Marcos Ana, communiste poète espagnol, est mort ce jeudi 24 novembre l'âge de 96 ans
Source : www.publico.es
Par Alberto Garzón Espinosa, coordinateur de Izquierda Unida
Esther López Barceló, responsable de la mémoire démocratique de Izquierda Unida
"L'unique vengeance à laquelle j'aspire, c'est de voir triompher les nobles idéaux de liberté et de justice sociale". Ces mots décrivent l'esprit d'un homme qui avait été baptisé Fernando Macarro mais qui décida de changer de nom en prenant ceux de son père et de sa mère : Marcos Ana. Ce beau geste n'était pas un caprice mais correspondait à une nécessité : Il fallait éviter la censure franquiste.
Marcos Ana était né au sein d'une famille de journaliers et il abandonna ses études à douze ans pour aller travailler. Il a vécu ses années d'enfance entre Ventosa del río Almar et Alcalá de
Henares. Les dures conditions économiques qui ont marqué les premières années de sa vie ont fait émerger sa conscience de classe, et c'est à seize ans qu'il décida d'entrer aux Jeunesses Socialistes Unifiées. Il était donc très jeune quand survint le traumatisme du coup d'Etat et son engagement politique le porta à participer activement au Front de Madrid pour défendre la IIe République avec le cri "¡No pasarán!".
Pendant les tristes années de la guerre, il perdit son père, assassiné au cours d'un bombardement de la Légion Condor, envoyée par Hitler pour aider Franco dans son entreprise de destruction de la population civile espagnole pendant la guerre civile.
Marcos Ana a été également de ceux qui, parmi les milliers de défenseurs de la démocratie et de la IIè République, traversèrent le pays en mars 1939 pour rejoindre le port d'Alicante. Toutes les forces politiques démocratiques et les organisation syndicales qui avaient affronté le coup d'état franquiste s'y concentrèrent en y cherchant l'unique sortie possible, au vu de la victoire imminente du fascisme. Comme aujourd'hui, des milliers et des milliers de personnes, des familles entières, se rassemblèrent face à la Méditerranée en espérant embarquer vers la paix.
Mais, il y a 77 ans, le port d'Alicante devint une prison aquatique. Les bateaux tant attendus ne sont jamais arrivés à cause du blocus que maintenait la flotte fasciste. A la fin de la guerre, Marcos Ana se trouvait toujours à Alicante comme tant d'autres. Détenu par les troupes fascistes italiennes, il serait alors déporté au trop célèbre Camp des Amandiers, qui se retrouva sans fruits le premier jour et sans feuilles au quatrième, à cause de la faim. Il fut ensuite déporté au camp de concentration de Albatera dont il échappa grâce à sa mine de jeunot.
Mais l'Espagne toute entière commençait à devenir une vaste prison, un bagne insatiable qui ne cessait de creuser des fosses. Elle était aussi pleine de mouchards et d'espions franquistes. C'est ainsi qu'un indic de la police le dénonça à la police franquiste et qu'il fut de nouveau détenu. Après la guerre civile, la paix n'est jamais arrivée, mais plutôt la dictature. Une dictature qui dura 40 ans, pendant lesquels Marcos Ana passa 23 ans en prison. C'était la condamnation d'un combattant de la démocratie.
Il a souffert de la vie carcérale à Porlier, Ocaña et Burgos, en passant par les tortures et les humiliations généralisées par la Direction Générale de la Sécurité située à la Puerta del Sol, symbole de la répression du régime, par les fenêtres de laquelle fut lancé le corps de Julián Grimau après une raclée, pour ensuite le fusiller complètement décomposé. Mais l'humanité de Marcos se manifestait dans les moments les plus durs, quand par exemple, il expliqua à un de ses bourreaux après une agression : "Je lutte pour une société dans laquelle personne ne pourra vous faire ce que vous êtes en train de me faire".
Il a reçu deux condamnations à mort, la première pour son activité politique en défense de la légitimité démocratique pendant la guerre civile, et la deuxième quand on a découvert son organisation clandestine dans la prison, ce qui le fit passer devant un Conseil de Guerre. C'est à cette époque-là que Fernando Macarro était devenu le poète communiste Marcos Ana, le poète qui anima ses camarades avec ses mots et ses rimes. En 1961, il fut mis en liberté grâce à une campagne internationale motivée par sa poésie. La pression internationale et nationale obligea Franco à signer la sortie de prison d'un homme qui y était depuis plus de vingt ans, et c'est ainsi que Marcos Ana a pu continuer à porter la lutte pour la liberté de ses camarades et de son peuple au reste du monde.
Sa vie fut dédiée à la lutte pour les valeurs de la démocratie, la liberté et la justice, basées sur les belles convictions communistes qu'il résuma ainsi dans ses vers :
Marcos a été une des références, un des héros de la résistance antifasciste, à qui nous devons ce que nous sommes et aussi ce pourquoi nous rêvons. L'exemple de sa vie nous enseigne que chaque droit dont nous jouissons s'est construit sur les échos des voix de milliers d'hommes et de femmes qui ont lutté pour les conquérir. Et aussi sur les larmes et la vie même de ceux qui ont tout donné pour une société de justice sociale. C'est la raison pour laquelle, en ce triste jour, nous allons lui rendre hommage avec l'engagement ferme et collectif de suivre son exemple, en revendiquant sa mémoire et ses valeurs. Nous le faisons avec ses propres mots, qui nous aident à assumer son départ et à nous lever chaque matin avec le désir d'être à la hauteur de tout ce qu'il nous a donné et de ce que nous lui devons : "J'ai comme consigne de vivre pour les autres. C'est la meilleure manière de vivre pour soi-même"
Avec le poing levé, nous, communistes te disons adieu: ¡Hasta siempre Camarade!
Pendant les tristes années de la guerre, il perdit son père, assassiné au cours d'un bombardement de la Légion Condor, envoyée par Hitler pour aider Franco dans son entreprise de destruction de la population civile espagnole pendant la guerre civile.
Marcos Ana a été également de ceux qui, parmi les milliers de défenseurs de la démocratie et de la IIè République, traversèrent le pays en mars 1939 pour rejoindre le port d'Alicante. Toutes les forces politiques démocratiques et les organisation syndicales qui avaient affronté le coup d'état franquiste s'y concentrèrent en y cherchant l'unique sortie possible, au vu de la victoire imminente du fascisme. Comme aujourd'hui, des milliers et des milliers de personnes, des familles entières, se rassemblèrent face à la Méditerranée en espérant embarquer vers la paix.
Mais, il y a 77 ans, le port d'Alicante devint une prison aquatique. Les bateaux tant attendus ne sont jamais arrivés à cause du blocus que maintenait la flotte fasciste. A la fin de la guerre, Marcos Ana se trouvait toujours à Alicante comme tant d'autres. Détenu par les troupes fascistes italiennes, il serait alors déporté au trop célèbre Camp des Amandiers, qui se retrouva sans fruits le premier jour et sans feuilles au quatrième, à cause de la faim. Il fut ensuite déporté au camp de concentration de Albatera dont il échappa grâce à sa mine de jeunot.
Mais l'Espagne toute entière commençait à devenir une vaste prison, un bagne insatiable qui ne cessait de creuser des fosses. Elle était aussi pleine de mouchards et d'espions franquistes. C'est ainsi qu'un indic de la police le dénonça à la police franquiste et qu'il fut de nouveau détenu. Après la guerre civile, la paix n'est jamais arrivée, mais plutôt la dictature. Une dictature qui dura 40 ans, pendant lesquels Marcos Ana passa 23 ans en prison. C'était la condamnation d'un combattant de la démocratie.
Il a souffert de la vie carcérale à Porlier, Ocaña et Burgos, en passant par les tortures et les humiliations généralisées par la Direction Générale de la Sécurité située à la Puerta del Sol, symbole de la répression du régime, par les fenêtres de laquelle fut lancé le corps de Julián Grimau après une raclée, pour ensuite le fusiller complètement décomposé. Mais l'humanité de Marcos se manifestait dans les moments les plus durs, quand par exemple, il expliqua à un de ses bourreaux après une agression : "Je lutte pour une société dans laquelle personne ne pourra vous faire ce que vous êtes en train de me faire".
Il a reçu deux condamnations à mort, la première pour son activité politique en défense de la légitimité démocratique pendant la guerre civile, et la deuxième quand on a découvert son organisation clandestine dans la prison, ce qui le fit passer devant un Conseil de Guerre. C'est à cette époque-là que Fernando Macarro était devenu le poète communiste Marcos Ana, le poète qui anima ses camarades avec ses mots et ses rimes. En 1961, il fut mis en liberté grâce à une campagne internationale motivée par sa poésie. La pression internationale et nationale obligea Franco à signer la sortie de prison d'un homme qui y était depuis plus de vingt ans, et c'est ainsi que Marcos Ana a pu continuer à porter la lutte pour la liberté de ses camarades et de son peuple au reste du monde.
Sa vie fut dédiée à la lutte pour les valeurs de la démocratie, la liberté et la justice, basées sur les belles convictions communistes qu'il résuma ainsi dans ses vers :
"Mon péché est terrible;
J'ai voulu remplir d'étoiles
le coeur de l'homme".
Marcos a été une des références, un des héros de la résistance antifasciste, à qui nous devons ce que nous sommes et aussi ce pourquoi nous rêvons. L'exemple de sa vie nous enseigne que chaque droit dont nous jouissons s'est construit sur les échos des voix de milliers d'hommes et de femmes qui ont lutté pour les conquérir. Et aussi sur les larmes et la vie même de ceux qui ont tout donné pour une société de justice sociale. C'est la raison pour laquelle, en ce triste jour, nous allons lui rendre hommage avec l'engagement ferme et collectif de suivre son exemple, en revendiquant sa mémoire et ses valeurs. Nous le faisons avec ses propres mots, qui nous aident à assumer son départ et à nous lever chaque matin avec le désir d'être à la hauteur de tout ce qu'il nous a donné et de ce que nous lui devons : "J'ai comme consigne de vivre pour les autres. C'est la meilleure manière de vivre pour soi-même"
Avec le poing levé, nous, communistes te disons adieu: ¡Hasta siempre Camarade!