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lundi 16 mars 2020

Espagne. Pour un Plan de choc social face à la pandémie















Source : Publico.es

En Espagne, syndicats et militants exigent du Gouvernement un plan de choc social face au Coronavirus. La campagne #PlanDeChocSocial alerte sur les conséquences pour l'économie si les "mesures austéricides" d'il y a 10 ans se reproduisent. Elle souligne qu'il va falloir "décider qui paiera la crise économique brutale qui arrive".

En lien avec les mouvements sociaux, une campagne dans les réseaux sociaux a été lancée pour exiger du Gouvernement un plan de choc qui concerne le logement, les revenus et la santé, pour faire face à la pandémie de coronavirus. "Ce mardi, le Gouvernement espagnol prendra des décisions qui affecteront profondément nos vies" expliquent les collectifs qui promeuvent l'initiative. "Ce qui est en jeu, c'est de voir si on prend les mêmes mesures austéricides qu'il y a dix ans ou si, cette fois, on sauve les gens. C'est à dire, qu'on décide qui paiera la crise économique brutale qui arrive".

Il y a trois axes dans le plan. Le premier concerne la suspension du paiement du loyer, des prêts et des charges - électricité, eau et gaz- pour celles et ceux qui n'ont plus de revenus. "Le Gouvernement doit suspendre les paiements du loyer, des hypothèques et des charges basiques pour les personnes qui ne percevront plus de ressources" expose le syndicat des locataires de Madrid, la région d'Espagne la plus affectée par la pandémie.

"En matière sanitaire, nous demandons l'intervention de la santé privée pour qu'elle se mette à la disposition du bien commun pour toute la population" explique Alejandra Jacinto, porte parole de la PAH, à travers les réseaux sociaux. Enfin, "en matière d'emploi, nous demandons l'arrêt des licenciements et un revenu basique pour qui se trouvera sans ressources".

Le hashtag "PlanDeChoqueSocial" a été mis en route à partir de 13 heures ce lundi 16 mars et il est devenu Trending Topic National. "Ce n'est pas possible que tout cela ne soit examiné que par des mesures de confinement contrôlées par l'armée et la police. Nous exigeons de notre gouvernement une attention et une protection pour les plus précaires et/ou celles et ceux qui se retrouveront sans travail. Nous ne voulons pas d'un autre 2008" écrit l'anthropologue militante Yayo Herrero.

"Face à la crise du coronavirus, nous exigeons un #PlanDeChoqueSocial au gouvernement. D'abord, ils doivent garantir tous les moyens humains et matériels dans les centres sanitaires pour protéger les patients et les personnels" écrivent les Ecologistas en Acción. "Dans 24 heures, le gouvernement décidera quelle sera la réponse aux milliers de familles et de petites entreprises qui voient qu'elles vont faire faillite" dénonce Jaime Palomera, porte-parole du Syndicat des locataires.

Cette initiative est également portée par des dirigeants politiques comme Teresa Rodríguez, tête de file des Anticapitalistes, et son camarade l'eurodéputé Miguel Urbán, mais aussi Carolina Alonso et Sol Sánchez, députées de Unidad Podemos de la Communauté de Madrid, et les acteurs Alberto San Juan, Juan Diego Botto 

Traduction : CM



samedi 2 juin 2018

Espagne. Investiture de Pedro Sánchez, nouveau chef du gouvernement espagnol


Communiqué PCE. 1er juin 2018
Source : http://www.pce.es/docpce/pl.php?id=6316

Le PCE (Parti Communiste Espagnol) a soutenu la motion de censure qui a expulsé le PP (Parti Populaire) du gouvernement de l'Espagne après 7 ans de restrictions budgétaires et de corruption, et a investi comme nouveau chef du gouvernement, le secrétaire général du PSOE (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol), Pedro Sánchez. Nous l'avons fait pour des raisons que nous considérons partagées et comprises par la majorité de la société espagnole : Le besoin d'expulser du gouvernement le parti de la corruption et du pillage.

La motion de censure a mis fin à la situation que nous avions cherché à éviter après les dernières élections générales, en travaillant alors pour constituer une gouvernement de progrès qui empêche le PP de continuer à gouverner l'Espagne et qui garantisse le respect de la démocratie. Cela n'avait pas été possible à l'époque et l'Espagne a payé un prix très cher : l'accroissement des mesures néolibérales qui ont aggravé les conditions de vie des travailleurs et travailleuses, une crise territoriale incontrôlable, un recul des libertés fondamentales et l'augmentation de la répression. Nous nous réjouissons d'avoir maintenant l'occasion d'inverser les conséquences tragiques du gouvernement du PP, alors que l'Espagne a perdu deux ans en étant gouvernée par le parti le plus corrompu d'Europe.

Les années de gouvernement du PP ont rendu habituelles et structurelles la corruption - Gürtel, Púnica, Barcenas, etc-, le pillage des deniers publics pour financer le parti et enrichir ses dirigeants, la manipulation des juges et des procureurs - pour se protéger et chercher à garantir l'impunité des corrompus, et la manipulation des médias de communication publics pour se couvrir et distraire l'attention, fort heureusement sans le réussir pleinement.

Il fallait expulser le PP à cause de ces corruptions multiples et nous y sommes arrivés grâce au travail d'enquête et d'alerte des journalistes, des pétitions populaires, de nombreux juges et procureurs, de policiers et de gardes civils. Grâce à leur travail on connait la vérité et on avance pour que justice soit faite sur les crimes commis par les élites politiques du pays et qui ont provoqué des dommages qu'il est indispensable de réparer maintenant.

Il fallait expulser le PP à cause de ses politiques économiques de restrictions budgétaires et de démantèlement de l'Etat Social, avec leurs conséquences tragiques pour la classe au travail et avec leurs attaques constantes et la compression des libertés démocratiques.

Et nous l'avons réussi, nous qui remplissons les rues et les places pour lutter contre les réductions des services publics, des droits sociaux et du droit du travail, contre la précarité et la corruption, contre les violences machistes, en défense du système de retraites publiques, contre les expulsions et pour le droit au logement, nous qui dans la rue avons dit "Non" à ce gouvernement, en démontrant que la société disait : Basta. Aujourd'hui nous avons une victoire, nous devons la célébrer.

Nous l'avons réussi grâce aux 67 sièges de députés de Unidos Podemos, fruits en grande partie de tous ces luttes populaires, comme le sont aussi les Mairies arrachées au bipartidisme, nouvelles institutions créées à partir de la mobilisation populaire et la convergence.

Les député.e.s de Unidos Podemos ont été la clef du succès de la motion de censure. Elles et ils sont la garantie que le nouveau gouvernement accomplira les tâches qui permettront de convoquer des élections générales dans un climat de normalité démocratique.

Nous considérons que les tâches indispensables que doit aborder le nouveau gouvernement sont :

  • Clore l'étape de la corruption : En finir avec les pratiques corrompues depuis les pouvoirs publics, garantir les conditions et les moyens pour que la justice agisse de manière impartiale et garantisse qu'il n'y a pas d'impunité pour les crimes de corruption.
  • Régénérer la justice et garantir la pleine jouissance des droits civils et politiques. En finir avec les limitations à la liberté d'expression et de manifestation, et garantir l'impartialité des médias de communication publics.
  • Abroger les mesures réactionnaires du PP comme la réforme du travail, la LOMCE sur l'Education, la réforme des retraites et la loi "bâillon" sur les libertés publiques, garantir l'accès au logement, modifier la loi sur les hypothèques et mettre en route des mesures d'urgence contre le chômage, l'exploitation et la précarité croissante pour récupérer une partie des droits spoliés.
  • Normaliser la situation en Catalogne en commençant par un large dialogue pour arriver à des accords politiques qui reconstruisent le "vivre ensemble" où nous défendrons un modèle d'état républicain et fédéral.

Ce gouvernement peut servir pour réparer ce qui a été détruit par le PP. Mais nous ne croyons pas qu'un gouvernement du PSOE réunisse les conditions permettant de mettre en route les nouvelles politiques de changement pour construire une société plus juste, ni par son fragile poids parlementaire, ni par son programme politique. C'est un gouvernement provisoire, peut-être utile pour aborder les tâches urgentes évoquées ci-dessus, mais qui peut difficilement aborder les grandes transformations dont a besoin notre pays au niveau politique, économique et social. Notre soutien au président Sánchez dépendra de l'adoption par son Gouvernement des mesures urgentes que nous avons citées pour régénérer la démocratie et améliorer en urgence les conditions de vie de notre peuple. En cela nous serons exigeants.

Et Pedro Sánchez ne doit pas oublier qu'il est président deux ans après des élections générales, à cause de son erreur quand il a fait confiance à Ciudadanos, le parti qui considère que c'est "terrible" d'expulser les corrompus du gouvernement. "Terrible" vient de terreur et il semble bien qu'Albert Rivera exprime inconsciemment la terreur que provoque la démocratie chez les banquiers et les riches de notre pays, ceux qu'il représente si bien : la terreur de perdre le statut que ceux-ci leur ont fabriqué, la terreur de devoir suivre le chemin qu'a dû prendre Rajoy. La peur, sur laquelle croît le fascisme, qui se développe aussi à partir de l'ignorance que développent les moyens de communication derrière qui se cachent les banquiers et les patrons.

Effectivement, la peur va changer de camp et avec ses mots, Rivera démontre qu'il a peur de ces "espagnoles et espagnols" dont il parle tant. "Ciudadanos" a peur parce qu'ils savent que leur discours phalangiste et patriarcal, xénophobe et excluant, leur soutien inconditionnel au PP, parti le plus corrompu d'Europe, apparaît de plus en plus clairement. Il est clair que Ciudadanos est la même chose que le Parti Populaire, avec une plus grande dose d'opportunisme, c'est à dire un danger pour l'Espagne.

Alors que la majorité du peuple espagnol célèbre l'expulsion du PP ou l'accepte comme un acte démocratique, nous constatons également que les médias derrière lesquels se cachent les banques, parlent de "chaos" et de "catastrophe". En voilà encore qui ont peur des "espagnoles et des espagnols".

Dans ce nouveau contexte, nous réaffirmons la nécessité de renforcer l'unité populaire et la convergence des forces de gauche, de renforcer l'organisation populaire, celle de la classe des travailleuses et travailleurs pour continuer les luttes, unique garantie pour réussir les changements auxquels nous aspirons et qui doivent ouvrir le processus constituant ver la IIIème République des travailleuses et travailleurs de tous les peuples d'Espagne. Notre défi le plus proche est celui des prochaines élections municipales, autonomiques, et particulièrement les prochaines élections législatives que le PCE considère devoir être célébrées le plus rapidement possible, une fois que les institutions auront été décontaminées du mal immense qu'a engendré le Parti Populaire.

Aujourd'hui, nous célébrons le fait d'avoir expulsé le PP par la lutte et par les urnes.
Demain, il faut continuer la lutte pour faire le ménage dans les institutions de la corruption et pour récupérer les droits qu'ils nous ont volés.
Il faut continuer à construire l'unité populaire et la convergence politique vers la IIIème République.

Secrétariat du Comité Central du PCE

Trad°. CM




samedi 30 septembre 2017

01/10 en Catalogne : Pour la République Fédérale et le Droit à l'autodétermination



Communiqué de la Coordination Fédérale d'Izquierda Unida.
23/09/2017 - Source : Izquierda Unida

Au vu de l'appel au référendum du 1er Octobre pour l'indépendance de la Catalogne et face à la réaction répressive et autoritaire du Gouvernement espagnol, voici la position adoptée avec une large majorité par la Coordination Fédérale d'Izquierda Unida, le 23 septembre dernier (78% avec 50 voix "pour") :

1. Il existe en Catalogne un conflit politique de caractère historique qui nécessite une solution politique que l'on ne peut trouver qu'à travers la négociation et le dialogue. Parmi les mécanismes démocratiques disponibles, l'organisation d'un référendum qui permette à la société catalane de décider sur son futur devrait être envisagée, car 80% de la société catalane a manifesté sa volonté d'exercer son droit à décider et cela ne peut pas être ignoré.

2. Le Gouvernement d'Espagne n'aborde pas ce problème politique avec une attitude démocratique. Il utilise au contraire la répression et l'autoritarisme. L'attaque contre les droits fondamentaux perpétrée par le Gouvernement d'Espagne est très grave, elle affecte l'ensemble des citoyens de l'Etat et pas seulement une partie de la population catalane. L'attitude du Gouvernement d'Espagne est anti-démocratique, irresponsable et réactionnaire.

3.  L'appel au référendum du 1er octobre par le Govern de la Généralitat de Catalogne ne résout pas le problème car il ne réunit pas les garanties politiques suffisantes et ne s'adresse pas à toute une partie de la société catalane. La feuille de route du Govern qui révèle également un manque de contenus en matière de revendications sociales et de régénération démocratique, liée à l'action répressive de l'Etat, empêcheront que ce processus jouisse des garanties nécessaires. Dans ce cadre, nous ne pouvons accepter que le résultat de ce processus ait des effets sur le statut de la Catalogne.

4. L'action répressive du Gouvernement a été soutenue par le bloc réactionnaire formé par le PP (Parti Populaire) et le CS (Ciudadanos). Pourtant, elle n'a pas le soutien du Congrès. Face à ce bloc réactionnaire, nous saluons la célébration de l'assemblée des parlementaires démocratiques de tout l'Etat, qui exige une solution politique et dénonce la répression du Gouvernement en tant que recul gravissime des libertés.

5. Nous affirmons que la meilleure solution au conflit est un processus constituant qui aboutisse à une République Fédérale. Cet horizon constituant est nécessaire car notre pays est plurinational et que la Constitution de 1978 est périmée, conséquence de l'offensive néolibérale de ces dernières années. Nous avons besoin d'un nouveau modèle de vie en commun qui garantisse les droits humains, ce qui est impossible dans le cadre actuel. Le cadre que nous défendons est celui de la République Fédérale, qui est liée nécessairement à la reconnaissance du droit à l'autodétermination des peuples, et à la conquête et la consolidation des droits sociaux pour les classes populaires.

6. Nous comprenons que, vu les circonstances, le 1er Octobre est actuellement une mobilisation qui peut servir à l'exigence du droit à décider et à la protestation face aux actions irresponsables du Gouvernement. Il y aura probablement diverses manifestations d'ampleur dans toute la Catalogne, et sans doute dans d'autres parties de l'Etat, contre la répression du Gouvernement et du bloc réactionnaire : Nous appelons nos militant-e-s à y participer en défense des droits et des libertés.

7. Nous continuerons à travailler avec EUiA (Gauche Unie et Alternative, en Catalogne) sur les solutions à ce conflit politique. A Izquierda Unida, nous considérons que l'appel à un référendum effectif, qui puisse faciliter la participation massive de la société catalane, avec une expression possible des différentes options, et qui implique un débat sérieux et profond sur le modèle d'Etat, est la meilleure solution pour l'exercice du droit à décider. En tant que force fédéraliste, nous reconnaissons le droit à l'autodétermination des peuples, et donc aussi celui du peuple catalan. Nous revendiquons la célébration d'un référendum et nous nous engageons à travailler pour qu'il ait lieu.




lundi 28 novembre 2016

L'exemple de Marcos Ana : Une arme chargée de futur

 Marcos Ana, communiste poète espagnol, est mort ce jeudi 24 novembre l'âge de 96 ans


Source : www.publico.es

Par Alberto Garzón Espinosa, coordinateur de Izquierda Unida
       Esther López Barceló, responsable de la mémoire démocratique de Izquierda Unida

"L'unique vengeance à laquelle j'aspire, c'est de voir triompher les nobles idéaux de liberté et de justice sociale". Ces mots décrivent l'esprit d'un homme qui avait été baptisé Fernando Macarro mais qui décida de changer de nom en prenant ceux de son père et de sa mère : Marcos Ana. Ce beau geste n'était pas un caprice mais correspondait à une nécessité : Il fallait éviter la censure franquiste.

Marcos Ana était né au sein d'une famille de journaliers et il abandonna ses études à douze ans pour aller travailler. Il a vécu ses années d'enfance entre Ventosa del río Almar et Alcalá de Henares. Les dures conditions économiques qui ont marqué les premières années de sa vie ont fait émerger sa conscience de classe, et c'est à seize ans qu'il décida d'entrer aux Jeunesses Socialistes Unifiées. Il était donc très jeune quand survint le traumatisme du coup d'Etat et son engagement politique le porta à participer activement au Front de Madrid pour défendre la IIe République avec le cri "¡No pasarán!".

Pendant les tristes années de la guerre, il perdit son père, assassiné au cours d'un bombardement de la Légion Condor, envoyée par Hitler pour aider Franco dans son entreprise de destruction de la population civile espagnole pendant la guerre civile.

Marcos Ana a été également de ceux qui, parmi les milliers de défenseurs de la démocratie et de la IIè République, traversèrent le pays en mars 1939 pour rejoindre le port d'Alicante. Toutes les forces politiques démocratiques et les organisation syndicales qui avaient affronté le coup d'état franquiste s'y concentrèrent en y cherchant l'unique sortie possible, au vu de la victoire imminente du fascisme. Comme aujourd'hui, des milliers et des milliers de personnes, des familles entières, se rassemblèrent face à la Méditerranée en espérant embarquer vers la paix.

Mais, il y a 77 ans, le port d'Alicante devint une prison aquatique. Les bateaux tant attendus ne sont jamais arrivés à cause du blocus que maintenait la flotte fasciste. A la fin de la guerre, Marcos Ana se trouvait toujours à Alicante comme tant d'autres. Détenu par les troupes fascistes italiennes, il serait alors déporté au trop célèbre Camp des Amandiers, qui se retrouva sans fruits le premier jour et sans feuilles au quatrième, à cause de la faim. Il fut ensuite déporté au camp de concentration de Albatera dont il échappa grâce à sa mine de jeunot.

Mais l'Espagne toute entière commençait à devenir une vaste prison, un bagne insatiable qui ne cessait de creuser des fosses. Elle était aussi pleine de mouchards et d'espions franquistes. C'est ainsi qu'un indic de la police le dénonça à la police franquiste et qu'il fut de nouveau détenu. Après la guerre civile, la paix n'est jamais arrivée, mais plutôt la dictature. Une dictature qui dura 40 ans, pendant lesquels Marcos Ana passa 23 ans en prison. C'était la condamnation d'un combattant de la démocratie.

Il a souffert de la vie carcérale à Porlier, Ocaña et Burgos, en passant par les tortures et les humiliations généralisées par la Direction Générale de la Sécurité située à la Puerta del Sol, symbole de la répression du régime, par les fenêtres de laquelle fut lancé le corps de Julián Grimau après une raclée, pour ensuite le fusiller complètement décomposé. Mais l'humanité de Marcos se manifestait dans les moments les plus durs, quand par exemple, il expliqua à un de ses bourreaux après une agression : "Je lutte pour une société dans laquelle personne ne pourra vous faire ce que vous êtes en train de me faire".

Il a reçu deux condamnations à mort, la première pour son activité politique en défense de la légitimité démocratique pendant la guerre civile, et la deuxième quand on a découvert son organisation clandestine dans la prison, ce qui le fit passer devant un Conseil de Guerre. C'est à cette époque-là que Fernando Macarro était devenu le poète communiste Marcos Ana, le poète qui anima ses camarades avec ses mots et ses rimes. En 1961, il fut mis en liberté grâce à une campagne internationale motivée par sa poésie. La pression internationale et nationale obligea Franco à signer la sortie de prison d'un homme qui y était depuis plus de vingt ans, et c'est ainsi que Marcos Ana a pu continuer à porter la lutte pour la liberté de ses camarades et de son peuple au reste du monde.

Sa vie fut dédiée à la lutte pour les valeurs de la démocratie, la liberté et la justice, basées sur les belles convictions communistes qu'il résuma ainsi dans ses vers :

"Mon péché est terrible;
J'ai voulu remplir d'étoiles
le coeur de l'homme".

Marcos a été une des références, un des héros de la résistance antifasciste, à qui nous devons ce que nous sommes et aussi ce pourquoi nous rêvons. L'exemple de sa vie nous enseigne que chaque droit dont nous jouissons s'est construit sur les échos des voix de milliers d'hommes et de femmes qui ont lutté pour les conquérir.  Et aussi sur les larmes et la vie même de ceux qui ont tout donné pour une société de justice sociale. C'est la raison pour laquelle, en ce triste jour, nous allons lui rendre hommage avec l'engagement ferme et collectif de suivre son exemple, en revendiquant sa mémoire et ses valeurs. Nous le faisons avec ses propres mots, qui nous aident à assumer son départ et à nous lever chaque matin avec le désir d'être à la hauteur de tout ce qu'il nous a donné et de ce que nous lui devons : "J'ai comme consigne de vivre pour les autres. C'est la meilleure manière de vivre pour soi-même"

Avec le poing levé, nous, communistes te disons adieu: ¡Hasta siempre Camarade!