mercredi 23 mars 2016

COLOMBIE. Suite à la vague d’assassinats

COLOMBIE. Suite à la vague d’assassinats, des leaders socio-politiques et des défenseurs des droits humains lancent un SOS au Parlement Européen

Eliécer Jiménez Julio, Ginebra, Suiza | 22-03-2016 |
Trad° C.M pour le Cialnanterre | 23-03-2016 |

Des dirigeants, des organisations politiques, des organismes de défense des droits humains en Colombie et en Europe ont envoyé un SOS au Parlement Européen afin de dénoncer l’escalade de violence et de violations des droits humains commises ces derniers jours, de manière croissante, contre des personnes membres d’organisations sociales de gauche en Colombie : Assassinats, disparitions, déplacements forcés et menaces contre des membres du Parti Communiste Colombien, de la Marche Patriotique, de l’Union Patriotique et d’autres leaders sociaux. 

La lettre, signée entre autres par Aida Avella (Présidente de l’Union Patriotique), Diego Martinez (Secrétaire exécutif du Comité Permanent pour la Défense des Droits Humains –Colombie- CPDH), Viviana Vieira (Pôle Démocratique Alternatif –PDA- en Europe), Hugo Orejuela (Marcha Patriotique en Belgique), souligne que « Ces trois derniers mois, dans notre pays, les assassinats, les disparitions, les déplacements forcés, les menaces contre les leaders et leurs enfants, contre le Parti Communiste, la Marche Patriotique, l’Union Patriotique et les leaders sociaux, nous font penser que l’extrême droite, opposée à la recherche de la paix avec justice sociale, a déjà commencé l’extermination que nous craignions tant. En tout, 54 agressions contre des leaders de ces partis et mouvements ont été enregistrées, soit 2 agressions par jour entre menaces, attentats, assassinats, montages judiciaires et poursuites. Ce dernier mois, la situation a empiré, avec 32 personnes assassinées en tout parmi lesquelles 17 appartiennent à des mouvements politiques et sociaux et 15 personnes ont été assassinées dans le cadre des actions qu’on appelle de manière sinistre le « nettoyage social », et qui est une stratégie de terreur pour contrôler les communautés ». 

Le communiqué a été envoyé entre autres aux Députés européens : Josu Juari-Bildu ; Javier Couso – IU ; Marina Albiol – IU ; Lola Sanchez – Podemos ; Miguel Urban – Podemos ; Tania Gonzalez – Podemos ; Helmut Scholtz – Die Linke ; Richard Howitt – UK ; Ana Gomes – Groupe de l’Alliance Progressiste ; Maite Pagazaurtundúa - UP et D; Jordi Sebastia – Groupe des Verts / ALE ; Ernest Ursatun - Groupe des Verts / ALE ; Josep-Maria Terricabras - Groupe des Verts / ALE. 

Cette communication souligne que ces derniers jours, « les agressions ont eu lieu dans 15 régions colombiennes (Santander, Putumayo, Antioquia, Arauca, Atlántico, Boyacá, Cauca, Chocó, Córdoba, Cundinamarca, Meta, Norte de Santander, Sucre, Sur de Bolívar y Buenaventura). Ce qui attire notre attention, c’est que l’escalade de violence coïncide avec les zones prioritaires pour la mise en œuvre du post-accord déterminé par le gouvernement national et le PNUD ». 

La lettre est également signée par des organisations comme le Comité Espagnol des DDHH en Colombie COMADEHCO, l’agence de presse Nueva Colombia – ANNCOL de Suède, le groupe RAICES – Dublin (Irlande), l’Observatoire DDHH-U Distrital Bogotá (Europe), « On y va -Globalisons la solidarité » (Suisse), AIPAZCOMUN (Suisse), la Coordination Populaire Colombienne à Paris (France), l’Association Jorge Adolfo Freytter Romero qui expriment leur préoccupation : « Avec ces morts et ces agressions contre des représentants de partis et de mouvements d’opposition, avec la multiplication de ces faits alors que se rapproche la signature et la mise en œuvre des accords de paix, nous n’avons plus de doute sur le message de terreur qu’envoie l’extrême droite et nous craignons que ce soit le début d’une vague de violence et de mort, semblable à celle vécue par l’Union Patriotique ». 

La Marche Patriotique au Pays basque, l’Association Jaime Pardo Leal en Suède, l’Union Patriotique en Suisse, le groupe des Constituants Exilé-e-s Persécuté-e-s par l’Etat colombien en Europe, le Comité d’Information sur l’Amérique Latine de Nanterre en France signent également le communiqué en affirmant : « Chaque fois qu’ils assassinent un membre d’un parti politique ou d’un mouvement social, ceux qui envoient les assassins cherchent non seulement à semer la terreur mais aussi à faire croire au pays et aux groupes de guérilléros qui sont disposés à laisser les armes, qu’il n’est pas possible d’être dans l’opposition démocratique en Colombie. Les auteurs intellectuels et matériels de ces crimes se trompent, le processus de négociation de paix doit continuer, c’est pourquoi nous devons stopper cette situation de toute urgence ». 

Le courrier aux eurodéputés exprime : « Face à cette situation grave, nous demandons respectueusement et de manière urgente, une intervention du Parlement Européen et de votre part, afin d’alerter, de rendre visible et de freiner cette guerre sale contre les dirigeants populaires, car nous croyions que cela peut être le début d’un phénomène semblable au génocide de l’Union Patriotique, qui avait également succédé à un processus de paix avec les FARC-EP ». 

Il est important d’indiquer que le parlement européen connait la situation en Colombie et l’accompagnement du processus de paix négocié entre le gouvernement colombien et les FARC-EP (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie – Armée du Peuple). C’est pourquoi les signataires ont considéré pertinent de s’adresser à cet organe législatif européen pour demander un soutien suite aux événements récents qui mettent en danger le processus de négociation. Ils viendront prochainement devant les eurodéputés pour expliquer l’escalade de violence contre les partis politiques de gauche et les leaders sociaux et on y espère la tenue d’un débat à ce sujet dans les prochains jours. 

Différents courriers dénonçant les violations graves des droits humains en Colombie sont remises à différents gouvernements et parlements de pays et d’Etats européens. Le CPDH a interpellé le Haut Commissariat pour les Droits de l’Homme des Nations Unies dont le siège est à Genève, en Suisse. On demande également à l’Union Européenne qu’elle exige du Gouvernement colombien l’application de la clause signée dans les TLC (Traités de Libre Commerce) portant engagement de respecter et veiller sur les droits de l’homme en Colombie, et particulièrement, de garantir la vie et les libertés de l’opposition politique et sociale sans criminaliser le mouvement social ou être complice des assassinats des leaders, ce qui a lieu en ce moment, et que soit créée une commission de haut niveau pour enquêter sur ces crimes et punir les coupables liés à l’extrême droite et ennemis de la Paix avec Justice Sociale.
 
Source : Tercera Información

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