui a été donné. "C'est une très jolie fleur, vraiment, simple mais jolie" dit Mendoza.

D'autres découvertes

La Paix Naissante n'est qu'une des découvertes réalisées dans le cadre de Colombia Bio. Il y a également Pritimantis sp, une grenouille, et le Gelanesaurus sp, un lézard, des espèces découvertes dans le Chemin Andaquí du Parc Naturel Municipal Andakí, dans le Caquetá.

A Boyacá, dans les montagnes de las Quinchas, dans le haut-plateau de Chiscas, celui de Cuchilla Morro Negro et dans le Sanctuaire de la Flore et de la Faune de Iguaque, une quinzaine d'espèces potentiellement nouvelles pour la science ont été découvertes, il s'agit de champignons, de plantes et d'insectes. De plus, 45 espèces nouvelles pour le pays ont été enregistrées, ainsi que 173 pour le département. 





samedi 7 juillet 2018

L'assassinat des leaders sociaux en Colombie a-t-il un caractère systématique ?


Source : Contagio Radio

La recrudescence des assassinats de leaders sociaux dans le pays a déclenché toutes les alarmes face au manque d'actions du gouvernement pour garantir leurs vies. Alberto Yepes, membre de la Coordination Colombia, Europa, Estados Unidos, qui regroupe plus de 300 organisations de défense des droits humains, souligne combien il est important que soit accepté le caractère systématique des homicides car cela oblige à changer le mode d'instruction juridique des faits. Ce qui pourrait permettre de faire la lumière sur leurs responsables.

Pourquoi les assassinats des leaders ont-ils un caractère systématique ?

La première caractéristique qui peut déterminer le caractère systématique dans l'assassinat des leaders sociaux tient au profil même des victimes : Elles dénonçaient la violation des droits humains, elles étaient victimes dans la restitution des terres, elles soutenaient la substitution des cultures d'usage illicite, entre autres.

La deuxième caractéristique se trouve dans le modus operandi des assassinats, c'est à dire la façon dont ils ont été commis. Selon Yepes, ils sont généralement perpétrés par des hommes qui font partie de groupes de tueurs à gages et qui ont réalisé un plan préalable de suivi du leader pour déterminer la meilleure manière de réaliser leur contrat.

Pour Yepes, si le gouvernement reconnait le caractère systématique des assassinats de leaders, cela permettrait d'abord d'enquêter transversalement sur les cas et non séparément comme on le fait actuellement. Par ailleurs, on pourrait avancer de manière beaucoup plus forte sur les responsables intellectuels.

"Le caractère systématique signifie qu'il y a un plan derrière les assassinats, c'est à dire que des structures décident de mettre en place un plan d'extermination des leaders sociaux dans le pays" affirme Yepes. A ce propos, il assure que si on connait ceux qui ont donné l'ordre "d'appuyer sur la gachette", on pourra établir les relations entre les structures paramilitaires, principales responsables des assassinats de leaders, et les bandes criminelles ou de tueurs à gages.

Dans ce sens, il a lancé un appel au Parquet pour que soit analysé le lien qui pourrait exister entre l'augmentation des assassinats des leaders sociaux et l'élection de Ivan Duque comme président, et pour que l'unité de démantèlement du paramilitarisme fasse son devoir au sujet des crimes effectués par ce groupe armé.

L'Etat doit reconnaître le caractère systématique de l'assassinat des leaders sociaux

Suite aux affirmations du ministre de l'intérieur Guillermo Rivera qui a insisté sur le fait que les assassinats des leaders sociaux n'avaient pas un caractère systématique, Diana Sánchez, membre de l'organisation "Somos Defensores", a réaffirmé l'importance de la reconnaissance du caractère systématique des faits violents qui se présentent dans le pays et de la responsabilité des institutions gouvernementales par omission et manque d'investigation.

Pour Diana Sánchez, les assassinats sont bien systématiques. Leur première caractéristique tient au profil des victimes : des dirigeant.e.s sociaux, qui travaillent sur le terrain, dans des processus de mobilisation sur le territoire, qui ont dénoncé des violations des droits humains et qui ont une visibilité dans la sphère publique.

Le deuxième élément est lié à l'augmentation du nombre d'assassinats de leaders sociaux qui, selon Diana Sanchez, ne cesse de croître. Et le troisième facteur concerne la typification qui a pu être établie sur la manière dont sont assassinées les personnes : Elles sont généralement assassinées par des sicaires (tueurs à gages), avec des armes à feu, dans des lieux qu'elles sont habituées à fréquenter comme leurs logements ou leurs lieux de travail.

A ce propos, elle rappelle que pour le génocide de l'Union Patriotique, on avait aussi demandé à l'Etat de reconnaître le caractère systématique des assassinats contre les membres de ce parti politique pour activer des mesures de protection. Et qu'il ne l'avait pas fait. C'est seulement plusieurs années après les faits que la reconnaissance de la modélisation des assassinats qui provoquèrent l'extermination a été obtenue.

Le manque d'actions de la part des institutions

Si Diana Sánchez reconnait qu'il y a une avancée dans les enquêtes du Parquet dans 170 cas, ce n'est que trop peu par rapport au nombre des assassinats de leaders sociaux qui, selon Somos Defensores, s'élève à un total de 580 cas d'homicides sur les deux périodes présidentielles de Santos.

Elle explique que, même si on a trouvé les auteurs matériels dans 50% des 170 enquêtes menées par le parquet, on ne connait pas les auteurs intellectuels ou les intérêts politiques ou économiques qui sont derrière l'assassinat des leaders.

Elle explique également que la promulgation des décrets qui cherchent à protéger les leaders à travers différentes stratégies comme les changements dans l'Unité Nationale de Protection, ou la mise en forme de mesures collectives, ne sont que des gesticulations s'il n'y a pas d'articulation avec la réalité des leaders, femmes et hommes qui vivent dans des zones où l'Etat est absent.

Finalement, sur le décret 660 de 2018 présenté par le Ministre de l'Intérieur, Diana Sánchez affirme : Cette disposition tend à la protection des leaders et inclut des recommandations faites par les organisations de défense des droits humains, mais elle peut être modifiée par d'autres décrets et elle n'entrera en vigueur qui si le prochain gouvernement le décide.





samedi 10 février 2018

Pour le libre droit à agir en démocratie

Communiqué du Parti Communiste Colombien
www.pacocol.org

Les agressions répétées contre les militants et les dirigeants du parti FARC indiquent qu'une action systématique, programmée et organisée est encouragée par les porte-paroles de l'extrême droite.

Contrairement aux affirmations de Rafael Pardo, ministre du post-conflit, et à l'éditorial du journal "El Espectador" du 6 février dernier, il n'y a rien de spontané dans ces attaques. Il est surprenant que de hauts fonctionnaires, des éditorialistes et les provocateurs coïncident dans l'atténuation de la gravité de conduites qui en viennent à favoriser des délits portant atteinte à la liberté de réunion, à l'expression citoyenne et qui encouragent des soulèvements mettant en danger la vie et l'intégrité de compatriotes, ou provoquent des dommages sur des biens immeubles et des véhicules.

Il est encore plus étonnant que le Code de Police qui s'applique avec une rigueur extrême sur les manifestations civiques, les mobilisations étudiantes, les actions des vendeurs ambulants ou les marches paysannes, se montre si tolérant face aux agressions violentes contre ceux qui ont décidé d'agir en démocratie.

L'ordre de "ne pas réagir" donné par la Direction de la Police facilite l'attaque, le vandalisme et les délits commis par les agresseurs fascistes. Les événements condamnables qui ont eu lieu ce 7 février à Cali et à Yumbo appellent à un revirement qui rende effectives les garanties de sécurité pour tous.

Le Parti Communiste Colombien condamne ces faits et signale la responsabilité du gouvernement national dont la chaîne de commandement a permis que de telles violations contre les droits et libertés fondamentales portent de nouveau atteinte à la consolidation de la paix et de la justice sociale que réclame le peuple colombien.

Il exige que le Ministère Public enquête sur une éventuelle participation de fonctionnaires et d'agents des services du renseignement intérieur dans l'organisation et la promotion de ce genre d'actes.

Il appelle à la solidarité active face aux exactions de ceux qui prétendent légitimer la stigmatisation, le harcèlement et la menace comme moyen d'action.

Parti Communiste Colombien
Jaime Caycedo Turriago
Secrétaire Général

mardi 5 décembre 2017

Colombie. Mise en oeuvre des accords : Le verre à moitié vide


Source : VOZ
Hernán Camacho
@camachohernan


La transposition légale des accords de paix se termine au Congrès de la République avec un bilan négatif. Ni la réforme politique pactée à La Havane, ni les réformes constitutionnelles et légales ouvrant la voie à la réforme agraire intégrale n'ont pu passer au travers des quatre débats constitutionnels et elles se trouvent maintenant dans les limbes.

Un an après la signature des accords de paix, les FARC et le Gouvernement national se sont de nouveau rencontrés au théâtre Colón, là où le 24 novembre 2016, Rodrigo Londoño, le chef des FARC-EP et le président Juan Manuel Santos, s'étaient serrés les mains après avoir signé l'accord de paix. Une année plus tard, chacun y a présenté un bilan de ce qui a eu lieu jusqu'à aujourd'hui.

Celui qui ferme les yeux

Selon le président des Colombiens, il a travaillé tout au long de ces mois pour que les accords deviennent une réalité. Il a pourtant expliqué que ce n'est pas tâche facile, que cela prend du temps et que "cela ne se fait pas en un jour". Il a reconnu que des erreurs dans les procédures législatives ont été commises et qu'il y a une forte opposition des forces politiques contraires à la paix.

"Je comprends l'impatience et l'urgence que beaucoup expriment. Nous voudrions tous que les changements et les opportunités de la paix soient déjà une réalité. Je sais aussi qu'il y a eu des retards, des difficultés, des erreurs. Mais nous travaillons sans cesse pour accélérer le pas et avancer. Et pour dire la vérité, nous, les colombiens, avons mieux réussi à poser les bases initiales de la paix que de nombreux autres pays dans des situations similaires" a signalé Juan Manuel Santos.

Les difficultés

Un discours peu critique face aux difficultés les plus pressantes de la mise en oeuvre : La Justice Spéciale pour la Paix suspendue, la réforme politique peu conforme aux accords, des Circonscriptions Spéciales pour la participation politique des victimes qui ne sont pas assurées ; l'assassinat continuel de dirigeant.e.s sociaux, de défenseur.e.s des droits humains, et d'anciens combattants des Farc, ainsi que les retards pris dans la réincorporation sociale et économique des ex-combattants, font que le processus de paix ne soit pas dans ses meilleurs jours.

Timo (le surnom du chef des Farc)

Rodrigo Londoño, au contraire, a été plus critique à propos du moment politique. Il a remercié l'initiative de commémorer l'anniversaire de la signature des accords et il a rappelé que l'aspiration la plus importante était la transformation de la société.

"Nous, les FARC, nous avons demandé pardon au monde pour chacune de nos actions. Nous avons dit adieu aux armes, aux haines et aux désirs de vengeance. Nous avons initié notre plus fervent désir de vivre en paix [...] Une année plus tard, convertis en parti légal et après avoir remis les armes et honorer chacun de nos engagements, nous nous présentons devant la société pour renouveler notre engagement avec la paix et la justice sociale" a indiqué Rodrigo Londoño.

Le chef du nouveau parti a averti qu'ils ne feront marche arrière sur aucune des obligations pactées, et qu'il n'existe aucun autre plan que celui de voir l'accord matérialisé de manière intégrale par l'Etat Colombien. "Nous sommes certains que nous accompagnent des millions de colombiens qui ont cru dans la solution politique au conflit. Nous invitons cette Colombie à rejoindre la lutte pour la mise en oeuvre de l'accord final" a ajouté Londoño.

Les critiques ont aussi été adressées au Congrès de la République qui a joué un rôle néfaste dans la mise en oeuvre de l'accord, en cherchant à tout prix à en changer la nature à travers une stratégie de renégociation. "On se moque du peuple colombien car ces lois de réforme ne respectent pas ce qui a été accordé" a insisté Londoño.

Candidat présidentiel des FARC, il dit que ce même Congrès qui avait entériné l'accord et en avait approuvé les éléments essentiels, semble honteusement déterminé à le réduire en miettes : "C'est une conduite qui avilit l'Etat aux yeux des citoyens d'ici et d'ailleurs. De plus, la Cour constitutionnelle elle-même, qui a ordonné aux pouvoirs publics de respecter ce qui a été signé, se prononce contre les accords. Dans un pays aux montages judiciaires historiques, le Procureur Martínez établit qu'un ex-combattant accusé d'avoir commis le plus petit délit après l'accord, perdrait automatiquement les bénéfices de ce qui a été signé, dont l'extradition".

La Commission de la Vérité

Le président de la Commission de la Vérité récemment élu, le père Francisco de Roux, a dit qu'il se sentait ému et inquiet après avoir écouté les discours de Rodrigo Londoño et du chef d'Etat. Le prêtre jésuite a enjoint les colombiens à assumer la responsabilité d'aller de l'avant avec ce qui a été accordé et de le respecter pour les générations futures.

"La guerre est terminée et nous devons avoir dans le coeur des désirs de paix. Si cette implication de la société civile et la décision de tous en tant que personnes et en tant que colombiens, ne se transforme pas en force significative qui nous permet de porter l'accord à bon port et créer de nouvelles règles pour vivre ensemble, les changements seront impossibles. Ne pensez pas que tout est perdu, nous, nous venons offrir notre coeur" a indiqué le père Francisco de Roux.

La JEP

Par ailleurs, la présidente de la Juridiction Spéciale de Paix, la magistrate Patricia Linares, a souligné que le processus de paix serait plein d'obstacles et de déboires car il se construit sur la méfiance des parties, fruit d'un demi siècle de guerre. La juriste qui représente les 52 magistrats du Tribunal de Paix, objet de toute une série de critiques selon lesquelles ce serait supposément une justice de revanche des FARC, a invité le pays à ne pas disqualifier ses actions avant même que n'ait été proférée la première sentence.

"Peu à peu, le système intégral de justice, vérité et non répétition s'est mis en marche, nous avons tous senti que nous avançons et que s'ouvrent d'autres paradigmes qui trouvent leur place dans ce processus. Les composantes du système avancent vers sa mise en oeuvre. En ce qui concerne la JEP, c'est tous les jours que nous faisons un pas en avant avec les victimes et les organisations de la société, avec le soutien respectueux des parties négociatrices", a souligné Linares.

Pour la magistrate, le système envisagé en Colombie est inédit dans le monde et a été conçu comme une juridiction pour la paix, dont la voie doit chercher à administrer une justice restaurative, qui recompose, qui reconstruit, qui est opportune et qui sera toujours soumise à la Constitution et à la loi. "Nous sommes là pour apporter aux victimes la vérité pour la non-répétition et nous sommes prêts à respecter les garanties de la justice à quiconque se présente, quelque soit sa condition. Nous ne sommes pas un tribunal de vengeance" a conclu Linares.

La Colombie face au monde

L'assesseur juridique de la table des conversations de La Havane, le juriste espagnol Enrique Santiago dit que la Colombie risque de se convertir en pays peu fiable face à la communauté internationale, pour ne pas mener à bien l'accord de paix. "Avec la situation de l'implémentation, nous allons trouver des alternatives à la lumière de la législation colombienne et des lois internationales. Nous allons analyser les scénarios, voir les modifications par rapport à ce qui a été accordé et chercher à revenir sur ces modifications dans la mesure où l'accord est la norme constitutionnelle en Colombie, dans toutes ses institutions. Nous lançons un appel à toutes les institutions co-responsables de la mise en oeuvre pour qu'elles respectent leur mandat" a signalé Enrique Santiago.

A la fin de la journée, des activités culturelles ont eu lieu sur la Place de Bolívar, en attendant des nouvelles de la réunion qui avait lieu à huis clôt entre le chef de la FARC et le Président de la République.

Source : VOZ




jeudi 26 octobre 2017

Qui a intérêt à l'érradication violente de la coca ?


Par Monica Arias
Source : Palabras al Margen

A propos du massacre de Tumaco

En Colombie, la culture de la feuille de coca est dans l'oeil du cyclone. Elle est aussi le coeur de la réussite ou de l'échec de l'Accord de La Havane car c'est la base de son principal objectif : Celui de terminer une guerre et sortir le narcotrafic des campagnes, de la politique et de l'économie.

Le port de Tumaco, qui se situe dans la région du département de Narino au bord du Pacifique, est le territoire le plus emblématique de cette croisée des chemins : Cette municipalité concentre 16% du total de la zone cultivée de coca en Colombie (environ 23.148 hectares)(1).

Cela explique l'impact du massacre qui a eu lieu le 5 octobre dernier dans les hameaux de Alto Mira et Frontera, à Llorente, sur le territoire municipal de Tumaco. Huit cultivateurs de coca y ont été assassinés et vingt autres ont été blessés, par des tirs attribués à la Police Anti-Drogues selon les organisations populaires.

Le massacre est le résultat d'une tension accumulée. Depuis le 28 septembre, près de 1.000 paysans cultivateurs de coca réalisent ce qu'ils appellent des "occupations humanitaires", une mobilisation permanente autour des plantations de coca pour éviter les opérations d'erradication forcée de la Police Nationale. D'autre part, depuis le début de la mise en oeuvre de l'Accord entre le Gouvernement et les FARC-EP, dans le département de Narino et dans d'autres (2), les mafias du narcotrafic ont commencé une campagne de menaces pour empêcher que les associations paysannes acceptent la substitution concertée. Plusieurs familles paysannes et des leaders communaux de Tumaco ont été forcées à déménager à cause de ces pressions.

Ainsi, dans le département du Narino, se trouvent de petites exploitations (qui sont potentiellement l'objet de la substitution concertée) et de grandes plantations de coca contrôlées par les mafias de la drogue (qui ne peuvent pas être un objet de substitution). Mais l'action de la Force Publique est indiscriminée, elle ne fait pas la différence entre les petits et les grands exploitants. C'est pourquoi les petits cultivateurs sont le dos au mur : d'un côté les mafias qui leur mettent la pression pour qu'ils continuent à cultiver et à répandre les cultures, d'un autre côté, le Gouvernement et les FARC qui font la promotion de la substitution et, évidemment, le Ministère de la Défense qui, poursuivant la stratégie du gouvernement des Etats-Unis, impose l'erradication. Finalement, les plus affectés sont les paysans pauvres et leurs familles dont l'unique ressource est la feuille de coca.


La mise en oeuvre de l'Accord

Comme souvent en Colombie, il s'agit là de la chronique d'une tragédie annoncée et ce n'est peut-être pas la dernière. Depuis le début de la mise en oeuvre de l'Accord de la Havane, la ruralité est réapparue comme un point de basculement entre la guerre et la paix.

L'Accord promeut une substitution des cultures illicites pour les petits cultivateurs, sur la base du volontariat, de la gradualité et de la concertation. Au cas où l'on n'arriverait pas à une concertation, le point 4 de l'Accord prévoit que "le Gouvernement procédera à l'erradication des cultures d'usage illicites, en priorisant l'erradication manuelle où c'est possible, et en prenant en considération le respect des droits humains, l'environnement, la santé et le Bien Vivre" (3). Mais sous les pressions du Gouvernement des Etats-Unis, le Gouvernement colombien a opté pour une double stratégie du "cinquante-cinquante" : 50.000 hectares pour la substitution concertée et 50.000 hectares pour l'erradication forcée, comme objectif à atteindre en 2017 (4). Depuis, les affrontements ne cessent pas. Comme l'explique un leader paysan : "Les fonctionnaires viennent pour nous expliquer et nous demander de signer les accords de substitution, et le jour d'après, la police arrive avec l'ESMAD (compagnie anti-émeutes) et ils arrachent les plants. Mais alors, sans les plants ? Quelle substitution ?". En cette année 2017, il y a déjà eu au moins 5 affrontements entre les cultivateurs de coca et la police :
  • Janvier - Avril : Manifestations cocaleras dans le Narino et fermeture de la voie vers la mer (5)
  • Juillet : Affrontements entre la Police Nationale et les cultivateurs de coca dans le Guaviare (6)
  • Juillet : Affrontements entre la Police Nationale et les cultivateurs de coca dans le Meta et le Caqueta (7)
  • Septembre : Manifestations cocaleras dans le Catatumbo, le Nord du Santander (8)
  • Octobre : Mort de 8 paysans cultivateurs de coca à Tumaco
Dans ce contexte, le massacre de Tumaco est le terrible épisode d'un conflit qui se trame depuis le début de la mise en oeuvre de l'Accord et qui se base au moins sur deux éléments : D'abord, la politique contradictoire qui imbrique érradication forcée et substitution concertée et ensuite, la désastreuse stratégie historique de l'Etat colombien qui "signe ce qui est exigé, puis ne respecte pas ce qui est accordé". Cette stratégie s'est sédimentée depuis plus d'un siècle dans un cycle vicieux de violence - négociation - accord - violation - violence.


La question paysanne derrière la coca

Depuis qu'elle a été introduite par les cartels de Cali et de Medellin à la fin des années 70, plus qu'une culture, la coca est devenue un axe des dynamiques économiques, politiques et sociales du territoire dans le sud du pays. La coca apparaît dans le Putumayo et le Narino quand les politiques agricoles de Carlos Lleras Restrepo commencent à décliner. Avec la liquidation de l'Institut du Marché Agricole, l'IDEMA, les colons du Putumayo se sont retrouvés sans soutien officiel et face à la chute des prix, ils ont trouvé une alternative dans la coca. C'est dans les années 90 que l'erradication a commencé : Les Programmes de Développement Alternatif, les PDA (pendant le gouvernement de César Gaviria) et plus tard les PLANTE (gouvernement de Samper) ont promis santé, éducation, des routes et du développement à la population contre l'arrachage de la coca, mais la seule chose qui est véritablement arrivée, c'est l'erradication, sans la santé, ni l'éducation, ni les opcions viables pour l'agriculture. Dans ce contexte, surgit la protestation sociale qui s'exprime dans la grêve civique de 1994 et dans les marches cocaleras de 1996 pour exiger de l'Etat qu'il respecte les alternatives économiques pour la substitution. Les Gouvernements signent mais ils ne respectent jamais. En 1997 apparaît le Bloque Sur des paramilitaires des AUC et cela engendre des déménagements massifs.

Au milieu de la violence, ces paysans quittent le Putumayo, ils vont coloniser de nouvelles terres et ils perdent leurs droits sur celles qu'ils avaient. Certains d'entre eux arrivent à des zones comme Alto Mira, à Tumaco, où la culture de coca trouve un bon créneau, un territoire avec un fleuve, de la montagne, une frontière et une terre sans propriété, où s'entremêlent les luttes pour la terre des colons et des conseils communautaires afrodescendants.

L'Accord de la Havane affirme que le problème n'est pas d'erradiquer mais d'avoir des alternatives économiques. Le Point 4.1 sur la substitution des cultures doit être complètement articulé avec le Point 1 sur la Réforme Rurale Intégrale. C'est à dire que l'Etat comme les FARC-EP reconnaissent que l'arrachage de la plante ne suffit pas : Ce dont on a besoin, c'est de la titrisation des terres (point 1.1), de programmes de développement (point 1.2 - PDET) et de plans nationaux qui amènent des routes, des connexions, la santé, l'éducation et le logement dans les zones rurales du pays.

Mais la classe politique colombienne n'écoute pas les experts. Depuis 2002, Dario Fajardo a insisté sur le fait que "pour semer la paix, il faut adoucir la terre" mais au Congrès de la République, on combine la lenteur des débats avec la modification de ce qui a été accordé et le premier projet de loi qui contribue à la mise en oeuvre des points 1 et 4 de l'Accord n'a toujours pas été attribué. Selon l'Observatoir de Suivi de la Mise en Oeuvre de l'Accord de Paix -OIAP-, la mise en oeuvre normative des points 1 et 4 n'atteint que 6,9%. Les grands propriétaires régionaux continuent à être accrochés à la terre, et avec elle, à la violence.

Ainsi, la paix n'arrive pas encore dans les campagnes. La Force Publique tire, les grands narcotrafiquants menacent et l'Etat n'offre pas d'alternatives. La Police viendra erradiquer et elle s'en ira, comme d'habitude. Les politiques sociales n'arriveront pas, comme d'habitude. Dans ces circonstances, on revit le déménagement forcé.

Qui est donc intéressé par l'erradication ? L'histoire des marches de la coca des années 90 le révèlent clairement : Avec le départ des paysans, les groupes armés mafieux prennent le contrôle du territoire, du transport comme des cultures (qui même arrachées, seront resemées), on perd tout droit de propriété paysanne et la paix est repoussée de quelques décennies.

Monica Arias Fernandez est doctorante en Philosophie Politique
Université Paris 7 Denis Diderot

  1. Datos tomados del informe SIMCI 2017 sobre cultivos ilícitos para el año 2016, consultado el 13/09/2017. Ver: https://www.unodc.org/documents/colombia/2017/julio/CENSO_2017_WEB_baja.pdf 
  2. ver el caso del asesinato de dos líderes cocaleros de Córdoba en enero de 2017 en: https://www.las2orillas.co/a-sangre-y-fuego-las-autodefensas-gaitanistas-buscan-retomar-uraba/ 
  3. Acuerdo Final para la Terminación del Conflicto y la Construcción de una Paz Estable y Duradera firmado el 24 de noviembre en el Teatro Colón.  P. 107. Consultado el 05/10/2017 en:http://www.altocomisionadoparalapaz.gov.co/procesos-y-conversaciones/Documentos%20compartidos/24-11-2016NuevoAcuerdoFinal.pdf 
  4. Ver: https://www.elespectador.com/noticias/paz/gobierno-espera-erradicar-100000-hectareas-de-cultivos-ilicitos-en-2017-articulo-702534 
  5. Ver: http://www.elpais.com.co/judicial/tumaco-sigue-paralizada-por-protestas-de-cocaleros.html 
  6. Ver: http://www.rcnradio.com/locales/meta/un-policia-retenido-y-varios-campesinos-desaparecidos-dejan-protestas-cocaleras-en-guaviare/ 
  7. Ver: https://www.elespectador.com/noticias/nacional/enfrentamientos-entre-cocaleros-y-la-policia-en-meta-y-caqueta-articulo-703626 
  8. Ver: https://www.laopinion.com.co/region/tension-por-erradicacion-de-coca-en-el-catatumbo-140221 

mardi 24 octobre 2017

Colombie : La paix en danger. Uni-e-s pour défendre la vie et la paix



Source : Pacocol

La mise en oeuvre de l'Accord Final est en grand danger. Au Boycott législatif, se sont ajoutés les masacres de la force publique et du paramilitarisme, particulièrement à Tumaco et dans le Sud-Est colombien. Les 6 ex-combattants désarmés assassinés à San Jose del Tapaje, le crime de José Jair Cortés dans la zone rurale de Tumaco, les crimes perpétrés contre les enseignantes Liliana Astrid Ramirez à Natagaima (Tolima), Benicia Tobar à Guachené (Cauca) et contre l'ex-combattant amnistié Henry Meneses Ruiz à Miranda (Cauca), entre autres, et qui ont eu lieu à quelques jours ou quelques heures de différence, les menaces contre la direction nationale de l'Union Patriotique et l'attentat frustré contre le camarade Omar Romero à Cali, ne peuvent pas continuer à être considérés comme des faits isolés par l'Etat Colombien qui tourne le dos à ses responsabilités constitutionnelles.

Nous dénonçons ce que nous considérons comme un tournant dangereux en matière d'engagements officiels pour la mise en oeuvre de la paix. L'offensive du Procureur général, celle du parti Cambio Radical et du Centre Démocratique au Congrès, complète la politique de guerre contre les cultivateurs de coca menée par le Ministère de la Défense, à la marge et ouvertement contre l'engagement étatique sur le point IV de l'Accord Final. Le gouvernement impose par la force l'erradication en méconnaissant l'accord de paix, avec l'argument de Washington selon lequel respecter l'accord, c'est favoriser le terrorisme. Le massacre de El Tandil, dont la responsabilité officielle ne peut être occultée, marque la trajectoire téméraire d'une politique de guerre sociale qui cherche à reconfigurer d'innocents citoyens et d'anciens combattants désarmés, qui ont une volonté de paix, en "ennemi interne".

On est en train de se moquer de l'engagement de l'Etat dans l'Accord Final sur les garanties pour la vie et la non-répétition. Nous lançons une alerte à la Communauté internationale, à la deuxième mission de l'ONU, à la MAP-OEA, aux pays garants et accompagnateurs, à toutes les forces démocratiques et aux défenseur-e-s des droits humains du continent et du monde : En Colombie, la paix est en danger et nous avons besoin de redresser la trajectoire de cet espoir pour la Colombie et pour toute l'Amérique Latine.
  • Nous demandons que cessent le massacre et les menaces contre les défenseur-e-s de la paix.
  • Nous demandons d'arrêter l'erradication forcée, de réafirmer la priorité de la concertation volontaire du PNIS et des Plans de Développement Territoriaux.
  • Nous demandons des garanties spéciales de sécurité pour les Espaces Territoriaux de Qualification et de Réincorporation, et la cessation des opérations de guerre et d'intimidation.
  • Nous demandons la concrétisation d'une Unité Spéciale de Recherche du Ministère Public, avec une autonomie et des ressources pour enquêter sur toutes les facettes du système paramilitaire.
  • Nous demandons à ce que soit respecté le rôle de la Commission de Suivi de la Mise en Oeuvre CSIVI, en tant qu'instance responsable bilatérale du respect des accords.
  • Nous demandons de rendre plus facile le respect de leurs fonctions aux autorités civiles territoriales  et aux organisations populaires, ainsi que l'accompagnement solidaire des ex-combattants et ETCR.
Nous appelons à ce que toutes les voix et toutes les volontés s'unissent pour soutenir l'Accord Final avec les FARC et le dialogue de Quito avec l'ELN. La mobilisation nationale unitaire et la grève générale indéfinie sont des expressions de la paix en mouvement. Aujourd'hui plus que jamais, nous exigeons des garanties pleines et entières pour l'expression de la protestation populaire.

PARTI COMMUNISTE COLOMBIEN
UNION PATRIOTIQUE

Bogota, 22 octobre 2017



mardi 15 août 2017

Déclaration de Jean Arnault, chef de la mission des Nations Unies en Colombie


Source : Mission ONU Colombie

Pondores, La Guajira. 15 Août 2017
J'ai le plaisir de vous informer sur le bilan des opérations et activités liées au dépôt des Armes :

Enlèvement des containers
Aujourd'hui 15 août, se termine le processus d'extraction de la totalité de l'armement et des restes de munitions présents dans les 26 campements des FARC-EP ainsi que ce qui a été retrouvé dans les caches à la date d'aujourd'hui. En plus de l'opération qui est en cours à Pondores, des opérations d'extraction sont en cours d'exécution dans quatre zones en ce moment : La Reforma, Yari, La Guajira et La Variante. Le matériel transporté dans les containers comprend 8.112 armes et près de 1.300.000 cartouches incinérées. 

Je souligne que le processus d'extraction comprend 16 mouvements aéro-terrestres et 10 terrestres, ce qui représente plus de 50 heures de vol des 3 hélicoptères de la Mission et plus de 11.000 km parcourus.

Au jour d'aujourd'hui se termine aussi la destruction de tout le matériel instable qui se trouvait dans les 26 campements comprenant des mines antipersonnel, des grenades, des explosifs artisanaux, de la poudre, entre autres.

Opérations dans les caches d'armes
En ce qui concerne les opérations dans les caches, on dispose à la date d'aujourd'hui d'une information sur 873 caches dont le matériel a été récupéré dans 510 caches.

Jusqu'à maintenant, concernant le résultat des opérations d'extraction des caches d'armes, la Mission de l'ONU sur le terrain a comptabilisé le matériel suivant :
  • 795 armes
  • 293 803 munitions de différents calibres pour des armes légères
  • 22 077 kilogrammes d'explosifs divers
  • 25 216 mètres de cordon de détonation et de mèche lente
  • 3 957 grenades (de main et de 40 mm)
  • 1 846 mines antipersonnel
  • 27 282 détonateurs
  • 1 130 munitions de mortier ( parmi lesquels sont identifiés du 81 mm, 60 mm et des roquettes.
Il me semble que c'est un chiffre important, qui démontre que définitivement, il y a eu un processus exhaustif de dépôt des armes, pas seulement un processus de dépôt des armes individuelles, mais un processus exhaustif de tout ce que contiennent les équipements des FARC-EP. Et comme l'a dit le président Juan Manuel Santos, cela met le pays sur la voie d'une nouvelle étape.
Merci beaucoup.



Déplacement des containers de Nations Unies dans le Tolima