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lundi 20 juin 2022

Pour Rachel. Le Vieux Communiste. Traduction



Un vieil homme qui était communiste 
S'assoit pour fumer tout l'après-midi 
Alors qu'une bonne pluie tombe dehors 
A voix nue, le vieil homme pense 

Parce qu'à sa fenêtre se réunissent
De grises colombes, tristes qu'il fume
De grises colombes, tristes qu'il fume

Il tourne ses yeux vers un jour lointain
Vers un livre, un baiser, une fille, une pensée
Vers un livre, un baiser, une fille, une pensée
Il croit que plus rien ne le surprend
Qu'il a été guéri de la peur, qu'il a épuisé les pleurs
Qu'il a été guéri de la peur, qu'il a épuisé les pleurs

Il se souvient des chansons qu'il chantait
Et de conversations avec les amis jusqu'à l'aube
Et de conversations avec les amis jusqu'à l'aube
Il se souvient du coin de sa maison
Quand il a dit adieu et qu'il a vu sa mère pleurer
Quand il a dit adieu et qu'il a vu sa mère pleurer

Et maintenant il pleut aussi dans ses yeux 
Il est surpris que ça fasse encore mal 
Les années, la vie, son amour 
Les années, la vie, son amour 

Oh, oh-oh-oh-oh ça fait toujours mal 
Oh, oh-oh-oh-oh ça fait toujours mal 
Oh, oh-oh-oh-oh ça fait toujours mal 
Oh, oh-oh ça fait toujours mal

Manuel Garcia (Chili)
Un viejo que fuera comunista 
Se sienta a fumar la tarde entera 
Mientras buena lluvia cae afuera 
Con voz desnuda, el viejo piensa 

Porque coinciden en su ventana 
Palomas grises con la pena que fumara 
Palomas grises con la pena que fumara 

Torna sus ojos a un día lejos 
Cuando a un libro un verso, a una muchacha un pensamiento 
Cuando a un libro un verso, a una muchacha un pensamiento 
Cree que ya nada lo sorprende 
Que se curó de espanto, desgastó el llanto 
Se curó de espanto, desgastó el llanto 

Recordó canciones que cantaba 
Y conversaciones con amigos hasta el alba 
Y conversaciones con amigos hasta el alba 
Recordó la esquina de su casa 
Cuando dijo adiós y vio a su madre que lloraba 
Cuando dijo adiós y vio a su madre que lloraba 

Y ahora en sus ojos también llueve 
Pues le sorprende que aún le duele 
Los años, la vida, su amor 
Los años, la vida, su amor 

Oh, oh-oh-oh-oh aún le duele 
Oh, oh-oh-oh-oh aún le duele 
Oh, oh-oh-oh-oh aún le duele 
Oh, oh-oh aún le duele

Manuel Garcia (Chile)

jeudi 6 août 2020

Discours du 6 août. Fête de l'indépendance de la Bolivie


Au nom de la Cellule Robespierre du Parti Communiste Colombien à Paris

Chers camarades et amis,

Ce jeudi 6 aout 2020, en bord de Seine à Paris, au pied de la statue du général des armées indépendantistes, Simon Bolivar, nous célébrons une victoire, celle que Bolivar remporte sur le général espagnol José de Canterac lors de la bataille de Junin en 1824. Un an plus tard, sera déclarée l'indépendance de la Bolivie au cours du congrès de Chuquisaca, suite à la Bataille d'Ayacucho remportée par le général Antonio José de Sucre, lieutenant de Bolivar. 

Aujourd'hui, l'état Bolivien se définit comme Etat Plurinational de Bolivie, cette définition aura permis aux peuples originaires de retrouver la reconnaissance et la dignité au bout de plusieurs siècles de luttes et de batailles. Mais le coup d'état parlementaire de novembre 2019, mené par les couches les plus réactionnaires du pays, avec la complicité des militaires, a amené une terrible répression, des assassinats, une persécution politique des anciens leaders du MAS. Ils prétendent faire revenir en arrière toutes les avancées qui ont permis à la Bolivie de retrouver sa dignité et sa souveraineté, avec des résultats économiques qui ont permis à de larges couches de la population de sortir de la misère.  

Nous, Communistes Colombiens, citoyens d'un Etat Bolivarien, exprimons notre solidarité avec les peuples boliviens et dénonçons la violence et la répression dont nos frères et soeurs boliviens et boliviennes sont victimes avec la complicité et l'intervention directe des Etats-Unis d'Amérique. Le Parti Communiste Colombien a dénoncé à plusieurs reprises le coup d'état perpétré contre le gouvernement d'Evo Morales, élu démocratiquement, et qui a été renversé par une bourgeoisie raciste, d'extrême-droite, disposée à vendre la souveraineté des peuples boliviens pour pouvoir maintenir ses privilèges.

Chers camarades et amis, permettez-moi aussi de profiter de cette occasion pour vous annoncer que l'ancien président de la Colombie Alvaro Uribe, promoteur du paramilitarisme et des années de répression, représentant de l'extrême-droite latino-américaine, vient d'être assigné à résidence par décision de la Cour Suprême de Justice de notre pays. C'est une décision que nous célébrons et qui remplit d'espoir les victimes du paramilitarisme et toutes celles et ceux qui bataillent pour les droits humains et la justice sociale.

Camarades, nous savons que le gouvernement golpiste cherche à repousser la date des élections car ils savent que la majorité des peuples boliviens soutient le MAS. Nous exigeons que la volonté majoritaire des boliviens et boliviennes puisse s'exprimer démocratiquement et que les tentatives golpistes soient mises en échec.

Non à l'interventionisme étasunien !
Vive les luttes d'indépendance des peuples de Bolivie !
Jallala Bolivia !

Manuel Salamanca


lundi 25 novembre 2019

#Colombia: otro terremoto popular sacude el neoliberalismo (#PCF)


Comunicado del Partido Comunista Francés

El jueves pasado, más de un millón de colombianos respondieron a la convocatoria de un paro nacional lanzado por los sindicatos al que se unieron estudiantes, pueblos indígenas, organizaciones ambientales y sectores de la oposición, para denunciar las decisiones del gobierno de ultraderecha de #IvanDuque. Un gran "cacerolazo" cerró el día para denunciar la violencia de la policía antidisturbios.

Al proclamar "No a la guerra, defendamos la vida, ¡está prohibido rendirse!", los manifestantes pusieron en la agenda el tema de los derechos de las víctimas de los conflictos armados y la lucha contra la impunidad de los asesinos de representantes de pueblos indígenas, líderes sociales y excombatientes.

Esta movilización se produce en un clima de fuertes tensiones y movilizaciones en América Latina, donde los pueblos denuncian las lógicas devastadoras y depredadoras de un sistema económico que exacerba la complicidad entre los líderes económicos de las multinacionales y los políticos ultranacionalistas y liberales.

Ivan Duque, que sufrió graves reveses en las elecciones locales de octubre, sufre una impopularidad del 69% y trata de canalizar la protesta social criminalizándola y estigmatizándola. Utiliza, como Piñera, Bolsonaro o Añez, una salvaje represión policial que terminó este jueves con 3 muertos y 122 heridos entre los manifestantes. Represión que sus alliados "occidentales" apoyan muy calladamente.

El Partido Comunista Francés (PCF) desea expresar su solidaridad y apoyo al pueblo colombiano, a las organizaciones sociales y políticas que exigen opciones políticas que rompan con el capitalismo desenfrenado alineado con Washington.

El PCF hace un llamado al diálogo nacional para abrir el camino que permita salir de la crisis por arriba. Llama la comunidad internacional a trabajar en esta dirección a fin de evitar cualquier operación de injerencia parecida a las que ocurren demasiado amenudo en el continente latinoamericano ultimamente.

PCF - Partido comunista francés, 
París, 25 de noviembre de 2019
Source : PCF-Monde


vendredi 30 août 2019

Le futur de la Colombie ne peut pas être la guerre



Bogotá, 29 août 2019
Communiqué PCC-UP
Source : Pacocol

L'annonce faite aujourd'hui par un groupe d'ex-dirigeants des FARC-EP de leur persistance dans la clandestinité et la lutte armée constitue un fait politique avec de graves conséquences pour le processus de mise en œuvre de l'accord de paix et pour la perspective de lutte démocratique dans le pays.

Il est évident et indiscutable que des aspects substantiels de l'accord signé ne sont pas respectés, que les intentions réelles de l'extrême droite, du gouvernement actuel et des secteurs de la classe dominante sont de le détruire et de revenir à la politique de la guerre et de la peur pour justifier leur orientation réactionnaire et empêcher toute réforme et ouverture démocratique. Mais c'est par une stratégie politique qui appelle et mobilise la participation la plus large et l'intervention citoyenne dans les villes et les campagnes de Colombie que cela doit être dépassé. L'attitude du gouvernement qui relie la décision des ex-dirigeants au Venezuela est infâme.

Conformément à la tradition politique du Parti Communiste Colombien et de l'Union Patriotique qui ont toujours défendu la solution politique négociée, nous appelons tous les secteurs engagés pour la paix, le mouvement social et la communauté internationale à défendre l'Accord de Paix et sa pleine mise en œuvre, à protéger la vie des leaders socio-politiques et des ex-combattants en processus de réincorporation civile, et à ne pas renoncer à la conquête de la paix avec justice sociale.

Parti Communiste Colombien - Union Patriotique


samedi 2 juin 2018

Espagne. Investiture de Pedro Sánchez, nouveau chef du gouvernement espagnol


Communiqué PCE. 1er juin 2018
Source : http://www.pce.es/docpce/pl.php?id=6316

Le PCE (Parti Communiste Espagnol) a soutenu la motion de censure qui a expulsé le PP (Parti Populaire) du gouvernement de l'Espagne après 7 ans de restrictions budgétaires et de corruption, et a investi comme nouveau chef du gouvernement, le secrétaire général du PSOE (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol), Pedro Sánchez. Nous l'avons fait pour des raisons que nous considérons partagées et comprises par la majorité de la société espagnole : Le besoin d'expulser du gouvernement le parti de la corruption et du pillage.

La motion de censure a mis fin à la situation que nous avions cherché à éviter après les dernières élections générales, en travaillant alors pour constituer une gouvernement de progrès qui empêche le PP de continuer à gouverner l'Espagne et qui garantisse le respect de la démocratie. Cela n'avait pas été possible à l'époque et l'Espagne a payé un prix très cher : l'accroissement des mesures néolibérales qui ont aggravé les conditions de vie des travailleurs et travailleuses, une crise territoriale incontrôlable, un recul des libertés fondamentales et l'augmentation de la répression. Nous nous réjouissons d'avoir maintenant l'occasion d'inverser les conséquences tragiques du gouvernement du PP, alors que l'Espagne a perdu deux ans en étant gouvernée par le parti le plus corrompu d'Europe.

Les années de gouvernement du PP ont rendu habituelles et structurelles la corruption - Gürtel, Púnica, Barcenas, etc-, le pillage des deniers publics pour financer le parti et enrichir ses dirigeants, la manipulation des juges et des procureurs - pour se protéger et chercher à garantir l'impunité des corrompus, et la manipulation des médias de communication publics pour se couvrir et distraire l'attention, fort heureusement sans le réussir pleinement.

Il fallait expulser le PP à cause de ces corruptions multiples et nous y sommes arrivés grâce au travail d'enquête et d'alerte des journalistes, des pétitions populaires, de nombreux juges et procureurs, de policiers et de gardes civils. Grâce à leur travail on connait la vérité et on avance pour que justice soit faite sur les crimes commis par les élites politiques du pays et qui ont provoqué des dommages qu'il est indispensable de réparer maintenant.

Il fallait expulser le PP à cause de ses politiques économiques de restrictions budgétaires et de démantèlement de l'Etat Social, avec leurs conséquences tragiques pour la classe au travail et avec leurs attaques constantes et la compression des libertés démocratiques.

Et nous l'avons réussi, nous qui remplissons les rues et les places pour lutter contre les réductions des services publics, des droits sociaux et du droit du travail, contre la précarité et la corruption, contre les violences machistes, en défense du système de retraites publiques, contre les expulsions et pour le droit au logement, nous qui dans la rue avons dit "Non" à ce gouvernement, en démontrant que la société disait : Basta. Aujourd'hui nous avons une victoire, nous devons la célébrer.

Nous l'avons réussi grâce aux 67 sièges de députés de Unidos Podemos, fruits en grande partie de tous ces luttes populaires, comme le sont aussi les Mairies arrachées au bipartidisme, nouvelles institutions créées à partir de la mobilisation populaire et la convergence.

Les député.e.s de Unidos Podemos ont été la clef du succès de la motion de censure. Elles et ils sont la garantie que le nouveau gouvernement accomplira les tâches qui permettront de convoquer des élections générales dans un climat de normalité démocratique.

Nous considérons que les tâches indispensables que doit aborder le nouveau gouvernement sont :

  • Clore l'étape de la corruption : En finir avec les pratiques corrompues depuis les pouvoirs publics, garantir les conditions et les moyens pour que la justice agisse de manière impartiale et garantisse qu'il n'y a pas d'impunité pour les crimes de corruption.
  • Régénérer la justice et garantir la pleine jouissance des droits civils et politiques. En finir avec les limitations à la liberté d'expression et de manifestation, et garantir l'impartialité des médias de communication publics.
  • Abroger les mesures réactionnaires du PP comme la réforme du travail, la LOMCE sur l'Education, la réforme des retraites et la loi "bâillon" sur les libertés publiques, garantir l'accès au logement, modifier la loi sur les hypothèques et mettre en route des mesures d'urgence contre le chômage, l'exploitation et la précarité croissante pour récupérer une partie des droits spoliés.
  • Normaliser la situation en Catalogne en commençant par un large dialogue pour arriver à des accords politiques qui reconstruisent le "vivre ensemble" où nous défendrons un modèle d'état républicain et fédéral.

Ce gouvernement peut servir pour réparer ce qui a été détruit par le PP. Mais nous ne croyons pas qu'un gouvernement du PSOE réunisse les conditions permettant de mettre en route les nouvelles politiques de changement pour construire une société plus juste, ni par son fragile poids parlementaire, ni par son programme politique. C'est un gouvernement provisoire, peut-être utile pour aborder les tâches urgentes évoquées ci-dessus, mais qui peut difficilement aborder les grandes transformations dont a besoin notre pays au niveau politique, économique et social. Notre soutien au président Sánchez dépendra de l'adoption par son Gouvernement des mesures urgentes que nous avons citées pour régénérer la démocratie et améliorer en urgence les conditions de vie de notre peuple. En cela nous serons exigeants.

Et Pedro Sánchez ne doit pas oublier qu'il est président deux ans après des élections générales, à cause de son erreur quand il a fait confiance à Ciudadanos, le parti qui considère que c'est "terrible" d'expulser les corrompus du gouvernement. "Terrible" vient de terreur et il semble bien qu'Albert Rivera exprime inconsciemment la terreur que provoque la démocratie chez les banquiers et les riches de notre pays, ceux qu'il représente si bien : la terreur de perdre le statut que ceux-ci leur ont fabriqué, la terreur de devoir suivre le chemin qu'a dû prendre Rajoy. La peur, sur laquelle croît le fascisme, qui se développe aussi à partir de l'ignorance que développent les moyens de communication derrière qui se cachent les banquiers et les patrons.

Effectivement, la peur va changer de camp et avec ses mots, Rivera démontre qu'il a peur de ces "espagnoles et espagnols" dont il parle tant. "Ciudadanos" a peur parce qu'ils savent que leur discours phalangiste et patriarcal, xénophobe et excluant, leur soutien inconditionnel au PP, parti le plus corrompu d'Europe, apparaît de plus en plus clairement. Il est clair que Ciudadanos est la même chose que le Parti Populaire, avec une plus grande dose d'opportunisme, c'est à dire un danger pour l'Espagne.

Alors que la majorité du peuple espagnol célèbre l'expulsion du PP ou l'accepte comme un acte démocratique, nous constatons également que les médias derrière lesquels se cachent les banques, parlent de "chaos" et de "catastrophe". En voilà encore qui ont peur des "espagnoles et des espagnols".

Dans ce nouveau contexte, nous réaffirmons la nécessité de renforcer l'unité populaire et la convergence des forces de gauche, de renforcer l'organisation populaire, celle de la classe des travailleuses et travailleurs pour continuer les luttes, unique garantie pour réussir les changements auxquels nous aspirons et qui doivent ouvrir le processus constituant ver la IIIème République des travailleuses et travailleurs de tous les peuples d'Espagne. Notre défi le plus proche est celui des prochaines élections municipales, autonomiques, et particulièrement les prochaines élections législatives que le PCE considère devoir être célébrées le plus rapidement possible, une fois que les institutions auront été décontaminées du mal immense qu'a engendré le Parti Populaire.

Aujourd'hui, nous célébrons le fait d'avoir expulsé le PP par la lutte et par les urnes.
Demain, il faut continuer la lutte pour faire le ménage dans les institutions de la corruption et pour récupérer les droits qu'ils nous ont volés.
Il faut continuer à construire l'unité populaire et la convergence politique vers la IIIème République.

Secrétariat du Comité Central du PCE

Trad°. CM




dimanche 6 mai 2018

1ères Assises Communistes de l'Ecologie. ECOMMUNISME

Alors que nous sommes quelques un.e.s de Nanterre à avoir participé aux 1ères Assises Communistes de l'Ecologie ces 4 et 5 mai, j'ai besoin de partager le corpus qui nous a été transmis. Pour contribuer à son appropriation, nous permettre d'entrer dans le débat, être associé.e.s aux choix, et prendre notre part dans la lutte pour un futur possible.


Proposition n°1 
Prendre le pouvoir sur nos assiettes, ça commence par comprendre comment ça se passe de la fourche à la fourchette 

Production => Transformation => Distribution => Consommation


Proposition n°2 
Habitant.e.s des banlieues, nous avons droit à la Ville écologique et c'est à nous de la construire. Stop inégalités sociales et environnementales


Proposition n°3 
Face à l'URGENCE CLIMATIQUE, nous répondons par un plan local, national et européen d'actions concrètes : Développement du fret ferroviaire, gratuité des transports en commun, circuits courts agricoles et industriels, rénovation thermique du logement, etc...


Proposition n°4 
En Europe, face au green washing mensonger auxquelles s’adonnent continuellement les entreprises comme les instances nationales et la Commission européenne, nous convergeons pour rompre avec les orientations des traités européens et de la BCE afin d'éviter le désastre.



Proposition n°5  
Selon les conclusions des travaux du GIEC, la nécessité climatique impérieuse est de faire reculer très rapidement et massivement les énergies fossiles carbonées (charbon, pétrole, gaz). En France, nous nous prononçons pour un mix énergétique 100% PUBLIC diversifié (Nucléaire et ENR).


Proposition n°6
Pour une politique nationale d'aménagement du territoire qui préserve la nature et les êtres humains, nous agissons pour stopper le laisser-faire libéral contre l'écologie et le cadre de vie.



Proposition n°7
Nous militons dans l'entreprise pour un droit d'intervention des salarié.e.s et des citoyen.ne.s afin d'imposer de nouveaux modes de production qui respectent la nature et l'humain







samedi 10 février 2018

Renforcer la bataille électorale et la lutte pour un changement politique démocratique


Résolution du Comité Central du Parti Communiste Colombien

Le Comité Central du Parti Communiste Colombien réuni le 3 février dernier a décidé de renforcer le travail de la campagne électorale en soutenant la liste unitaire Decentes, où la candidate du PCC et de la UP est Aida Avella, et il a décidé de soutenir la candidature présidentielle de Gustavo Petro. Il a réclamé des garanties politiques et des garanties de sécurité pour la campagne électorale du parti FARC, pour ses candidats aux législatives et son candidat présidentiel Rodrigo Londoño. La voie vers le premier tour est de réussir une grande convergence démocratique avec une candidature présidentielle et un programme commun (editorial VOZ).

Le Comité Central du Parti Communiste Colombien s'est réuni pour examiner les nouveaux faits politiques dans le contexte des élections parlementaires et présidentielles pour la période 2018-2022.

Alors que la signature et le début de la mise en oeuvre de l'Accord Final de Paix ont eu lieu il y a plus d'un an, le bilan est précaire. Sur 34 engagements législatifs, seuls 12 ont été concrétisés. La réforme politique, celle du système des partis et celle du système électoral, a été avortée. Le naufrage des 16 circonscriptions spéciales de paix a été orchestré. En dehors du surgissement et de la participation du parti FARC considérée comme fait novateur, la campagne politique actuelle a lieu avec les mêmes normes et les limitations traditionnelles. La confrontation est plus aigüe avec les facteurs qui cherchent à inverser et vider de sens la JEP (Juridiction Spéciale pour la Paix), et empêcher le démantèlement du paramilitarisme, ce qui empêche de garantir et de protéger l'activité politique et la vie des ex-combattants.

Paradoxalement, la banqueroute éthique des élites politiques traditionnelles qui se reflète dans les scandales de corruption permanents, qui concernent toutes les branches du pouvoir et ses hauts dignitaires ; comme la crise sociale profonde dérivée de l'orientation économique néolibérale mise en oeuvre par les gouvernements de droite, coupables de la pauvreté, du chômage, du travail informel,  ou du manque d'opportunités pour la jeunesse, ouvrent un champ du possible politique, pour un projet alternatif avec un programme de réformes avancées.

Le renforcement de la violence paramilitaire, de même que le traitement militariste de la protestation sociale, font partie de la même stratégie du bloc de pouvoir dominant qu'il est nécessaire de vaincre par l'unité, l'intelligence et la plus large participation populaire dans les différents champs de la lutte idéologique et sociale, comme sur le champ politique électoral. L'offensive anticommuniste prétend réveiller la peur de la paix, des changements et elle stimule la haine contre les anticonformistes et la gauche. C'est pourquoi ils utilisent sans cesse l'expression vide "castrochaviste" pour entacher les forces qui défendent le vivre ensemble et les réformes démocratiques...

Et ce n'est pas qu'en Colombie. Au Brésil, ils cherchent à emprisonner Lula pour barrer sa candidature présidentielle. La consultation en Equateur cherche à annuler politiquement Correa. Au Venezuela, Trump et ses alliés, avec Santos parmi eux, cherchent à ne pas reconnaître l'Assemblée Nationale Constituante et les élections présidentielles, qu'ils réclamaient tant auparavant. Nous sommes solidaires de l'Amérique Latine, ses luttes et ses avancées sont les nôtres.

Dans ces conditions, les résultats électoraux seront déterminants dans la vie des colombiennes et des colombiens à moyen et long terme. Les forces du passé cherchent à normaliser une nouvelle version de l'Etat paramilitaire. Et donc, la lutte pour la paix intégrale avec justice sociale et les changements économiques, sociaux et politiques, ont besoin d'un groupe parlementaire représentatif et d'un nouveau gouvernement démocratique. Dans ce contexte, le Comité Central du Parti Communiste réaffirme sa conception unitaire et approuve les orientations basiques pour l'action de toutes et tous ses militants et dirigeants :

1. Appeler le mouvement populaire et ses expressions sociales, syndicales, agraires, ethniques, de quartier, culturelles, le mouvement des Femmes, de l'Université et de la jeunesse à assumer son engagement à cette heure cruciale, en impulser par sa mobilisation, son initiative et son soutien l'option d'un gouvernement démocratique qui consolide la paix et les réformes indispensables pour vaincre la corruption les injustices et les crimes contre la vie.

2. Persister dans l'organisation d'une grande coalition ou convergence politique et sociale pour la Présidence de la République, capable de définir une candidature d'unité pour le premier tour. Dans cette perspective, participer et inviter à participer activement d'autres secteurs de gauche et des secteurs citoyens progressistes à la Consultation Présidentielle de la Décence, pour définir le candidat présidentiel entre les candidats Gustavo Petro et Carlos Caicedo qui, avec des expériences et des parcours différents, partagent un programme commun d'engagements dans la lutte contre la corruption, en faveur des réformes et pour la paix.

3. Soutenir comme point fondamental de cette consultation populaire, la diffusion et le renforcement dans le débat public des 6 points programmatiques suivants :
  • a. Un nouveau modèle économique qui élimine la forte concentration de la richesse pour pouvoir en finir avec la misère.
  • b. De profondes réformes sociales qui garantissent un socle de protection sociale pour tous les colombiens, spécialement la population rurale.
  • c. La gratuité de l'éducation supérieure publique et une politique bien conçue en matière de sciences et de technologies.
  • d. Environnement et technologies propres. On créera dans le pays une conscience pour affronter les risques du changement climatique, avec des mesures de prévention, d'atténuation et d'adaptation.
  • e. Autonomie régionale et efficience de l'Etat. Ainsi que garantir un Etat qui respecte les droits des citoyens avec zéro corruption.
  • f. Paix avec transparence et transformation sociale. Respecter et mettre en oeuvre fidèlement l'Accord de Paix signé au Théâtre Colon ; renouveler le dialogue et le cessez-le-feu bilatéral entre le gouvernement et l'ELN ; ouvrir le dialogue avec l'EPL.
4. La Consultation Présidentielle de la Décence a un rôle central dans la tactique électorale et exige un grand effort de conviction et de mobilisation citoyenne. Gustavo Petro et Carlos Caicedo contribuent avec patriotisme et générosité à cet exercice démocratique en fonction du projet unitaire présent et futur. Sur la base des contenus programmatiques énoncés ci-dessus, plus la consultation des directions départementales du Parti, la délibération du Comité Central, et du Comité Exécutif National de la UP, nous soutenons la candidature de Gustavo Petro dans la consultation du 11 mars. Nous reconnaissons le parcours de Pétro, un dirigeant au talent démocratique et progressiste, engagé dans la défense des accords de paix et la lutte contre la corruption, avec la capacité d'appeler aujourd'hui de larges secteurs citoyens indignés par la politique traditionnelle. Dans le Magdalena, le César et la Guajira, au vu de l'apport politique significatif et important de Carlos Caicedo à la lutte régionale démocratique et progressiste, les accords établis précédemment sont maintenus.

5. Défendre par la mobilisation et la pression populaire le droit constitutionnel des listes de coalitions et donc, redoubler nos efforts dans les semaines qui restent avant les élections, pour la campagne au Sénat pour la Liste de la Décence de notre candidate Aida Avella Esquivel n° #5 sur le bulletin électoral. Conquérir cette représentation est un apport très important au groupe parlementaire de la paix dans cette corporation et une reconnaissance historique de la lutte du Parti Communiste et de l'Union Patriotique.

6. Renforcer la campagne des candidats de la UP à la chambre des représentants et de leurs alliés dans les 21 départements du pays. Cet effort ne sera pas seulement récompensé par la possibilité de conquérir de nouvelles représentations mais aussi par le travail politique, social et organisationnel qui permet de renforcer la présence du PCC, de la UP et de ses alliés dans les territoires, avec la perspective de consolider les luttes sociales et politiques du moment avec une vision du futur.

7. Le PCC soutient le droit à la participation politique des militants de la FARC, élément fondamental du respect de ce qui a été accordé, et rejette les prétentions de l'extrême droite qui veut empêcher la participation politique des principaux dirigeants de la FARC. Il exige de l'Etat toutes les garanties nécessaires pour l'opposition politique et sociale. Bien que les circonstances politiques n'aient pas permis une participation conjointe de toutes les forces de gauche et des forces démocratiques dans des listes et des candidatures unitaires, le Comité Central salue fraternellement les aspirations des autres organisations du camp démocratique, particulièrement, les candidatures de la Force Alternative Révolutionnaire du Commun, FARC, au Congrès de la République, et de Timoleón Jimenez à la Présidence.

8. Finalement la plénière du Comité Central souligne le travail des militants du Parti, de la Jeunesse Communiste, de l'Union Patriotique et de ses alliés dans le pays et à l'extérieur qui, avec persistance et discipline, malgré les adversités et l'absence de garanties, montrent la présence vivante et persistante du collectif de lutte, unitaire, à un moment si important pour le pays et pour la lutte du peuple colombien.

Unissons toutes les forces de la paix, du vivre ensemble et la justice sociale pour un gouvernement réellement démocratique !
Participons massivement à la Consultation Présidentielle de la Décence !
Vive les listes de la Décence et de l'Union Patriotique au Congrès de la République !
Vive le Parti Communiste Colombien !

Bogotá, 3 février 2018.

Con mucho cariño para @AidaAvellaE desde Francia :


mardi 16 janvier 2018

La nouvelle 11ème thèse


Par Carlos Boaventura de Sousa Santos
Source : Blog Publico

En 1845, Karl Marx a écrit les célèbres Thèses sur Feuerbach. Rédigé après les Manuscrits économiques et philosophiques de 1844, le texte constitue une première formulation de l'intention marxienne : Construire une philosophie matérialiste centrée sur la praxis transformatrice, radicalement différente de ce qui était dominant à l'époque, et dont le principal représentant était Ludwig Feuerbach. Dans la célèbre onzième thèse, la plus connue de toutes, il déclare : "Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe c'est de le transformer". Le terme "philosophes" est utilisé au sens large, en référence aux producteurs de connaissance érudite, incluant aujourd'hui toute la connaissance humaniste et scientifique considérée comme fondamentale, en opposition aux sciences appliquées.

Au début du XXIe siècle, cette thèse pose deux problèmes. Le premier, c'est qu'il n'est pas vrai que les philosophes se soient employés à contempler le monde sans que leur réflexion n'ait eu d'impact sur la transformation du monde. Et même si cela a eu lieu quelque fois, cela a cessé avec le surgissement du capitalisme ou, plus largement, avec l'émergence de la modernité occidentale, surtout à partir du XVIe siècle. Les études sur la sociologie de la connaissance des cinquante dernières années ont prouvé que les interprétations du monde dominantes à une époque donnée sont celles qui légitiment, rendent possibles ou facilitent les transformations sociales menées par les classes ou les groupes dominants.

La conception cartésienne de la dichotomie nature/société ou nature/humanité en est le meilleur exemple. Concevoir la nature et la société (ou l'humanité) comme deux entités, deux substances selon la terminologie de Descartes, totalement différentes et indépendantes l'une de l'autre, comme la dichotomie corps/âme, et construire sur cette base tout un système philosophique est une innovation révolutionnaire. Cela choque le "sens commun", car nous n'imaginons pas d'activité humaine sans la participation d'un certain type de nature, en commençant par la capacité et l'activité d'imaginer qui a , elle-même, une composante cérébrale, neurologique. De plus, si les êtres humains ont une nature, la nature humaine, il sera difficile d'imaginer que cette nature n'a rien à voir avec la nature non humaine. La conception cartésienne a évidemment de nombreux antécédents, depuis les textes les plus antiques de l'Ancien Testament (le livre de la Genèse) jusqu'aux plus récents de Francis Bacon, qui fut presque son contemporain, et qui considérait que la mission de l'être humain est de dominer la nature. Mais ce fut Descartes qui a conféré au dualisme la consistance de tout un système philosophique.

Le dualisme nature/société, selon lequel l'humanité est totalement indépendante de la nature et la nature est également indépendante de la société, est tellement constitutive de notre manière de penser le monde, notre présence et notre insertion au monde, que penser de manière alternative est quasiment impossible, même si le sens commun nous rappelle que rien de ce que nous sommes, pensons ou faisons, ne peut se soustraire en soi de la nature. Pourquoi alors, dans les milieux scientifiques et philosophiques, cette prévalence et cette quasi évidence de la séparation totale entre nature et société ? Aujourd'hui, il est démontré que cette séparation, aussi absurde qu'elle puisse paraître, a été une condition nécessaire à l'expansion du capitalisme. Sans cette conception, il n'aurait pas été possible de légitimer les principes d'exploitation et d'appropriation sans fin qui ont guidé l'entreprise capitaliste depuis le début.

Le dualisme contenait un principe de différenciation hiérarchique radicale entre la supériorité de l'humanité/société et l'infériorité de la nature, une différenciation radicale qui se basait sur une différence constitutive, ontologique, inscrite dans les plans de la création divine. Cela a permis que, d'un côté, la nature se transforme en une ressource naturelle inconditionnellement disponible pour l'appropriation et l'exploitation au bénéfice exclusif de l'être humain. Et d'un autre côté, que tout ce qui est considéré comme nature, soit objet d'appropriation dans les mêmes termes. C'est à dire que la nature, au sens large, englobait des êtres qui, étant si proches du monde naturel, ne pouvaient pas être considérés pleinement humains.

De cette manière, on a reconfiguré le racisme pour signifier l'infériorité naturelle de la race noire et donc, la conversion "naturelle" des esclaves en marchandises. Ce fut l'autre conversion dont n'a jamais parlée le père António Vieira (fameux jésuite portugais, 1608-1697), mais qui fut présuposée dans toutes les autres conversions dont il parla brillamment dans ses sermons. L'appropriation est devenue l'autre face de la surexploitation de la force de travail. La même chose a eu lieu avec les femmes, en reconfigurant l'infériorité "naturelle" des femmes, qui venait de très loin, en la convertissant en condition de leur appropriation et surexploitation, qui consiste dans ce cas à l'appropriation du travail non payé des femmes qui s'occupent de la famille. Ce travail, aussi productif que l'autre, a été considéré par convention comme lié à la reproduction pour pouvoir le dévaluer, convention que le marxisme a rejeté. Depuis lors, l'idée d'humanité en est venue à coexister nécessairement avec l'idée de sous-humanité, la sous-humanité des corps racialisés et sexualisés. Nous pouvons donc conclure que la compréhension cartésienne du monde était impliquée jusqu'à la moelle dans la transformation capitaliste, colonialiste et patriarcale du monde.

Dans ce cadre, la onzième thèse sur Feuerbach pose un deuxième problème. Pour affronter les graves problèmes du monde d'aujourd'hui, qui vont des niveaux choquants d'inégalité sociale à la crise environnementale et écologique, au réchauffement global irrésistible, la désertification, le manque d'eau potable, la disparition des régions côtières, des événements "naturels" extrêmes, etc... : il n'est pas possible d'imaginer une pratique transformatrice qui puisse résoudre ces problèmes sans une autre compréhension du monde. Cette autre compréhension doit recueillir, de manière nouvelle, le "sens commun" de la mutuelle interdépendance entre l'humanité/la société et la nature. C'est une compréhension qui part de l'idée qu'au lieu de substances, il y a des relations entre la nature humaine et toutes les autres natures, que la nature est inhérente à l'humanité et que l'inverse est également vrai. Et que c'est un contresens de penser que la nature nous appartient, si nous ne pensons pas, de manière réciproque, que nous appartenons à la nature.

Ce ne sera pas facile. Contre la nouvelle compréhension et donc, contre la nouvelle transformation du monde, de nombreux intérêts agissent, bien enracinés dans les sociétés capitalistes, colonialistes et patriarcales dans lesquelles nous vivons. Comme je l'ai démontré, la construction d'une nouvelle construction du monde sera le résultat d'un effort collectif et d'une époque, c'est à dire, qu'il aura lieu au sein d'une transformation paradigmatique de la société. La civilisation capitaliste, colonialiste et patriarcale n'a pas de futur, et son actualité démontre qu'elle ne survit que par la voie de la violence, la répression, les guerres déclarées et non déclarées, l'état d'exception permanent, la destruction sans précédents de ce que l'on continue à considérer comme une ressource naturelle, et donc, disponible sans limites. Ma contribution personnelle dans cet effort collectif a consisté dans la formulation de ce que j'appelle les épistémologies du Sud. Dans ma conception, le Sud n'est pas un lieu géographique, c'est une métaphore pour désigner les connaissances construites dans les luttes des opprimés et des exclus contre les injustices systémiques causées par le capitalisme, le colonialisme et le patriarcat, tout en sachant évidemment que beaucoup de ceux qui constituent le sud épistémologique ont vécu et vivent aussi dans le sud géographique.

Ces connaissances n'ont jamais été reconnues comme des apports pour une meilleure compréhension du monde par les titulaires de la connaissance érudite ou académique, qu'elle soit philosophique, du domaine des sciences sociales ou des sciences humaines. C'est la raison pour laquelle l'exclusion de ces groupes a été radicale, une exclusion abyssale, qui a résulté de la ligne abyssale qui a séparé le monde entre les pleinement humains, où n'est possible que l'exploitation (la sociabilité métropolitaine), et le monde des sous-humains, populations jetables où sont possibles l'appropriation et la super-exploitation (la sociabilité coloniale). Une ligne et une division qui prévalent depuis le XVIe siècle jusqu'à aujourd'hui. Les épistémologies du Sud cherchent à recueillir les connaissances produites de l'autre côté de la ligne abyssale, le côté colonial de l'exclusion, afin de pouvoir les intégrer dans de larges écologies de savoirs où elles pourront interagir avec les connaissances scientifiques et philosophiques, afin de construire une nouvelle compréhension/transformation du monde.

Ces connaissances -jusqu'à maintenant invisibles, ridiculisées, supprimées- ont été produites tant par les travailleurs qui ont lutté contre l'exclusion non abyssale (zone métropolitaine), comme par les nombreuses populations aux corps racialisés et sexualisés en résistance contre l'exclusion abyssale (zone coloniale). En se centrant particulièrement sur cette dernière zone, les épistémologies du Sud portent une attention spéciale aux sous-humains, celles et ceux qui ont précisément toujours été considérés les plus proches de la nature. Les connaissances produites par ces groupes, avec leur immense diversité, sont étrangères au dualisme cartésien et, au contraire, conçoivent la nature non-humaine comme profondément impliquée dans la vie sociale-humaine, et vice-versa. Comme disent les peuples indigènes des Amériques : "La Nature ne nous appartient pas, c'est nous qui appartenons à la Nature". Les paysans du monde entier ne pensent pas de manière très différente. Et il en arrive de même avec des groupes chaque fois plus nombreux de jeunes écologistes urbains partout dans le monde.

Cela signifie que les groupes sociaux les plus radicalement exclus par la société capitaliste, colonialiste et patriarcale, parmi lesquels beaucoup furent considérés comme des résidus du passé en voies d'extinction ou de blanchiment, sont ceux qui, du point de vue des épistémologies du Sud, sont en train de nous montrer une porte vers l'avenir, un futur digne de l'humanité, et de toutes les natures humaines et non humaines qui la composent. Faisant partie d'un effort collectif, les épistémologies du Sud sont un travail en cours, encore embryonnaire. Dans mon cas, je pense que jusqu'à aujourd'hui, je n'ai pas réussi à exprimer toute la richesse analytique et transformatrice contenue dans les épistémologies du Sud que je propose. J'ai souligné que les trois modes principaux de domination moderne - la classe (capitalisme), la race (racisme) et le sexe (patriarcat)- agissent en s'articulant et que cette articulation varie avec le contexte social, historique et culturel, mais je n'ai pas porté suffisamment d'attention au fait que ce mode de domination s'appuie tellement sur la dualité société/nature, que sans le dépassement de cette dualité, aucune lutte de libération ne peut être un succès.

Dans ce contexte, la nouvelle onzième thèse devrait avoir une formulation de ce type : "Les philosophes, les chercheur.e.s en sciences sociales et les humanistes doivent collaborer avec tou.te.s celles et ceux qui luttent contre la domination, afin de créer des formes de compréhension du monde qui rendent possible des pratiques de transformation du monde libérant conjointement le monde humain et le monde non humain". Il est certain que c'est beaucoup moins élégant que la onzième thèse originale, mais cela nous serait peut être plus utile.

Source : Blog Publico
Traduction : CM




lundi 30 octobre 2017

L'oligarchie n'accepte rien de ce qui menace la dictature du capital


Entretien avec Carlos A. Lozano Guillén, directeur de VOZ 
Une analyse de la réalité colombienne  

Source : Rédaction politique de VOZ

Carlos A. Lozano Guillén est le directeur de VOZ et un analyste reconnu sur le thème de la paix. La preuve en est qu'il a écrit sept ouvrages sur ce sujet à différentes époques. Pour www.semanario voz.com, nous avons voulu connaître ses opinions sur les difficultés rencontrées pour l'application de l'Accord de La Havane et leurs perspectives de dépassement, au milieu des contradictions avec les ennemis de la paix, des fragilités du gouvernement de Santos, de la campagne électorale et la recherche d'une solution démocratique de la crise.

Question : Certains analystes, de droite comme de gauche, considèrent que le processus de paix traverse une crise difficile à résoudre. Suite à la décision de la Cour Constitutionnelle qui donne un feu vert aux modifications des projets par les congressistes, feu vert que ces derniers ont pris très au sérieux, on assiste à une crise de confiance, une crise du respect des engagements, une crise de l'application, en raison de la résistance du Congrès de la République à voter les lois et les actes législatifs qui mettent en oeuvre l'Accord de La Havane. Quelle est votre opinion ?

Réponse : Prenons les choses une par une. Il y a une crise dans le processus d'application de l'Accord de La Havane. Il est l'objet d'une espèce de renégociation dans certains cas et aussi de changement arbitraire, tant de la part du gouvernement et des agents de l'Etat que des congressistes, dont ceux qui sont dans la coalition gouvernementale. C'est, pour le Gouvernement, l'Etat et les partis de la coalition officialiste, sans doute pour des raisons différentes, une manière de poser un lapin à l'Accord avec les FARC-EP. Quelles qu'en soient les raisons, c'est un acte de trahison, un manque de parole. Les FARC-EP, par contre, ont respecté au pied de la lettre les engagements des accords pactés à La Havane - et qui les obligent. C'est la différence.

La panique de l'oligarchie face aux réformes

Au fond, ce que nous avons toujours expliqué est ratifié. J'ai dit à de multiples reprises dans de nombreuses analyses sur les processus de paix, et en faisant des comparaisons avec les précédents, que l'oligarchie colombienne, toute sans exception, a une peur panique des changements, des réformes démocratiques. Pour préserver le pouvoir sempiternel qu'ils ont maintenu grâce à la violence et la terreur, ils savent que leur pire ennemi est la démocratie, le régime des libertés et des garanties. C'est pourquoi les processus antérieurs ont échoué et c'est à cause de cela que la mise en oeuvre de l'Accord de la Havane est en crise. La clef de la classe dominante bourgeoise pour se maintenir au pouvoir a été la violence, la précarité démocratique et donc, ils n'ont aucun intérêt aux changements, aussi minimes soient-ils. Il y a parmi eux un secteur réaliste qui a compris la nécessité d'une ouverture limitée et c'est de là que viennent les tentatives de paix dialoguée et le succès de La Havane, mais ils cèdent aux pressions, ils font des concessions à l'ultradroite militariste et guérrière.

Les FARC ont respecté leur parole et ils ont mis fin à la lutte armée : ils ont laissé les armes et ils ont fait le passage à un parti sans armes, c'était ce qui intéressait Santos, Uribe Vélez, Vargas Lleras, Martínez Neira, et tous ceux qui détiennent le pouvoir et aspirent à maintenir le statu quo. Les changements qu'ils permettent sont ceux qui ne mettent pas en danger leur pouvoir politique et économique. C'est ce que Santos a appliqué pendant la négociation... Pas question de discuter le modèle économique, la propriété privée, la "confiance des investisseurs", etc... Rien de ce qui menace la dictature du capital.

Des contradictions dans le bloc dominant

Q : Mais il y a des contradictions entre eux...

R :  Bien sur qu'il y en a. On pourrait appeler ça les contradictions du bloc hégémonique au pouvoir, ou bloc dominant. Et elles s'expriment de différentes manières. Alors que Santos, par exemple, veut la réconciliation parce que la paix est son drapeau et que la paix n'a pas de sens sans réconciliation, l'extrême droite, elle, revendique la victoire militaire, prône la vengeance, les représailles et promeut la violence. Elle veut voir Timoleón et tous les anciens membres du Secrétariat des FARC en prison et extradés aux Etats-Unis. Mais en plus, ceux qui sont les plus compromis dans la guerre sale, le terrorisme d'Etat, la violence contre le mouvement populaire, la promotion du paramilitarisme et le génocide, ont peur de la justice transitionnelle et de la Juridiction Spéciale de Paix, la célèbre JEP, car il se pourrait qu'ils aient à y répondre de leurs atrocités. Ce sont les politiciens traditionnels, les chefs d'entreprise, grands propriétaires, éleveurs, commerçants qui ont protégé les crimes, les ont financé et l'ont fait en toute impunité. Celui qui a carte blanche, c'est l'ex-président Uribe Vélez qui a commis toute une série d'irrégularités et de délits et qui a été couvert par la Commission des Accusations de la Chambre des Représentants (Commission des Absolutions, dit-on). Mais il tombera. Que ce soit à la Cour Pénale Internationale ou quand existera une véritable justice dans le pays. Je partage la proposition de Roy Barreras, sénateur officialiste qui, face à l'offensive réactionnaire du Congrès, affirme que la meilleure voie est la convocation d'une Assemblée Nationale Constituante à moyen terme.

Un polititien réaliste mais avec un jeu double

Q : Ce que vous avez dit de Santos le met dans le camp des gentils ?

R : On ne peut pas dire ça comme ça. Santos est un politique réaliste, mais il joue aussi un double jeu. Au gouvernement, ils sont en train de reformuler parties des accords. Sa position est ambigüe, il fait des concessions à l'extrême droite. Il y a des ennemis de la paix à l'intérieur du Gouvernement et de l'Etat, et il n'agit pas contre eux. Il ne respecte pas non plus les pactes sociaux avec les communautés et cela fragilise les accords de paix, il y a une profonde insatisfaction populaire dans le pays. Regardez tout le jeu qu'il a donné à Vargas Lleras, cet affairiste en politique qui a monté sa campagne présidentielle avec des fonds publics et qui est à la tête du parti Cambio Radical, un des partis les plus infestés de parapolitique et de corruption. C'est pour ça qu'il craint tant la JEP. Il a fait un clin d'oeil à Néstor Humberto Martínez Neira pour qu'il soit Procureur Général de la Nation et regardez le rôle néfaste qu'il joue comme saboteur de la paix. Rodrigo Lara, le président de la Chambre, est un provocateur contre les accords de paix, son père Rodrigo Lara Bonilla, un homme extraordinaire, un démocrate, fondateur du Comité Permanent des Droits Humains, doit se retourner rageusement dans sa tombe en voyant son fils parrainer la guerre et soutenir les paramilitaires qui l'ont assassiné. Quelle horreur !

Camarades, il ne faut pas oublier que Santos a été le ministre de la défense d'Uribe Vélez, que pendant son mandat, il a fait l'attaque en Equateur pour assassiner Raúl Reyes, qu'il y a eu les faux positifs, et qu'il a soutenu les actions contre les facilitateurs de paix. Tout cela compte à l'heure de faire des bilans. Ne nous trompons pas. Il n'est pas correct, par exemple, de proposer des alliances électorales avec lui pour défendre l'Accord de La Havane, comme le proposent certains à gauche. L'assassinat d'Alfonso Cano a été un acte de trahison, alors qu'il était le principal interlocuteur pour établir les dialogues avec les FARC, il n'a pas hésité à ordonner son exécution. L'histoire n'est pas capricieuse, elle est têtue. Elle est vraie quand on raconte ou on écrit bien.

Le pays est ébranlé par les explosions sociales. La réponse qui y est donnée est au refus de les résoudre et la répression aux mains des criminels de l'ESMAD que le Gouvernement ne veut pas dissoudre malgré les exigences des organismes humanitaires nationaux et internationaux. On agit pas non plus contre le paramilitarisme et ses complices qui baignent de sang la géographie nationale. Dans le camp de la gauche et du mouvement populaire, il y a trop de morts et pourtant les sphères officielles continuent à nier l'existence du paramilitarisme et la vague systémique de violence. Il s'agit d'un plan d'extermination qui a le soutien des secteurs militaristes et d'espionnage de l'Etat. Et Santos n'agit pas. Je ne dis pas qu'il est engagé dedans, mais seulement qu'il n'agit pas en conséquence. Une partie des chefs de l'armée conspirent contre la paix. Ne nous y trompons pas.

Ce n'est pas l'hécatombe

Q : Et donc, que faire ? Quel chemin emprunter ?

R : D'abord, il faut dire que la situation est grave, délicate, mais que ce n'est pas non plus l'hécatombe. Nous ne sommes pas au fond du trou, sans solution. Quelquefois, on entend des discours catastrophiques, apocalyptiques. Comme s'il n'y avait plus de solutions. Cette conduite est erronée parce qu'elle engendre de la panique chez les gens et du pessimisme, elle paralyse la mobilisation et la réponse populaire. Au contraire, l'ensemble de la gauche et des organisations sociales d'avant-garde sont en train d'agir, en train de promouvoir la résistance populaire et la dénonciation internationale de ce qui se passe dans le pays. La grève du Sommet Agraire est exemplaire. Les mobilisations dans plusieurs régions aussi. La grève des pilotes, des fonctionnaires de la DIAN, les déclarations de la USO et l'appel à une grève générale nationale en défense des Accords de la Havane et de la vie, nous montrent le chemin à suivre. Nous ne pouvons pas être dans l'expectative, il faut agir, lutter. La meilleure tranchée, c'est la lutte et la résistance des masses.

Il y a d'autres initiatives qui avancent comme le référendum révocatoire du maire de Bogotá, Enrique Peñalosa, il y a aussi celles en provenance des organisations sociales et syndicales qui sont réunies quasiment en session permanente, et qui mûrissent les conditions d'une grêve nationale qui est inévitable. Il y a un bon état d'esprit dans le secteur social et populaire, et c'est important, car cela représente la présence de la majorité de la gauche.

Q : Il y a aussi le dialogue avec l'ELN...

R : Oui, l'observation est pertinente. Le dialogue avec l'ELN est en train de se développer et il est en bonne voie, avec un cessez-le-feu bilatéral qui court jusqu'au mois de janvier, avec des possibilités de prolongement. Il faut le défendre. La consigne n'est pas seulement de défendre l'Accord de La Havane, mais aussi le dialogue avec l'ELN en Equateur, il doit être maintenu et continuer. La réunion récente de la direction du parti FARC avec les délégués de l'ELN à la table de Quito est très importante. Le non-respect des accords de La Havane par le Gouvernement n'est pas un bon message, il ne donne pas confiance à la guérrilla de l'ELN. C'est le chef négociateur du Gouvernement, Juan Camilo Restrepo, qui l'a lui-même reconnu il y a quelques jours, dans un entretien qu'il m'a accordé pour Telesur.

Le processus électoral

Q. Le processus de mise en oeuvre de l'Accord a lieu pendant la campagne électorale, cela n'exacerbe-t-il pas encore plus l'état d'esprit de l'extrême droite et des ennemis de la paix ?

R : Oui, bien sur. L'extrême droite uribiste, toujours aussi arrogante, annonce qu'elle mettra en miettes l'Accord de La Havane et qu'elle interrompera les dialogues avec l'ELN. C'est la politique de la terre brulée, de la guerre totale. Et c'est ce que nous devons prendre en compte pour élaborer la tactique électorale de la gauche.

L'Accord Final de La Havane n'a pas seulement mis un point final au conflit armé de plus d'un demi siècle, il a aussi ouvert d'énormes perspectives d'avancées en matière de réformes démocratiques et sociales. L'ouverture démocratique, c'est ni plus ni moins pour dépasser définitivement les causes du conflit.  C'est une réalité. C'est pourquoi le chemin dans la campagne électorale et au delà, c'est de forger un front large de forces alternatives pour défendre ce qui a été conquis et agir, à travers un programme commun, avec l'ambition de prendre le pouvoir, pour vaincre le bloc hégémonique de la droite et bloquer la route de l'extrême droite délirante et fachisante. C'est un front large, démocratique et progressiste, non limité au champ de la gauche. Il doit aller au delà d'elle, sans composantes réformistes mais en comprenant bien la portée réelle du front. Pour la démocratie et l'amélioration des conditions sociales, pour consolider les résultats de La Havane et ce qui viendra de Quito. Dans cette direction, l'idée d'un gouvernement de transition est pertinente. C'est un moment historique de transition, pour avancer vers un autre moment du stade politique et social national.

Si nous faisons un rappel historique, il y a des exemples dans le passé. Le plus significatif, tout en gardant les proportions, fut peut-être celui de la politique du front populaire en Europe et dans le monde pour barrer le passage au nazisme et au fachisme. En Colombie, cela s'est exprimé par le soutien des communistes au gouvernement de Alfonso López Pumarejo appelé la "révolution en marche", afin de freiner la menace des conservateurs adorateurs du nazifascime de l'époque. S'il n'y avait pas eu cette réalité, on n'aurait peut-être pas donné ce soutien. Par contre, ce fut une erreur de ne pas avoir soutenu Jorge Eliécer Gaitán dans les élections de 1946 que gagna Mariano Ospina Pérez qui instaura un régime terroriste d'Etat grâce à la défaite libérale. Regardez les exemples de l'histoire qui doivent nous servir, non pas pour les répéter, mais pour mieux analyser le meilleur chemin dans ce moment historique. Lénine a orienté la révolution démocratique-bourgeoise, en février 1917, comme voie d'unité pour vaincre le tsarisme et ce fut l'antichambre de la révolution socialiste d'octobre qui fête cent ans ces jours-ci.

Les principes sont inaltérables

Cela ne veut pas dire que la gauche révolutionnaire abandonne ses principes. C'est une question de corrélation des forces, car il s'agit d'accumuler des forces dans la nouvelle réalité en vue de la lutte stratégique pour les changements structurels, les transformations révolutionnaires et le socialisme. Accumuler des forces pour avancer dans la définition du problème du pouvoir.

Timoleón a bien expliqué que les avancées de l'Accord de La Havane sont ceux qu'a permis la corrélation des forces, c'est ce qu'enseigne le b-a-ba de la théorie révolutionnaire. En ce qui nous concerne, nous sommes marxistes-léninistes, communistes, nous ne sommes pas des anarchistes illusoires qui pensent que la révolution est toujours au coin de la rue. Cette révolution, nous devons la construire. Et ainsi, alors que la démocratie incommode la droite, c'est notre meilleur allié dans la lutte pour le pouvoir. Il y a des expériences dans toute la planète. La plus récente est celle du Vénézuela bolivarien, où la gauche a changé la tendance politique avec l'élection de la constituante et les élections des gouverneurs. Elle ne s'est pas laissée cerner par le terrorisme de l'opposition ni par les bandes mafieuses soutenues de l'extérieur.

Ici, nous avons eu du soutien de l'extérieur. De l'Union Européenne, d'Amérique Latine, pour construire la paix, pour tourner la page de la violence qui dure depuis plus d'un demi siècle, c'est important.

C'est pourquoi nous soutenons une alliance des forces alternatives. La dernière plénière du Comité Central a invité les candidats alternatifs à discuter, essayer d'élaborer ensemble un programme commun, ce qui est le plus important. Cela vaut la peine d'essayer afin de défendre les dialogue de La Havane et la Table de Quito, et s'engager dans la lutte démocratique et sociale. C'est un engagement historique, un défi pour vaincre les hésitants et ceux qui encouragent la guerre.

Piedad est une révolutionnaire d'un grand courage

Q : Et dans tout cela, où se trouve Piedad Córdoba ? Je vous le demande parce que je ne sais pas si vous avez lu l'article de la Silla Vacia...

R : Je l'ai lu et cela m'a attristé de voir comment on manoeuvre une situation pour ouvrir des fissures à gauche. L'article est de Laura Ardila, une journaliste décente que je connais et que je respecte, mais elle a eu un parti-pris odieux, et elle a raconté son histoire dans cette direction. Je ne crois pas qu'elle l'ait fait de mauvaise foi, peut-être par attachement à Piedad, qui est une personnalité extraordinaire, une héroïne de la lutte démocratique en Colombie et une femme qui a beaucoup de qualités.

Laura m'a interviewé quinze minutes environ et elle a juste sorti un petit parragraphe en dehors du contexte pour accomoder ce qu'elle voulait montrer, c'est à dire que la gauche, les amis de Piedad, lui ont tourné le dos. Elle recueille même des ragots pour le démontrer et cela n'est pas sérieux. En ce qui concerne la Marche Patriotique, il ne s'agit pas de ça. Je suis un des porte-paroles de la Marche Patriotique et je sais bien que là, on l'aime, on l'apprécie et on ne lui a pas tourné le dos, il y a des décisions en cours qui n'ont pas été adoptées. Et dans plusieurs régions, les gens de la Marche Patriotique l'ont accompagnée dans ses tournées électorales. Personnellement, je ne lui ai pas tourné le dos non plus et je ne suis pas un ingrat, parce que Laura assure que Piedad finance le journal VOZ. La vérité, c'est qu'elle nous aide et je l'en remercie. Une fois, il y a trois ou quatre ans, elle nous a fait une contribution économique importante. L'année dernière, elle nous a financé un coktail au Club des Exécutifs et en décembre, elle nous a prêté de l'argent que nous lui avons déjà remboursé. Ce furent des gestes généreux, propres d'une femme comme Piedad, solidaire et battante. Mais elle ne l'a jamais conditionné à autre chose que de voir VOZ continuer la bataille journalistique et révolutionnaire. Ce fut quelque chose de normal, transparent et sans aucune irrégularité. Et donc le parti-pris instillé par Laura est indigne. En réalité, VOZ se finance avec le soutien du Parti Communiste, des organisations syndicales du pays et de l'extérieur, ave ses propres ressources qui proviennent de la vente du journal et des campagnes financières, avec le Festival de VOZ et l'aide de personnalités généreuses comme Piedad Córdoba.

Nous aimons beaucoup Piedad, je l'admire personnellement et elle a été une amie très proche qui m'a soutenu dans dans moments difficiles comme celui qui m'est arrivé pour raisons de santé. Elle a le droit de réaliser sa campagne présidentielle et elle a suffisamment de mérites pour présider ce pays. Et tout le monde doit avoir la certitude que Piedad a un espace dans ce projet unitaire, et si ce devait être, ce serait une excellente candidate. Mais cela doit être le fruit du processus unitaire même, des décisions démocratiques de celles et ceux qui intègrent le front. Piedad, evidemment, a ses propres opinions et elles sont très respectables. C'est tout.

Source : Semanario VOZ
Traduction : CM


mardi 18 juillet 2017

Déclaration politique du 22ème Congrès du Parti Communiste Colombien


Construisons le nouveau pays dans l'unité et la paix

Source : Pacocol

Le XXIIème Congrès du Parti s'est déroulé à un moment unique pour les différentes générations d'hommes et de femmes qui forment notre militance aujourd'hui. Car notre aspiration historique à une solution politique négociée au conflit social et armé est devenue réalité avec les Accords de La Havane et les FARC-EP. Grâce à eux, s'ouvre la possibilité réelle d'ouvrir un cycle de transformations permettant d'avancer vers la véritable démocratisation de la société colombienne. Nous, communistes, observons avec admiration la persistance et le grand effort réalisé par la guérilla des FARC-EP pour arriver à l'accord final, à travers un chemin plein d'obstacles.

Conformément à ce qu'a été notre politique au cours des dernières décennies, nous nous sommes pour notre part efforcés de contribuer à la cause de la paix avec justice sociale au côté de franges importantes des secteurs démocratiques et du mouvement social et populaire.

En ce moment, la consolidation des avancées liées à l'accord de paix est le défi le plus important auquel doivent répondre les secteurs démocratiques et révolutionnaires de notre pays, tout en sachant que ce qui a été accordé ne résume pas tout le programme des aspirations à la transformation démocratique de la société colombienne. Les accords de La Havane posent les bases d'importants changements de la ruralité colombienne, la démocratisation de la vie politique, la reconnaissance de la centralité des droits des victimes du conflit, particulièrement du droit à la vérité, la mise en route d'un système judiciaire propre à une solution politique. Ils génèrent les conditions pour que ce qui a été effectivement convenu, soit mis en oeuvre concrètement et matériellement, avec l'obligation d'y assigner des ressources budgétaires.

Les accords requalifient le débat politique dans la mesure où les conditions d'une séparation définitive entre les armes et la politique sont données. Avec le dépôt définitif des armes de la part des FARC, l'Etat doit renoncer à la violence et à l'usage des armes contre le peuple pour préserver son régime de domination de classe. Et il doit combattre et en finir avec le para-militarisme – ce que nous exigeons depuis des décennies.

Le fait que les FARC-EP deviennent un parti politique légal est une excellente nouvelle pour le pays et pour le camp populaire et démocratique. Ils siégeront ainsi au congrès avec leur propre groupe parlementaire et ils continueront leurs luttes en défense des intérêts des classes populaires. Nous partageons avec les FARC-EP une histoire de résistance populaire, le présent pour consolider la paix et la volonté de construire le futur en faisant partie d'un large processus d'unité et d'une grande convergence démocratique.

La perspective de construction de la paix démocratique avec justice sociale dans notre pays se développe dans un contexte particulièrement complexe au niveau international et global mais aussi dans la situation de Notre Amérique et en ce qui concerne la corrélation politique et sociale des forces dans notre propre pays.

Nous, communistes, nous ne sommes pas indifférents au destin des peuples du monde. Nous sommes attachés à la solidarité et à l'internationalisme. C'est la raison pour laquelle nous suivons avec attention et préoccupation la configuration instable de l'ordre mondial, en accompagnant toutes les luttes sociales et populaires qui se développent à l'échelle planétaire contre les diverses expressions de l'ordre social capitaliste, pour affronter les impacts politiques et sociaux de sa crise permanente et de son caractère prédateur au niveau environnemental, allant jusqu'à mettre en danger la vie elle-même. Après la soi-disant guerre contre le terrorisme basée en réalité sur de vieilles pratiques impérialistes pour le contrôle territorial et la spoliation des ressources stratégiques pour l'accumulation capitaliste (particulièrement les ressources énergétiques), on a assisté à la restriction des droits civils et politiques, et à une croissante militarisation de la vie sociale en imposant "l'agenda sécuritaire" comme une priorité de la majeure importance.

Avec l'arrivée de Trump à la présidence des Etats-Unis, tout en étant dans la continuité par rapport à des politiques déjà existantes, les quelques avancées vers des régulations stabilisatrices de l'ordre mondial se sont vues manifestement affectées. S'est ajouté à cela un renforcement des positions qui encouragent le chauvinisme et renforcent particulièrement les projets politiques de droite qui, à l'échelle planétaire, revendiquent de faux nationalismes et la défense démagogique de secteurs sociaux affectés par la crise. Nous assistons à une résurgence de politiques et de pratiques fascistes qui mettent en danger la paix mondiale. Dans ce contexte, la présence de la Chine, de la Russie et de l'Iran, bien que ces pays ne représentent pas un bloc politique international compact et qu'ils n'aient pas la possibilité immédiate d'un ordre partagé comme celui qui existait jusqu'à la fin de l'Union Soviétique, constitue malgré tout une contention de pratiques impérialistes encore plus étendues et ouvre la possibilité de consolider un type d'organisation multipolaire, de toutes les manières, plus favorable aux peuples du monde.

L'actuelle politique des Etats-Unis pour Notre Amérique ne s'est pas encore pleinement déployée. Pour l'instant, les lignes de continuité et d'approfondissement des politiques impérialistes sont préoccupantes. Le militarisme et l'interventionnisme, la recherche d'accès aux ressources stratégiques, le contrôle politique sur les gouvernements de la Région, le retour en arrière des projets démocratiques populaires et progressistes en position de gouverner, continuent à être des objectifs de la politique étatsunienne, qui avec le gouvernement de Trump acquiert de nouvelles impulsions, comme on l'a vu dans le cas de Cuba et du Venezuela.

Selon les caractéristiques de Trump et de son entourage ultraconservateur, même une intervention militaire directe n'est pas à écarter. Il est indiscutable qu'avec Trump, l'ultradroite et les secteurs de la droite ont repris du souffle. Le 22ème Congrès appelle à prendre conscience de la menace que signifie Trump, à dénoncer et à mobiliser la réponse face aux nouveaux vents d'agressivité.

Toute notre solidarité va vers Cuba, contre le blocus infâme. Nous rejetons le démantèlement des avancées timides de la normalisation des relations entre Cuba et les Etats-Unis. Nous soutenons la révolution bolivarienne et le peuple du Venezuela, ils souffrent aujourd'hui une terrible offensive de la droite qui cherche à favoriser les conditions pour l'interventionnisme militaire direct des Etats-Unis, en reproduisant des modèles de déstabilisation et de production de crises déjà utilisés avec un relatif succès dans d'autres lieux de la planète. Au Venezuela, un gouvernement et un peuple défendent la révolution et ont appelé à une assemblée Constituante souveraine pour rechercher des solutions à la crise.

Le destin de Cuba et du Venezuela est le destin de Notre Amérique. Notre solidarité et notre soutien vont aussi aux processus de changement en Bolivie, Equateur, Nicaragua, El Salvador et Uruguay, et en général à toutes les luttes des peuples pour la démocratie et le bien vivre. Nous avons besoin de mieux comprendre le moment politique de Notre Amérique, au delà des difficultés évidentes et des tensions qui existent au sein même du camp populaire. Nous sommes en train de vivre un moment intense de dispute pour l'avenir de la Région. Nous devons contribuer à ce que soit consolidée la perspective d'une inflexion historique en faveur de la véritable démocratie et de la perspective socialiste. Notre meilleur apport en ce sens consistera à favoriser la réalisation de la perspective de la construction d'une paix stable et durable dans notre pays.

Il est impératif de faire échouer définitivement l'ultra-droite et le militarisme. Ceux qui prétendent faire reculer le pays dans le passé, bien qu'ils aient moins de possibilités, représentent un fait que l'on ne peut méconnaître. Atteindre cet objectif est possible si on arrive à déclencher et concrétiser le plus large processus d'unité et de convergence démocratique.

Ce processus de convergence unitaire exige un gouvernement démocratique qui consolide les progrès de la paix. C'est un gouvernement de transition vers la démocratie large et progressiste, qui émerge d'un mouvement de convergence engagé pour la cause de la consolidation de la paix, le respect des accords avec les insurgés et la prise en compte des besoins les plus ressentis dans les régions, les classes moyennes et l'ensemble du pays.

Il est fondamental d'avancer vers une nouvelle corrélation des forces en coordonnant les efforts pour affronter les menaces des ennemis de la paix et les inconséquences du gouvernement qui pose des obstacles pour ne pas respecter strictement la mise en oeuvre de l'Accord de La Havane. La nouvelle corrélation est également indispensable pour qu'avance résolument le dialogue de l'ELN (Armée de Libération Nationale) à Quito, avec ses approches sur le cessez-le-feu bilatéral, les mesures humanitaires et la participation citoyenne. L'Etat doit également donner des garanties et ouvrir le dialogue avec l'EPL (Armée Populaire de Libération).

L'unité du camp révolutionnaire est fondamentale et doit aller vers la création de mécanismes de coordination et d'unité d'action avec l'Union Patriotique, la Marche Patriotique, le Congrès des Peuples, les courants socialistes, les secteurs de gauche du Polo et des verts, et le nouveau parti des FARC-EP. Actuellement, les conditions pour former un Bloc Historique et Populaire se réunissent en tant qu'unité politique et sociale de transformations démocratiques et révolutionnaires. Dans ce contexte, nous soutenons les initiatives du mouvement de protestation sociale et la préparation d'une action de grève nationale.

Face au défi électoral de 2018, nous proposons de mener cette politique de manière cohérente, en regroupant et en renforçant nos forces dans un groupe parlementaire de gauche conséquent, avec l'objectif d'un programme basique et un processus d'accords pour une candidature présidentielle convergente en capacité de triompher dès le premier tour.

L'unité des communistes est une tâche centrale. Elle ne se décrète pas, c'est un processus qui doit se construire à tous les niveaux, à travers les contacts et les conversations entre les directions nationales, et aussi dans les régions et les territoires, à travers des actions communes dans le champ politique et social. Il y a des expériences de séminaires nationaux, les contacts des comités régionaux et locaux du parti avec les ex-combattants dans les zones de transition. C'est un travail patient qui doit dépasser les différends, les préjugés et les vieux ressentiments liés aux contradictions du passé. Il est nécessaire d'établir une feuille de route commune, fixer chaque pas de manière ferme pour gagner en confiance, avec la conviction que l'unité de toute la famille communiste trace l'objectif.

Le Parti Communiste Colombien est déjà un parti historique né des luttes ouvrières, paysannes et populaires, et lié à elles par la recherche d'un futur digne et de justice sociale. Il a constamment impacté la vie nationale, malgré la persécution violente, les interdictions, et le fait d'être systématiquement traité par l'establishment comme un ennemi interne, conformément à la théorie qui alimente le terrorisme d'Etat. L'idée centrale de la politique d'organisation que nous présentons à ce congrès est la rénovation du parti, de sa politique, de ses méthodes de travail avec les masses, de son style d'organisation, de son travail théorique et communicationnel, tout en impulsant la rénovation de sa composition de classe, ethnique, de genre et générationnelle.

Les nouveaux phénomènes de la mobilisation populaire, depuis la grève générale paysanne de 2013, les mingas indigènes et les grèves afro-descendantes, les mouvements civiques de Buenaventura et du Chocó, la grève des enseignants, les mobilisations des jeunes et des femmes en soutien à la paix, des écologistes, des LGTBI, les mouvements culturels de masse comme le Festival International de Poésie de Medellín et le Festival Populaire de Théâtre à Bogotá, montrent les dynamiques qui doivent alimenter les lignes d'orientation communicationnelles et de croissance du Parti, liées à un nouveau travail de fond en matière d'éducation politique et de formation de l'encadrement, intensif et large, dans les espaces unitaires en construction. L'approche du genre exige un effort collectif pour les droits des femmes et des diversités, avec l'objectif d'avancer vers la parité.

Nous saluons la libération des prisonnières et prisonniers politiques, et notamment parmi eux, les camarades David Ravelo Crespo et Huber Ballesteros. Nous nous unissons aux manifestations et nous exigeons la libération immédiate des prisonnières et prisonniers insurgé-e-s à travers la loi d'Amnistie. Nous exigeons le rapatriement et la liberté immédiate de Simón Trinidad.

Pour le 87ème anniversaire de notre Parti et les cent ans de la révolution d'octobre, fidèles à l'identité internationaliste et à l'héritage bolivarien, nous communistes, voulons être à la hauteur de l'engagement avec le peuple colombien et ses espoirs de paix, d'égalité et de joie !

Vive le 22ème Congrès du Parti Communiste !
Vive l'unité du peuple colombien !

Bogotá, 16 juillet 2017
Source : Pacocol