Comme elle est sombre cette fin d'année, malgré les lumières scintillantes que les administrations municipales ont installé dans les rues.
Comme elle est confuse avec cette fausse rumeur de printemps qui envahit les arbres désorientés par le changement climatique. Oui, l'accord de la COP21 signé au début du mois ne trompe ni les nuages, ni les arbres, ni la terre... Ils connaissent déjà l'histoire du flutiste de Hamelin, et s'ils feignent d'accepter la douceur de la température, c'est pour lancer quelques dernières fusées d'alerte.
Comme elle est nostalgique cette fin d'année, malgré les fleurs des pommiers du Japon, flocons rouges en folie, avancés d'au moins deux mois sur le cours habituel des saisons et qui font jaillir des nostalgies de neige... Qui aurait misé sur le fait que les facteurs, les balayeurs, et les gens de la rue regretteraient les flocons blancs et les gelées ?
Comme elle est confuse avec cette fausse rumeur de printemps qui envahit les arbres désorientés par le changement climatique. Oui, l'accord de la COP21 signé au début du mois ne trompe ni les nuages, ni les arbres, ni la terre... Ils connaissent déjà l'histoire du flutiste de Hamelin, et s'ils feignent d'accepter la douceur de la température, c'est pour lancer quelques dernières fusées d'alerte.
Comme elle est nostalgique cette fin d'année, malgré les fleurs des pommiers du Japon, flocons rouges en folie, avancés d'au moins deux mois sur le cours habituel des saisons et qui font jaillir des nostalgies de neige... Qui aurait misé sur le fait que les facteurs, les balayeurs, et les gens de la rue regretteraient les flocons blancs et les gelées ?
Pour cette année 2015 en France, la morosité ambiante est encadrée par deux séries d'attentats sanglants, avec leurs conséquences institutionnelles et sociales respectives. Début janvier, avec un prétexte religieux, le fanatisme a ciblé et assassiné des juifs, des journalistes de "Charlie Hebdo" et des policiers. Et à la mi-novembre, la même barbarie a attaqué au débotté des jeunes "sans étiquette identitaire", si ce n'est qu'ils buvaient un coup ou mangeaient quelque chose à la terrasse d'un café, qu'ils dansaient à un concert ou qu'ils voulaient faire la fête au stade. Ces faits ont ébranlé le pays entier.
Alimentés par la connection continue au spectacle terroriste et à sa récupération politique postérieure, à travers la couverture médiatique, chaque citoyen, chaque citoyenne, s'est perçu-e comme cible potentielle de la tyrannie. Depuis lors, la société, en état de choc traumatique, se laisse séduire chaque jour un peu plus par le régime de la peur et du soupçon.
Il y a les faits.
Il y a leurs causes.
Et il y a leurs effets.
Si le pommier du japon fleurit, ce n'est pas à cause des musulmans ni des migrants.
Et cela ne justifie pas l'assignation à domicile, la constitutionnalisation de l'état d'urgence et la déchéance de nationalité.
Notre pays et l'Europe sont l'oeil du cyclone des désordres mondiaux. La responsabilité de ces désordres leur incombe en grande partie et nous vivons les conséquences du chaos général international qu'ils ont contribué à créer. Avec la crise des migrants et des réfugiés directement liée aux guerres en Syrie et en Irak, il faut rappeler ici aux va-t-en-guerres que les interventions militaires ne sont pas indolores : la misère du monde qui vient frapper à nos portes et qui vient se noyer près de nos côtes, ne sort pas de Rien. Il n'y a pas de génération spontanée des détresses. L'ordre capitaliste et "occidental" imposé au monde avec les traités de libre échange et l'infanterie lourde des multinationales est un arsenal terrible qui détruit les biens communs et les liens sociaux.
Si des jeunes se font exploser, ce n'est pas à cause des musulmans et des migrants.
Et cela ne justifie pas l'assignation à domicile, la constitutionnalisation de l'état d'urgence et la déchéance de nationalité.
Alimentés par la connection continue au spectacle terroriste et à sa récupération politique postérieure, à travers la couverture médiatique, chaque citoyen, chaque citoyenne, s'est perçu-e comme cible potentielle de la tyrannie. Depuis lors, la société, en état de choc traumatique, se laisse séduire chaque jour un peu plus par le régime de la peur et du soupçon.
Il y a les faits.
Il y a leurs causes.
Et il y a leurs effets.
Si le pommier du japon fleurit, ce n'est pas à cause des musulmans ni des migrants.
Et cela ne justifie pas l'assignation à domicile, la constitutionnalisation de l'état d'urgence et la déchéance de nationalité.
Notre pays et l'Europe sont l'oeil du cyclone des désordres mondiaux. La responsabilité de ces désordres leur incombe en grande partie et nous vivons les conséquences du chaos général international qu'ils ont contribué à créer. Avec la crise des migrants et des réfugiés directement liée aux guerres en Syrie et en Irak, il faut rappeler ici aux va-t-en-guerres que les interventions militaires ne sont pas indolores : la misère du monde qui vient frapper à nos portes et qui vient se noyer près de nos côtes, ne sort pas de Rien. Il n'y a pas de génération spontanée des détresses. L'ordre capitaliste et "occidental" imposé au monde avec les traités de libre échange et l'infanterie lourde des multinationales est un arsenal terrible qui détruit les biens communs et les liens sociaux.
Si des jeunes se font exploser, ce n'est pas à cause des musulmans et des migrants.
Et cela ne justifie pas l'assignation à domicile, la constitutionnalisation de l'état d'urgence et la déchéance de nationalité.
Ces "jeunes à la bombe" sont des français, ils ne viennent pas d'ailleurs. S'ils vont en Syrie pour faire la guerre ou s'ils se lancent dans des attentats suicides ici, c'est que le radicalisme religieux leur offre une affiliation, que la fraternité à travers l'homicide et la soumission jusqu'à la mort donne un sens à leur vie, et que ce sens, ils ne l'avaient pas trouvé dans notre République... Le problème n'est donc pas religieux : Il réside dans la transmission et dans la réalisation concrète des valeurs d'Egalité, de Liberté et de Fraternité. L'Etat, logiquement et légitimement, utilise des dispositifs de sécurité pour affronter les menaces terroristes mais cette réponse ne peut pas être l'unique et doit être limitée à court terme.
Si l'extrême-droite se développe sans cesse, ce n'est pas à cause des musulmans et des migrants.
Et cela ne justifie pas l'assignation à domicile, la constitutionnalisation de l'état d'urgence et la déchéance de nationalité.
Quand le parlement, avec la prolongation de l'Etat d'urgence, vote avec une large majorité des mesures d'assignation à résidence basée sur le fait qu'il "existe des raisons sérieuses de penser que le comportement constitue une menace pour la sécurité et l'ordre publics", que le gouvernement les utilise pour limiter la mobilisation des défenseurs de l'environnement pendant la COP21 et que les préfectures commencent à interdire des manifestations syndicales, cela marque de manière très claire, avec la prééminence du soupçon et de la présomption de culpabilité, que la gauche qui mise sur la raison et la présomption d'innocence, a perdu la bataille de l'hégémonie idéologique et culturelle.
Quand la frange gouvernementale droitière de ce qui reste de la sociale-démocratie française commence à parler de déchéance de nationalité pour les bi-nationaux nés en France, cela signifie que si "Rachid", "Pablo" ou "Jean-Jacques" commettent un crime, ils ne sont pas français de la même manière car aux uns on pourra enlever la nationalité et à l'autre, non... Et voilà comment on sape l'article 1er de la Constitution : "La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances."
Quand la frange gouvernementale droitière de ce qui reste de la sociale-démocratie française commence à parler de déchéance de nationalité pour les bi-nationaux nés en France, cela signifie que si "Rachid", "Pablo" ou "Jean-Jacques" commettent un crime, ils ne sont pas français de la même manière car aux uns on pourra enlever la nationalité et à l'autre, non... Et voilà comment on sape l'article 1er de la Constitution : "La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances."
Depuis 25 ans, l'extrême-droite française, le Front National, progresse constamment : Ils sont des millions, maintenant, les électeurs qui considèrent que c'est une alternative possible au sein même de nos institutions républicaines. Il progresse dans les têtes, dans les discours, dans les actes et dans les urnes. Ce 6 décembre 2015, avec 6.820.147 voix aux élections régionales, il a été confirmé comme "premier parti de France".
... Oh qu'elle est sombre et obscure cette fin d'année.
Les musulmans, les migrants et les pommiers du japon ont peur.
Moi aussi.
Paris. 27 décembre 2015
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