mercredi 27 décembre 2017

Evo Morales Ayma : Le temps s'achève pour nous


Discours de Evo Morales Ayma, 
Président de l'Etat Plurinational de Bolivie
Source : http://www.cancilleria.gob.bo/webmre/node/2361

Paris, 12 décembre 2017

Frères et soeurs de la presse,

Nous sommes à Paris en réponse à l'invitation du président Emmanuel Macron, du Secrétaire Général des Nations Unies, Antonio Gutierrez et d'autres organismes internationaux. Je profite de cette opportunité pour faire connaitre la position bolivienne sur ce Sommet de la Planète, qui représente un sommet pour la vie, pour l'humanité. Je salue le grand effort du président français qui, au nom de la France, au nom de la vie, nous a appelé, nous les présidents, les organismes internationaux, les experts qui étudient la vie, et particulièrement le futur des générations à venir.

Le temps s'achève pour nous. Alors que nous parlons, ouragans, tremblements de terres, inondations, sécheresses, pollution de l'air, pollution de nos océans et extinction des espèces qui en découlent, sont les conséquences directes du système actuel de production, de consommation et d'industrialisation sans mesure.

Frères et soeurs, le temps s'achève pour nous. Les 5 dernières années ont été les plus chaudes enregistrées dans l'histoire. Les concentrations de gaz à effet de serre continuent à augmenter. Le niveau de la mer continue à monter, les lagunes, les fleuves et leurs affluents sont en train de sécher. Au niveau global, la chaleur des océans atteint une température record.

La glace des deux pôles de la planète est en dessous de sa taille moyenne et nos cordillères perdent leurs couvertures blanches. Le temps s'achève pour nous. Les phénomènes extrêmes sont devenus le plus grand risque pour l'humanité en matière de santé, d'accès à l'eau et aux services de base.

Cette situation aggrave considérablement la crise humanitaire que vit l'Afrique et le Moyen Orient. Dans ma région, l'Amérique Latine et des Caraïbes, les derniers ouragans qui se sont abattus sur la Dominique, Antigua et Barbuda ont provoqué des dégâts qui atteignent 1.100 millions de dollars.

Nous devons attaquer les causes structurelles du changement climatique. Démonter le système de production qui ne se développe pas en harmonie avec la nature, modifier les modèles et la culture de la consommation sans fin, rénover notre relation avec la Mère Terre, en reconnaissant et en respectant ses droits.

Les pays qui ont plus de responsabilité historique sur les dommages à la Mère Terre doivent assumer un plus grand engagement réel et réaliser de plus gros apports.

Nous, les pays du Sud, qui étions avant des colonies et dont les ressources naturelles sont encore exploitées sans une juste rétribution, nous sommes ceux qui souffrons le plus des effets du changement climatique. Par ailleurs, nous sommes les pays qui apportons le plus en matière de réduction des gaz à effet de serre.

La Bolivie génère à peine 0.1% des gaz à effet de serre. Avec les arbres de notre Amazonie, nous capturons et nous nettoyons 2% mondial du dioxyde de carbone polluant. C'est à dire que nous apportons au monde 2% de l'oxygène de notre planète. Nous avons une équation environnementale positive, parce que nous émettons peu de gaz à effet de serre et que nous nettoyons ces gaz. Ainsi nous apportons au monde 20 fois plus d'oxygène que ce que nous polluons.

Pourtant, notre population souffre des terribles sécheresses ou inondations qui affectent sa vie quotidienne. Malgré ces difficultés, la Bolivie a investi ces dernières années plus de 1.600 millions de dollars en projets d'accès à l'eau, accomplissant ainsi les objectifs du millénaire. De plus, nous investissons maintenant 2.600 millions de dollars en diversification de nos sources d'énergie électrique avec des sources d'énergie alternatives et renouvelables.

Frères et soeurs de la presse,

Nous, les pays du Sud, nous sommes les gardiens de la Convention sur le Changement Climatique. Deux ans après la célébration de l'Accord de Paris, nous sommes à nouveau réunis, et nous débattons à nouveau sur les mêmes problèmes de blocage des financements pour une lutte efficace contre le changement climatique.

Si les pays développés ne respectent pas l'engagement de garantir les provisions pour le financement, le transfert de technologies et le développement des capacités, nous ne pourrons pas atteindre nos objectifs. Les pays industrialisés se sont engagés à faire une contribution annuelle de 100.000 millions de dollars pour ce que l'on appelle le financement climatique. Mais en deux ans, il n'y a eu l'assignation que de 10% de cette somme. 

Nous voyons avec une grande préoccupation que l'on envisage de transférer cette responsabilité au secteur privé. C'est une erreur historique gravissime. La privatisation de cette responsabilité apportera des conséquences irréversibles.

Frères et soeurs de la presse,

La privatisation est synonyme de capitalisme. On ne peut pas résoudre, avec plus de capitalisme, la crise provoquée par le capitalisme. Prétendre que ce système résolve la crise du changement climatique, c'est comme prétendre donner la responsabilité au renard de veiller sur le poulailler.

Certaines données nous montrent que, uniquement pour atténuer les effets du changement climatique, on doit investir environ 3% du PIB mondial, ce sont des données des Nations Unies. Le financement pour l'adaptation, l'atténuation, la technologie, les forêts, devrait être de 6% du produit national brut des pays développés.

Lamentablement, on dépense plus pour la guerre que pour combattre le changement climatique et ses conséquences. Un exemple clair de tout cela est ce qui arrive avec le principal pollueur de l'histoire de la planète : Les Etats-Unis. Il abandonne l'accord de Paris, méprise la communauté internationale et sa priorité, c'est la guerre, les interventions. Sa dépense militaire pour 2018 arrivera presque à 700 000 millions de dollars.

En tournant le dos à l'accord de Paris et en utilisant tant de ressources pour la guerre, les Etats-Unis ne sont pas seulement en train de construire des murs physiques entre frères, ils construisent le pire des murs dans le monde entier : le mur entre la vie et la mort, le mur qui peut priver nos générations futures de leur droit à la vie. Les Etats-Unis sont la principale menace contre la famille humaine et contre la Mère Terre.

Frères et Soeurs,
C'est pour toutes ces raisons et beaucoup d'autres que nous suggérons les tâches urgentes suivantes, ce sont nos 10 propositions pour cette conférence :

  1. Reconnaître et respecter les droits de la Mère Terre, son droit à exister et à être respectée intégralement, à maintenir ses cycles vitaux et ses processus évolutifs, à la génération, à la restauration et à la protection de ses structures génétiques.
  2. La création du Tribunal de Justice Climatique, contraignant, pour qu'il juge et sanctionne les responsables du dommage climatique.
  3. Reconnaître et solder la dette climatique historique des pays industrialisés envers la planète à cause de la sur-exploitation des ressources naturelles.
  4. Reconnaître les services basiques comme des droits humains : l'eau et l'énergie ne doivent pas être un commerce privé, mais un service public.
  5. Les ressources de la guerre doivent être re-dirigées et utilisées pour l'atténuation et l'adaptation au changement climatique, elles doivent servir à faire face aux graves conséquences des catastrophes climatiques.
  6. Construire un nouvel ordre économique financier mondial, où les relations soient basées sur la complémentarité et la solidarité, et non sur le profit, l'individualisme et l'exploitation.
  7. La reconnaissance des droits des peuples du monde à accéder à égalité de conditions aux avancées de la science et de la technologie.
  8. Nous devons récupérer les savoirs ancestraux des Peuples indigènes pour vivre en harmonie avec la nature.
  9. Nous devons construire une nouveau paradigme de production, de consommation, de développement et de lien avec la Mère Terre : C'est le "Bien Vivre".
  10. Au niveau politique international, notre devoir est de défendre le multilatéralisme, l'égalité, la souveraineté des Peuples, et notre droit à la Paix, la Paix avec justice sociale, avec la dignité et la souveraineté des peuples.
Frères de la presse,

Le temps s'achève pour nous. Si nous voulons remporter ce défi global, notre lutte doit être contre le capitalisme, contre le colonialisme et contre l'impérialisme. L'être humain ne peut pas vivre sans la Mère Terre mais la Mère Terre peut mieux exister sans l'être humain.

Voici notre proposition pour cette conférence sur la planète convoquée par le président de France.
Merci beaucoup.

Paris 12 décembre 2017
Traduction : CM




L'assistante sociale / La trabajadora social

Elle reçoit dans son bureau le secret des familles et des personnes.
Elle reçoit les larmes et les questions.
Elle reçoit les histoires et les soifs d'avenir.
Elle reçoit la pauvreté crasse et la bêtise,
    la violence et la fragilité,
    la lutte au quotidien et les envies de vivre.
Elle écoute, elle reformule, elle explique, elle oriente.
Elle passe beaucoup de temps à remplir des évaluations et des formulaires, à rechercher dans quelles cases et quels dispositifs pourront se retrouver les personnes qui osent passer sa porte.

Alors que les associations du secteur social sont de plus en plus en difficulté,
alors que les aides individuelles sont de plus en plus limitées,
alors que les politiques publiques cherchent à faire du chiffre tout en réduisant les droits, 
alors que les bénéficiaires de l'aide et de l'action sociale sont de plus en plus considérés comme de dangereux assistés qu'il convient de contrôler,
la demande sociale ne cesse d'augmenter...

Et elle, l'assistante sociale,
est chargée de vider avec une petite cuillère
la mer des besoins qui frappent de plein fouet la société malmenée.
Si elle supporte ce travail de Sisyphe sans tomber dans l'amertume,
si elle est capable de gérer les conflits en désactivant les bombes relationnelles,
si elle va au-delà des pesanteurs institutionnelles et des contradictions des politiques publiques,
si elle cherche toujours à transformer la demande d'aide en possibilité d'autonomisation, 
c'est qu'elle aime les gens.




En su oficina, ella recibe el secreto de las familias y de las personas.
Recibe las lágrimas y las preguntas.
Recibe las historias y la sed de porvenir.
Recibe la pobreza crasa y la estupidez,
    la violencia y la fragilidad,
    la lucha cotidiana y las ganas de vivir.
Escucha, reformula, explica, orienta.
Pasa mucho tiempo rellenando evaluaciones y formularios, buscando los estratagemas y dispositivos donde se podran encarrilar las personas que se atreven a llamar a la puerta.

Cuando las asociaciones del sector social se encuentran cada vez peor,
cuando las ayudas individuales son más y más limitadas,
cuando las politicas públicas entran en las lógicas de cuotas y reducciones de derechos,
cuando los beneficiarios de la acción social son considerados como peligrosos asistidos que es menester controlar, y que la demanda social no para de aumentar...

... Ella, la trabajadora social,
está encargada de achicar con una cucharadita
el mar de necesidades que azotan la sociedad maltratada.
Si aguanta este trabajo de Sísifo sin caer en la amargura, 
si es capaz de gestionar los conflictos desactivando las bombas relacionales,
si soporta la pesadez institucional y las contradicciones de las políticas públicas,
si busca siempre la transformación del pedido de ayuda en posibilidad de empoderamiento, 
es porque quiere a la gente.






La cuisinière de la crèche municipale / La cocinera de la guarderia municipal

Chaque jour de la semaine, elle prépare les repas des tout-petits à la crèche collective. Elle utilise des produits frais en jouant avec les goûts, les textures et les couleurs des aliments. Elle s'adapte aux âges et aux régimes des bébés. Comme elle sait que Lucille est allergique au lactose et qu'Ahmed ne peut pas manger de poisson, elle tient compte de leur régime spécifique.

Tout en respectant des règles d'hygiène strictes, très contrôlées dans ce cadre professionnel, elle assume le rôle capital d'éveiller la curiosité alimentaire des petits de 0 à 3ans en travaillant au plus près des enfants et de ses collègues de la crèche. Elle n'est pas employée par une grande entreprise de restauration collective ou par une cuisine industrielle qui prépare des milliers et des milliers de plats journaliers.

Par sa pratique quotidienne, elle est un bel exemple du caractère qualitatif que doit porter l'intérêt général : A travers elle, le service public donne le meilleur en notre nom à nos enfants en faisant le choix de privilégier une organisation de proximité, de se placer délibérément hors de la concurrence et de ne pas surévaluer les logiques financières.


Cada dia de la semana, ella prepara la comida de los pequeñitos acogidos en la guarderia colectiva. 
Utiliza productos frescos, juega con los sabores, las texturas y los colores de los alimentos, se adapta a las edades y a las dietas de los bebés. Como sabe que Lucila es alérgica a la lactosa y que Ahmed no puede comer pescado, tiene en cuenta sus regímenes específicos.

Respectando estrictamente unas normas de higiene muy controladas en ese marco profesional, ella asume el rol capital de despertar los paladares de los pequeños humanos de 0 a 3 años. No es empleada por una gran empresa de restauración colectiva o una cocina industrial que prepara miles y miles de platos diarios. No. Ella trabaja en su cocina situada en la guarderia y conoce de cerca a los niños y a sus colegas.


En su práctica cotidiana, es un ejemplo bello del carácter cualitativo que conlleva el interés general: a través de la cocinera de la guarderia, el servicio público local quiere dar lo mejor en nuestro nombre a nuestros hijos y a nuestras hijas. Privilegiando la proximidad, se situa deliberadamente fuera de la lógica de la competencia y no sobrevalora los aspectos financieros.



Les employés de l'Etat-Civil / Los empleados del Registro Civil

En France, depuis la Révolution, ce sont les employés de l'Etat Civil qui saisissent et conservent systématiquement les traces de la vie des personnes sur le territoire de la commune, en lieu et place des autorités religieuses qui rédigeaient et conservaient les registres des baptêmes, mariages et sépultures.

En enregistrant les naissances, la filiation, le prénom et le nom, les décès ou les mariages, ces scribes éditeurs de vie identifient les citoyens et citoyennes. Ils inscrivent dans des registres que la vie, la mort et les amours humaines n'ont pas parties liées avec les dieux. Ce faisant, ils font oeuvre laïque : Quand ils ou elles rédigent un acte de naissance, ils sont témoins de la transmission de la vie de génération en génération. Quand ils communiquent les autorisations de fermeture de cercueils ou éditent un acte de décès, ils marquent le caractère éphémère du passage d'un individu sur terre et inscrivent son trépas dans le temps. Quand ils accompagnent les couples pour les mariages, ils et elles contribuent à la socialisation des amours humaines.

Le caractère public et gratuit de tous ces actes est un gage d'accessibilité.
En ces temps de marchandisation du vivant et de la mort : Gardons-nous bien contre la privatisation !

Auparavant écrits en pleins et déliés, tous ces actes sont maintenant digitalisés.
Les registres informatisés ont succédé aux registres en papier.
En ces temps de bataille pour le contrôle de l'information : Veillons à ce que ces bases de données personnelles soient bien protégées !


En Francia, desde la Revolución, son los empleados municipales del Registro Civil quienes escriben y conservan las trazas de la vida de las personas, en lugar de las autoridades religiosas.

Al registrar los nacimientos, la filiación, el nombre y el apellido, los fallecimientos o los matrimonios, esos escribanos editores de vida identifican las ciudadanas y los ciudadanos. Inscriben en unos registros que la vida, la muerte o los amores humanos no estan vinculados a los dioses. Son obreros de la laicidad: cuando redactan una partida de nacimiento, son testigos de que la vida se transmite de generación en generación. Cuando comunican las autorizaciones de cerrar los féretros o editan un certificado de defunción, marcan el carácter efímero del paso de un individuo sobre la tierra e inscriben su muerte en el tiempo. Cuando acompañan las parejas en los matrimonios, contribuyen a la socialización de los amores humanos.



El carácter público y gratuito de todos esos actos es una garantía de accesibilidad.
En esos tiempos de mercantilización de lo vivo y de lo muerto : cuidemonos contra la privatización!

Anteriormente, todos esos actos estaban escritos a trazos finos o trazos gruesos. Ahora son digitalizados. Los registros informatizados han sucedido a los registros de papel.
En esos tiempos de batalla por el control de la información: 
Alerta sobre la protección de esas bases de datos personales!



Le gardien du cimetière / El guardia del cementerio

Le cimetière est un jardin pour les vivants où reposent les morts.
Le gardien du cimetière est jardinier.

Chargé d'ouvrir et fermer la porte, d'accueillir et renseigner les familles endeuillées, 
d'accompagner les pompes funèbres, 
il entretient le cimetière, ses allées et ses arbres. 
Témoin des saisons et du temps qui passe, il reçoit aussi les larmes et le souvenir.

Il cultive et soigne cet espace que les anciens appelaient "sacré",
ce lieu du culte des morts, caractéristique de l'espèce humaine,
lieu éminemment collectif où tous les trépassés sont égaux devant la mort
et tout à la fois, lieu de l'intime où la dernière trace d'histoire individuelle est enfouie sous la terre.

Agent public, il affronte depuis une vingtaine d'années la suppression du monopole communal et le contexte concurrentiel du marché de la mort.




El cementerio es un jardín para los vivos, donde descansan los muertos.

El guardia del cementerio es jardinero.
Encargado de abrir y cerrar la puerta, de acoger e informar a las familias enlutadas, de acompañar a las funerarias, él cuida del cementerio, sus alamedas y sus arboles. Testigo de las estaciones y del paso del tiempo, recibe las lágrimas y los recuerdos.
Cultiva y cuida este espacio que los ancianos llamaban "sagrado",
este lugar de culto a los muertos, característico de la especia humana,
lugar eminentemente colectivo, donde todos los fallecidos son iguales delante la muerte.
Y tambien, lugar de lo íntimo donde la última traza de historia individual está ocultada bajo tierra.
Agente público, enfrenta desde hace unos veinte años la supresión del monopolio municipal y el contexto competitivo del mercado de la muerte.




mardi 26 décembre 2017

Le balayeur / El barrandero

Il passe chaque jour. Avec son chariot, son bras mécanique, son balai et ses sacs poubelles.
Chaque jour. Méthodiquement, patiemment, scrupuleusement.
Il ramasse les papiers gras,
les canettes de bière vides,
les vieux briquets,
les cartons oubliés,
les aliments jetés,
les mégots.
Il ramasse les scories, la matière inutile au rebut.
Chaque jour.
Au soleil ou sous la pluie.
Chaque jour.
Qu'il gèle ou qu'il grêle.
Chaque jour d'automne à ramasser les feuilles rousses et à se battre avec les vents.
Il remplit sa part de la fonction éminemment marchande du traitement des déchets et celle d'occuper humainement l'espace public en tant qu'agent de l'intérêt général. Fonction éminemment volatile.


Pasa cada día. Con su carretilla, su brazo mecánico, su escoba y sus bolsas de basura. 
Cada día. Metódicamente, pacientemente, escrupulosamente. 
 Recoge los papeles grasos, 
 las latas de cerveza vacias, 
 los mecheros usados, 
 los cartones olvidados, 
 los alimentos esparcidos, 
 las colillas. 
 Recoge la escoria, la materia inútil tirada. 
 Cada día. 
Con el sol o con la lluvia. 
 Cada día. Con el hielo y la granizada. 
Cada día. Con las hojas del otoño. Otra materia inútil tirada. 
 En general, pasa desapercido. 
 Solo su ausencia revela su eficacia, 
cuando en los dias de huelga, se acumula públicamente la basura. 
 Cumple su parte de la función eminentemente mercantil del tratamiento de los residuos. 
Pero cumple también una función volátil : 
la de ocupar humanamente el espacio público como agente del interés general.






L'agent d'accueil de la mairie / La recepcionista de la alcaldía

Son sourire appartient au domaine public, c'est un bien commun des habitants.
Elle regarde les gens avec bienveillance. 
Non pas cette bienveillance de façade qui jaillit quelquefois des guichets. 
Non, elle regarde les gens avec une bienveillance profonde, patiente, capable de comprendre avec peu de paroles - et quelque fois, sans parole - ce qui anime les personnes. Et capable de les orienter avec efficacité pour faciliter leurs démarches.
En une heure, quinze personnes sont passées à l'entrée de la mairie : Elle les a saluées aimablement, a souhaité une bonne journée, a donné des tickets et des formulaires, écrit une adresse, conseillé sur la marche à suivre dans le labyrinthe institutionnel. C'est une fonction volatile, dont la valeur ajoutée n'occupe pas d'espace sur les marchés : faciliter l'accès aux droits en saluant tranquillement le passage des heures et des êtres humains n'a pas de prix. 
C'est une relique d'humanité facilitante au milieu de la modernisation administrative.



Su sonrisa es del dominio público, es un bien común de los habitantes.
Mira a la gente con benevolencia, 
no una benevolencia de fachada como brota a veces de las ventanillas, 
sino una benevolencia profunda, paciente, capaz de entender en pocas palabras 
- y de vez en cuando sin palabras - lo que anima a las personas. 
Y capaz de orientarlas eficazmente para facilitar sus trámites. 
En una hora, han pasado unas quince personas por la entrada de la alcaldía: 
les ha saludado amablemente, ha deseado un feliz día, ha entregado tiquetes y formularios, 
ha facilitado una dirección, aconsejado sobre la marcha a seguir en el laberinto institucional... 
Esa es una función volátil, cuyo valor añadido no ocupa espacios mercantiles: facilitar el acceso a los derechos saludando tranquilamente el paso de las horas y de los humanos no tiene precio. 
Es una reliquia de humanidad facilitadora en medio de la modernización administrativa.




mardi 5 décembre 2017

Colombie. Mise en oeuvre des accords : Le verre à moitié vide


Source : VOZ
Hernán Camacho
@camachohernan


La transposition légale des accords de paix se termine au Congrès de la République avec un bilan négatif. Ni la réforme politique pactée à La Havane, ni les réformes constitutionnelles et légales ouvrant la voie à la réforme agraire intégrale n'ont pu passer au travers des quatre débats constitutionnels et elles se trouvent maintenant dans les limbes.

Un an après la signature des accords de paix, les FARC et le Gouvernement national se sont de nouveau rencontrés au théâtre Colón, là où le 24 novembre 2016, Rodrigo Londoño, le chef des FARC-EP et le président Juan Manuel Santos, s'étaient serrés les mains après avoir signé l'accord de paix. Une année plus tard, chacun y a présenté un bilan de ce qui a eu lieu jusqu'à aujourd'hui.

Celui qui ferme les yeux

Selon le président des Colombiens, il a travaillé tout au long de ces mois pour que les accords deviennent une réalité. Il a pourtant expliqué que ce n'est pas tâche facile, que cela prend du temps et que "cela ne se fait pas en un jour". Il a reconnu que des erreurs dans les procédures législatives ont été commises et qu'il y a une forte opposition des forces politiques contraires à la paix.

"Je comprends l'impatience et l'urgence que beaucoup expriment. Nous voudrions tous que les changements et les opportunités de la paix soient déjà une réalité. Je sais aussi qu'il y a eu des retards, des difficultés, des erreurs. Mais nous travaillons sans cesse pour accélérer le pas et avancer. Et pour dire la vérité, nous, les colombiens, avons mieux réussi à poser les bases initiales de la paix que de nombreux autres pays dans des situations similaires" a signalé Juan Manuel Santos.

Les difficultés

Un discours peu critique face aux difficultés les plus pressantes de la mise en oeuvre : La Justice Spéciale pour la Paix suspendue, la réforme politique peu conforme aux accords, des Circonscriptions Spéciales pour la participation politique des victimes qui ne sont pas assurées ; l'assassinat continuel de dirigeant.e.s sociaux, de défenseur.e.s des droits humains, et d'anciens combattants des Farc, ainsi que les retards pris dans la réincorporation sociale et économique des ex-combattants, font que le processus de paix ne soit pas dans ses meilleurs jours.

Timo (le surnom du chef des Farc)

Rodrigo Londoño, au contraire, a été plus critique à propos du moment politique. Il a remercié l'initiative de commémorer l'anniversaire de la signature des accords et il a rappelé que l'aspiration la plus importante était la transformation de la société.

"Nous, les FARC, nous avons demandé pardon au monde pour chacune de nos actions. Nous avons dit adieu aux armes, aux haines et aux désirs de vengeance. Nous avons initié notre plus fervent désir de vivre en paix [...] Une année plus tard, convertis en parti légal et après avoir remis les armes et honorer chacun de nos engagements, nous nous présentons devant la société pour renouveler notre engagement avec la paix et la justice sociale" a indiqué Rodrigo Londoño.

Le chef du nouveau parti a averti qu'ils ne feront marche arrière sur aucune des obligations pactées, et qu'il n'existe aucun autre plan que celui de voir l'accord matérialisé de manière intégrale par l'Etat Colombien. "Nous sommes certains que nous accompagnent des millions de colombiens qui ont cru dans la solution politique au conflit. Nous invitons cette Colombie à rejoindre la lutte pour la mise en oeuvre de l'accord final" a ajouté Londoño.

Les critiques ont aussi été adressées au Congrès de la République qui a joué un rôle néfaste dans la mise en oeuvre de l'accord, en cherchant à tout prix à en changer la nature à travers une stratégie de renégociation. "On se moque du peuple colombien car ces lois de réforme ne respectent pas ce qui a été accordé" a insisté Londoño.

Candidat présidentiel des FARC, il dit que ce même Congrès qui avait entériné l'accord et en avait approuvé les éléments essentiels, semble honteusement déterminé à le réduire en miettes : "C'est une conduite qui avilit l'Etat aux yeux des citoyens d'ici et d'ailleurs. De plus, la Cour constitutionnelle elle-même, qui a ordonné aux pouvoirs publics de respecter ce qui a été signé, se prononce contre les accords. Dans un pays aux montages judiciaires historiques, le Procureur Martínez établit qu'un ex-combattant accusé d'avoir commis le plus petit délit après l'accord, perdrait automatiquement les bénéfices de ce qui a été signé, dont l'extradition".

La Commission de la Vérité

Le président de la Commission de la Vérité récemment élu, le père Francisco de Roux, a dit qu'il se sentait ému et inquiet après avoir écouté les discours de Rodrigo Londoño et du chef d'Etat. Le prêtre jésuite a enjoint les colombiens à assumer la responsabilité d'aller de l'avant avec ce qui a été accordé et de le respecter pour les générations futures.

"La guerre est terminée et nous devons avoir dans le coeur des désirs de paix. Si cette implication de la société civile et la décision de tous en tant que personnes et en tant que colombiens, ne se transforme pas en force significative qui nous permet de porter l'accord à bon port et créer de nouvelles règles pour vivre ensemble, les changements seront impossibles. Ne pensez pas que tout est perdu, nous, nous venons offrir notre coeur" a indiqué le père Francisco de Roux.

La JEP

Par ailleurs, la présidente de la Juridiction Spéciale de Paix, la magistrate Patricia Linares, a souligné que le processus de paix serait plein d'obstacles et de déboires car il se construit sur la méfiance des parties, fruit d'un demi siècle de guerre. La juriste qui représente les 52 magistrats du Tribunal de Paix, objet de toute une série de critiques selon lesquelles ce serait supposément une justice de revanche des FARC, a invité le pays à ne pas disqualifier ses actions avant même que n'ait été proférée la première sentence.

"Peu à peu, le système intégral de justice, vérité et non répétition s'est mis en marche, nous avons tous senti que nous avançons et que s'ouvrent d'autres paradigmes qui trouvent leur place dans ce processus. Les composantes du système avancent vers sa mise en oeuvre. En ce qui concerne la JEP, c'est tous les jours que nous faisons un pas en avant avec les victimes et les organisations de la société, avec le soutien respectueux des parties négociatrices", a souligné Linares.

Pour la magistrate, le système envisagé en Colombie est inédit dans le monde et a été conçu comme une juridiction pour la paix, dont la voie doit chercher à administrer une justice restaurative, qui recompose, qui reconstruit, qui est opportune et qui sera toujours soumise à la Constitution et à la loi. "Nous sommes là pour apporter aux victimes la vérité pour la non-répétition et nous sommes prêts à respecter les garanties de la justice à quiconque se présente, quelque soit sa condition. Nous ne sommes pas un tribunal de vengeance" a conclu Linares.

La Colombie face au monde

L'assesseur juridique de la table des conversations de La Havane, le juriste espagnol Enrique Santiago dit que la Colombie risque de se convertir en pays peu fiable face à la communauté internationale, pour ne pas mener à bien l'accord de paix. "Avec la situation de l'implémentation, nous allons trouver des alternatives à la lumière de la législation colombienne et des lois internationales. Nous allons analyser les scénarios, voir les modifications par rapport à ce qui a été accordé et chercher à revenir sur ces modifications dans la mesure où l'accord est la norme constitutionnelle en Colombie, dans toutes ses institutions. Nous lançons un appel à toutes les institutions co-responsables de la mise en oeuvre pour qu'elles respectent leur mandat" a signalé Enrique Santiago.

A la fin de la journée, des activités culturelles ont eu lieu sur la Place de Bolívar, en attendant des nouvelles de la réunion qui avait lieu à huis clôt entre le chef de la FARC et le Président de la République.

Source : VOZ




lundi 30 octobre 2017

L'oligarchie n'accepte rien de ce qui menace la dictature du capital


Entretien avec Carlos A. Lozano Guillén, directeur de VOZ 
Une analyse de la réalité colombienne  

Source : Rédaction politique de VOZ

Carlos A. Lozano Guillén est le directeur de VOZ et un analyste reconnu sur le thème de la paix. La preuve en est qu'il a écrit sept ouvrages sur ce sujet à différentes époques. Pour www.semanario voz.com, nous avons voulu connaître ses opinions sur les difficultés rencontrées pour l'application de l'Accord de La Havane et leurs perspectives de dépassement, au milieu des contradictions avec les ennemis de la paix, des fragilités du gouvernement de Santos, de la campagne électorale et la recherche d'une solution démocratique de la crise.

Question : Certains analystes, de droite comme de gauche, considèrent que le processus de paix traverse une crise difficile à résoudre. Suite à la décision de la Cour Constitutionnelle qui donne un feu vert aux modifications des projets par les congressistes, feu vert que ces derniers ont pris très au sérieux, on assiste à une crise de confiance, une crise du respect des engagements, une crise de l'application, en raison de la résistance du Congrès de la République à voter les lois et les actes législatifs qui mettent en oeuvre l'Accord de La Havane. Quelle est votre opinion ?

Réponse : Prenons les choses une par une. Il y a une crise dans le processus d'application de l'Accord de La Havane. Il est l'objet d'une espèce de renégociation dans certains cas et aussi de changement arbitraire, tant de la part du gouvernement et des agents de l'Etat que des congressistes, dont ceux qui sont dans la coalition gouvernementale. C'est, pour le Gouvernement, l'Etat et les partis de la coalition officialiste, sans doute pour des raisons différentes, une manière de poser un lapin à l'Accord avec les FARC-EP. Quelles qu'en soient les raisons, c'est un acte de trahison, un manque de parole. Les FARC-EP, par contre, ont respecté au pied de la lettre les engagements des accords pactés à La Havane - et qui les obligent. C'est la différence.

La panique de l'oligarchie face aux réformes

Au fond, ce que nous avons toujours expliqué est ratifié. J'ai dit à de multiples reprises dans de nombreuses analyses sur les processus de paix, et en faisant des comparaisons avec les précédents, que l'oligarchie colombienne, toute sans exception, a une peur panique des changements, des réformes démocratiques. Pour préserver le pouvoir sempiternel qu'ils ont maintenu grâce à la violence et la terreur, ils savent que leur pire ennemi est la démocratie, le régime des libertés et des garanties. C'est pourquoi les processus antérieurs ont échoué et c'est à cause de cela que la mise en oeuvre de l'Accord de la Havane est en crise. La clef de la classe dominante bourgeoise pour se maintenir au pouvoir a été la violence, la précarité démocratique et donc, ils n'ont aucun intérêt aux changements, aussi minimes soient-ils. Il y a parmi eux un secteur réaliste qui a compris la nécessité d'une ouverture limitée et c'est de là que viennent les tentatives de paix dialoguée et le succès de La Havane, mais ils cèdent aux pressions, ils font des concessions à l'ultradroite militariste et guérrière.

Les FARC ont respecté leur parole et ils ont mis fin à la lutte armée : ils ont laissé les armes et ils ont fait le passage à un parti sans armes, c'était ce qui intéressait Santos, Uribe Vélez, Vargas Lleras, Martínez Neira, et tous ceux qui détiennent le pouvoir et aspirent à maintenir le statu quo. Les changements qu'ils permettent sont ceux qui ne mettent pas en danger leur pouvoir politique et économique. C'est ce que Santos a appliqué pendant la négociation... Pas question de discuter le modèle économique, la propriété privée, la "confiance des investisseurs", etc... Rien de ce qui menace la dictature du capital.

Des contradictions dans le bloc dominant

Q : Mais il y a des contradictions entre eux...

R :  Bien sur qu'il y en a. On pourrait appeler ça les contradictions du bloc hégémonique au pouvoir, ou bloc dominant. Et elles s'expriment de différentes manières. Alors que Santos, par exemple, veut la réconciliation parce que la paix est son drapeau et que la paix n'a pas de sens sans réconciliation, l'extrême droite, elle, revendique la victoire militaire, prône la vengeance, les représailles et promeut la violence. Elle veut voir Timoleón et tous les anciens membres du Secrétariat des FARC en prison et extradés aux Etats-Unis. Mais en plus, ceux qui sont les plus compromis dans la guerre sale, le terrorisme d'Etat, la violence contre le mouvement populaire, la promotion du paramilitarisme et le génocide, ont peur de la justice transitionnelle et de la Juridiction Spéciale de Paix, la célèbre JEP, car il se pourrait qu'ils aient à y répondre de leurs atrocités. Ce sont les politiciens traditionnels, les chefs d'entreprise, grands propriétaires, éleveurs, commerçants qui ont protégé les crimes, les ont financé et l'ont fait en toute impunité. Celui qui a carte blanche, c'est l'ex-président Uribe Vélez qui a commis toute une série d'irrégularités et de délits et qui a été couvert par la Commission des Accusations de la Chambre des Représentants (Commission des Absolutions, dit-on). Mais il tombera. Que ce soit à la Cour Pénale Internationale ou quand existera une véritable justice dans le pays. Je partage la proposition de Roy Barreras, sénateur officialiste qui, face à l'offensive réactionnaire du Congrès, affirme que la meilleure voie est la convocation d'une Assemblée Nationale Constituante à moyen terme.

Un polititien réaliste mais avec un jeu double

Q : Ce que vous avez dit de Santos le met dans le camp des gentils ?

R : On ne peut pas dire ça comme ça. Santos est un politique réaliste, mais il joue aussi un double jeu. Au gouvernement, ils sont en train de reformuler parties des accords. Sa position est ambigüe, il fait des concessions à l'extrême droite. Il y a des ennemis de la paix à l'intérieur du Gouvernement et de l'Etat, et il n'agit pas contre eux. Il ne respecte pas non plus les pactes sociaux avec les communautés et cela fragilise les accords de paix, il y a une profonde insatisfaction populaire dans le pays. Regardez tout le jeu qu'il a donné à Vargas Lleras, cet affairiste en politique qui a monté sa campagne présidentielle avec des fonds publics et qui est à la tête du parti Cambio Radical, un des partis les plus infestés de parapolitique et de corruption. C'est pour ça qu'il craint tant la JEP. Il a fait un clin d'oeil à Néstor Humberto Martínez Neira pour qu'il soit Procureur Général de la Nation et regardez le rôle néfaste qu'il joue comme saboteur de la paix. Rodrigo Lara, le président de la Chambre, est un provocateur contre les accords de paix, son père Rodrigo Lara Bonilla, un homme extraordinaire, un démocrate, fondateur du Comité Permanent des Droits Humains, doit se retourner rageusement dans sa tombe en voyant son fils parrainer la guerre et soutenir les paramilitaires qui l'ont assassiné. Quelle horreur !

Camarades, il ne faut pas oublier que Santos a été le ministre de la défense d'Uribe Vélez, que pendant son mandat, il a fait l'attaque en Equateur pour assassiner Raúl Reyes, qu'il y a eu les faux positifs, et qu'il a soutenu les actions contre les facilitateurs de paix. Tout cela compte à l'heure de faire des bilans. Ne nous trompons pas. Il n'est pas correct, par exemple, de proposer des alliances électorales avec lui pour défendre l'Accord de La Havane, comme le proposent certains à gauche. L'assassinat d'Alfonso Cano a été un acte de trahison, alors qu'il était le principal interlocuteur pour établir les dialogues avec les FARC, il n'a pas hésité à ordonner son exécution. L'histoire n'est pas capricieuse, elle est têtue. Elle est vraie quand on raconte ou on écrit bien.

Le pays est ébranlé par les explosions sociales. La réponse qui y est donnée est au refus de les résoudre et la répression aux mains des criminels de l'ESMAD que le Gouvernement ne veut pas dissoudre malgré les exigences des organismes humanitaires nationaux et internationaux. On agit pas non plus contre le paramilitarisme et ses complices qui baignent de sang la géographie nationale. Dans le camp de la gauche et du mouvement populaire, il y a trop de morts et pourtant les sphères officielles continuent à nier l'existence du paramilitarisme et la vague systémique de violence. Il s'agit d'un plan d'extermination qui a le soutien des secteurs militaristes et d'espionnage de l'Etat. Et Santos n'agit pas. Je ne dis pas qu'il est engagé dedans, mais seulement qu'il n'agit pas en conséquence. Une partie des chefs de l'armée conspirent contre la paix. Ne nous y trompons pas.

Ce n'est pas l'hécatombe

Q : Et donc, que faire ? Quel chemin emprunter ?

R : D'abord, il faut dire que la situation est grave, délicate, mais que ce n'est pas non plus l'hécatombe. Nous ne sommes pas au fond du trou, sans solution. Quelquefois, on entend des discours catastrophiques, apocalyptiques. Comme s'il n'y avait plus de solutions. Cette conduite est erronée parce qu'elle engendre de la panique chez les gens et du pessimisme, elle paralyse la mobilisation et la réponse populaire. Au contraire, l'ensemble de la gauche et des organisations sociales d'avant-garde sont en train d'agir, en train de promouvoir la résistance populaire et la dénonciation internationale de ce qui se passe dans le pays. La grève du Sommet Agraire est exemplaire. Les mobilisations dans plusieurs régions aussi. La grève des pilotes, des fonctionnaires de la DIAN, les déclarations de la USO et l'appel à une grève générale nationale en défense des Accords de la Havane et de la vie, nous montrent le chemin à suivre. Nous ne pouvons pas être dans l'expectative, il faut agir, lutter. La meilleure tranchée, c'est la lutte et la résistance des masses.

Il y a d'autres initiatives qui avancent comme le référendum révocatoire du maire de Bogotá, Enrique Peñalosa, il y a aussi celles en provenance des organisations sociales et syndicales qui sont réunies quasiment en session permanente, et qui mûrissent les conditions d'une grêve nationale qui est inévitable. Il y a un bon état d'esprit dans le secteur social et populaire, et c'est important, car cela représente la présence de la majorité de la gauche.

Q : Il y a aussi le dialogue avec l'ELN...

R : Oui, l'observation est pertinente. Le dialogue avec l'ELN est en train de se développer et il est en bonne voie, avec un cessez-le-feu bilatéral qui court jusqu'au mois de janvier, avec des possibilités de prolongement. Il faut le défendre. La consigne n'est pas seulement de défendre l'Accord de La Havane, mais aussi le dialogue avec l'ELN en Equateur, il doit être maintenu et continuer. La réunion récente de la direction du parti FARC avec les délégués de l'ELN à la table de Quito est très importante. Le non-respect des accords de La Havane par le Gouvernement n'est pas un bon message, il ne donne pas confiance à la guérrilla de l'ELN. C'est le chef négociateur du Gouvernement, Juan Camilo Restrepo, qui l'a lui-même reconnu il y a quelques jours, dans un entretien qu'il m'a accordé pour Telesur.

Le processus électoral

Q. Le processus de mise en oeuvre de l'Accord a lieu pendant la campagne électorale, cela n'exacerbe-t-il pas encore plus l'état d'esprit de l'extrême droite et des ennemis de la paix ?

R : Oui, bien sur. L'extrême droite uribiste, toujours aussi arrogante, annonce qu'elle mettra en miettes l'Accord de La Havane et qu'elle interrompera les dialogues avec l'ELN. C'est la politique de la terre brulée, de la guerre totale. Et c'est ce que nous devons prendre en compte pour élaborer la tactique électorale de la gauche.

L'Accord Final de La Havane n'a pas seulement mis un point final au conflit armé de plus d'un demi siècle, il a aussi ouvert d'énormes perspectives d'avancées en matière de réformes démocratiques et sociales. L'ouverture démocratique, c'est ni plus ni moins pour dépasser définitivement les causes du conflit.  C'est une réalité. C'est pourquoi le chemin dans la campagne électorale et au delà, c'est de forger un front large de forces alternatives pour défendre ce qui a été conquis et agir, à travers un programme commun, avec l'ambition de prendre le pouvoir, pour vaincre le bloc hégémonique de la droite et bloquer la route de l'extrême droite délirante et fachisante. C'est un front large, démocratique et progressiste, non limité au champ de la gauche. Il doit aller au delà d'elle, sans composantes réformistes mais en comprenant bien la portée réelle du front. Pour la démocratie et l'amélioration des conditions sociales, pour consolider les résultats de La Havane et ce qui viendra de Quito. Dans cette direction, l'idée d'un gouvernement de transition est pertinente. C'est un moment historique de transition, pour avancer vers un autre moment du stade politique et social national.

Si nous faisons un rappel historique, il y a des exemples dans le passé. Le plus significatif, tout en gardant les proportions, fut peut-être celui de la politique du front populaire en Europe et dans le monde pour barrer le passage au nazisme et au fachisme. En Colombie, cela s'est exprimé par le soutien des communistes au gouvernement de Alfonso López Pumarejo appelé la "révolution en marche", afin de freiner la menace des conservateurs adorateurs du nazifascime de l'époque. S'il n'y avait pas eu cette réalité, on n'aurait peut-être pas donné ce soutien. Par contre, ce fut une erreur de ne pas avoir soutenu Jorge Eliécer Gaitán dans les élections de 1946 que gagna Mariano Ospina Pérez qui instaura un régime terroriste d'Etat grâce à la défaite libérale. Regardez les exemples de l'histoire qui doivent nous servir, non pas pour les répéter, mais pour mieux analyser le meilleur chemin dans ce moment historique. Lénine a orienté la révolution démocratique-bourgeoise, en février 1917, comme voie d'unité pour vaincre le tsarisme et ce fut l'antichambre de la révolution socialiste d'octobre qui fête cent ans ces jours-ci.

Les principes sont inaltérables

Cela ne veut pas dire que la gauche révolutionnaire abandonne ses principes. C'est une question de corrélation des forces, car il s'agit d'accumuler des forces dans la nouvelle réalité en vue de la lutte stratégique pour les changements structurels, les transformations révolutionnaires et le socialisme. Accumuler des forces pour avancer dans la définition du problème du pouvoir.

Timoleón a bien expliqué que les avancées de l'Accord de La Havane sont ceux qu'a permis la corrélation des forces, c'est ce qu'enseigne le b-a-ba de la théorie révolutionnaire. En ce qui nous concerne, nous sommes marxistes-léninistes, communistes, nous ne sommes pas des anarchistes illusoires qui pensent que la révolution est toujours au coin de la rue. Cette révolution, nous devons la construire. Et ainsi, alors que la démocratie incommode la droite, c'est notre meilleur allié dans la lutte pour le pouvoir. Il y a des expériences dans toute la planète. La plus récente est celle du Vénézuela bolivarien, où la gauche a changé la tendance politique avec l'élection de la constituante et les élections des gouverneurs. Elle ne s'est pas laissée cerner par le terrorisme de l'opposition ni par les bandes mafieuses soutenues de l'extérieur.

Ici, nous avons eu du soutien de l'extérieur. De l'Union Européenne, d'Amérique Latine, pour construire la paix, pour tourner la page de la violence qui dure depuis plus d'un demi siècle, c'est important.

C'est pourquoi nous soutenons une alliance des forces alternatives. La dernière plénière du Comité Central a invité les candidats alternatifs à discuter, essayer d'élaborer ensemble un programme commun, ce qui est le plus important. Cela vaut la peine d'essayer afin de défendre les dialogue de La Havane et la Table de Quito, et s'engager dans la lutte démocratique et sociale. C'est un engagement historique, un défi pour vaincre les hésitants et ceux qui encouragent la guerre.

Piedad est une révolutionnaire d'un grand courage

Q : Et dans tout cela, où se trouve Piedad Córdoba ? Je vous le demande parce que je ne sais pas si vous avez lu l'article de la Silla Vacia...

R : Je l'ai lu et cela m'a attristé de voir comment on manoeuvre une situation pour ouvrir des fissures à gauche. L'article est de Laura Ardila, une journaliste décente que je connais et que je respecte, mais elle a eu un parti-pris odieux, et elle a raconté son histoire dans cette direction. Je ne crois pas qu'elle l'ait fait de mauvaise foi, peut-être par attachement à Piedad, qui est une personnalité extraordinaire, une héroïne de la lutte démocratique en Colombie et une femme qui a beaucoup de qualités.

Laura m'a interviewé quinze minutes environ et elle a juste sorti un petit parragraphe en dehors du contexte pour accomoder ce qu'elle voulait montrer, c'est à dire que la gauche, les amis de Piedad, lui ont tourné le dos. Elle recueille même des ragots pour le démontrer et cela n'est pas sérieux. En ce qui concerne la Marche Patriotique, il ne s'agit pas de ça. Je suis un des porte-paroles de la Marche Patriotique et je sais bien que là, on l'aime, on l'apprécie et on ne lui a pas tourné le dos, il y a des décisions en cours qui n'ont pas été adoptées. Et dans plusieurs régions, les gens de la Marche Patriotique l'ont accompagnée dans ses tournées électorales. Personnellement, je ne lui ai pas tourné le dos non plus et je ne suis pas un ingrat, parce que Laura assure que Piedad finance le journal VOZ. La vérité, c'est qu'elle nous aide et je l'en remercie. Une fois, il y a trois ou quatre ans, elle nous a fait une contribution économique importante. L'année dernière, elle nous a financé un coktail au Club des Exécutifs et en décembre, elle nous a prêté de l'argent que nous lui avons déjà remboursé. Ce furent des gestes généreux, propres d'une femme comme Piedad, solidaire et battante. Mais elle ne l'a jamais conditionné à autre chose que de voir VOZ continuer la bataille journalistique et révolutionnaire. Ce fut quelque chose de normal, transparent et sans aucune irrégularité. Et donc le parti-pris instillé par Laura est indigne. En réalité, VOZ se finance avec le soutien du Parti Communiste, des organisations syndicales du pays et de l'extérieur, ave ses propres ressources qui proviennent de la vente du journal et des campagnes financières, avec le Festival de VOZ et l'aide de personnalités généreuses comme Piedad Córdoba.

Nous aimons beaucoup Piedad, je l'admire personnellement et elle a été une amie très proche qui m'a soutenu dans dans moments difficiles comme celui qui m'est arrivé pour raisons de santé. Elle a le droit de réaliser sa campagne présidentielle et elle a suffisamment de mérites pour présider ce pays. Et tout le monde doit avoir la certitude que Piedad a un espace dans ce projet unitaire, et si ce devait être, ce serait une excellente candidate. Mais cela doit être le fruit du processus unitaire même, des décisions démocratiques de celles et ceux qui intègrent le front. Piedad, evidemment, a ses propres opinions et elles sont très respectables. C'est tout.

Source : Semanario VOZ
Traduction : CM


jeudi 26 octobre 2017

Qui a intérêt à l'érradication violente de la coca ?


Par Monica Arias
Source : Palabras al Margen

A propos du massacre de Tumaco

En Colombie, la culture de la feuille de coca est dans l'oeil du cyclone. Elle est aussi le coeur de la réussite ou de l'échec de l'Accord de La Havane car c'est la base de son principal objectif : Celui de terminer une guerre et sortir le narcotrafic des campagnes, de la politique et de l'économie.

Le port de Tumaco, qui se situe dans la région du département de Narino au bord du Pacifique, est le territoire le plus emblématique de cette croisée des chemins : Cette municipalité concentre 16% du total de la zone cultivée de coca en Colombie (environ 23.148 hectares)(1).

Cela explique l'impact du massacre qui a eu lieu le 5 octobre dernier dans les hameaux de Alto Mira et Frontera, à Llorente, sur le territoire municipal de Tumaco. Huit cultivateurs de coca y ont été assassinés et vingt autres ont été blessés, par des tirs attribués à la Police Anti-Drogues selon les organisations populaires.

Le massacre est le résultat d'une tension accumulée. Depuis le 28 septembre, près de 1.000 paysans cultivateurs de coca réalisent ce qu'ils appellent des "occupations humanitaires", une mobilisation permanente autour des plantations de coca pour éviter les opérations d'erradication forcée de la Police Nationale. D'autre part, depuis le début de la mise en oeuvre de l'Accord entre le Gouvernement et les FARC-EP, dans le département de Narino et dans d'autres (2), les mafias du narcotrafic ont commencé une campagne de menaces pour empêcher que les associations paysannes acceptent la substitution concertée. Plusieurs familles paysannes et des leaders communaux de Tumaco ont été forcées à déménager à cause de ces pressions.

Ainsi, dans le département du Narino, se trouvent de petites exploitations (qui sont potentiellement l'objet de la substitution concertée) et de grandes plantations de coca contrôlées par les mafias de la drogue (qui ne peuvent pas être un objet de substitution). Mais l'action de la Force Publique est indiscriminée, elle ne fait pas la différence entre les petits et les grands exploitants. C'est pourquoi les petits cultivateurs sont le dos au mur : d'un côté les mafias qui leur mettent la pression pour qu'ils continuent à cultiver et à répandre les cultures, d'un autre côté, le Gouvernement et les FARC qui font la promotion de la substitution et, évidemment, le Ministère de la Défense qui, poursuivant la stratégie du gouvernement des Etats-Unis, impose l'erradication. Finalement, les plus affectés sont les paysans pauvres et leurs familles dont l'unique ressource est la feuille de coca.


La mise en oeuvre de l'Accord

Comme souvent en Colombie, il s'agit là de la chronique d'une tragédie annoncée et ce n'est peut-être pas la dernière. Depuis le début de la mise en oeuvre de l'Accord de la Havane, la ruralité est réapparue comme un point de basculement entre la guerre et la paix.

L'Accord promeut une substitution des cultures illicites pour les petits cultivateurs, sur la base du volontariat, de la gradualité et de la concertation. Au cas où l'on n'arriverait pas à une concertation, le point 4 de l'Accord prévoit que "le Gouvernement procédera à l'erradication des cultures d'usage illicites, en priorisant l'erradication manuelle où c'est possible, et en prenant en considération le respect des droits humains, l'environnement, la santé et le Bien Vivre" (3). Mais sous les pressions du Gouvernement des Etats-Unis, le Gouvernement colombien a opté pour une double stratégie du "cinquante-cinquante" : 50.000 hectares pour la substitution concertée et 50.000 hectares pour l'erradication forcée, comme objectif à atteindre en 2017 (4). Depuis, les affrontements ne cessent pas. Comme l'explique un leader paysan : "Les fonctionnaires viennent pour nous expliquer et nous demander de signer les accords de substitution, et le jour d'après, la police arrive avec l'ESMAD (compagnie anti-émeutes) et ils arrachent les plants. Mais alors, sans les plants ? Quelle substitution ?". En cette année 2017, il y a déjà eu au moins 5 affrontements entre les cultivateurs de coca et la police :
  • Janvier - Avril : Manifestations cocaleras dans le Narino et fermeture de la voie vers la mer (5)
  • Juillet : Affrontements entre la Police Nationale et les cultivateurs de coca dans le Guaviare (6)
  • Juillet : Affrontements entre la Police Nationale et les cultivateurs de coca dans le Meta et le Caqueta (7)
  • Septembre : Manifestations cocaleras dans le Catatumbo, le Nord du Santander (8)
  • Octobre : Mort de 8 paysans cultivateurs de coca à Tumaco
Dans ce contexte, le massacre de Tumaco est le terrible épisode d'un conflit qui se trame depuis le début de la mise en oeuvre de l'Accord et qui se base au moins sur deux éléments : D'abord, la politique contradictoire qui imbrique érradication forcée et substitution concertée et ensuite, la désastreuse stratégie historique de l'Etat colombien qui "signe ce qui est exigé, puis ne respecte pas ce qui est accordé". Cette stratégie s'est sédimentée depuis plus d'un siècle dans un cycle vicieux de violence - négociation - accord - violation - violence.


La question paysanne derrière la coca

Depuis qu'elle a été introduite par les cartels de Cali et de Medellin à la fin des années 70, plus qu'une culture, la coca est devenue un axe des dynamiques économiques, politiques et sociales du territoire dans le sud du pays. La coca apparaît dans le Putumayo et le Narino quand les politiques agricoles de Carlos Lleras Restrepo commencent à décliner. Avec la liquidation de l'Institut du Marché Agricole, l'IDEMA, les colons du Putumayo se sont retrouvés sans soutien officiel et face à la chute des prix, ils ont trouvé une alternative dans la coca. C'est dans les années 90 que l'erradication a commencé : Les Programmes de Développement Alternatif, les PDA (pendant le gouvernement de César Gaviria) et plus tard les PLANTE (gouvernement de Samper) ont promis santé, éducation, des routes et du développement à la population contre l'arrachage de la coca, mais la seule chose qui est véritablement arrivée, c'est l'erradication, sans la santé, ni l'éducation, ni les opcions viables pour l'agriculture. Dans ce contexte, surgit la protestation sociale qui s'exprime dans la grêve civique de 1994 et dans les marches cocaleras de 1996 pour exiger de l'Etat qu'il respecte les alternatives économiques pour la substitution. Les Gouvernements signent mais ils ne respectent jamais. En 1997 apparaît le Bloque Sur des paramilitaires des AUC et cela engendre des déménagements massifs.

Au milieu de la violence, ces paysans quittent le Putumayo, ils vont coloniser de nouvelles terres et ils perdent leurs droits sur celles qu'ils avaient. Certains d'entre eux arrivent à des zones comme Alto Mira, à Tumaco, où la culture de coca trouve un bon créneau, un territoire avec un fleuve, de la montagne, une frontière et une terre sans propriété, où s'entremêlent les luttes pour la terre des colons et des conseils communautaires afrodescendants.

L'Accord de la Havane affirme que le problème n'est pas d'erradiquer mais d'avoir des alternatives économiques. Le Point 4.1 sur la substitution des cultures doit être complètement articulé avec le Point 1 sur la Réforme Rurale Intégrale. C'est à dire que l'Etat comme les FARC-EP reconnaissent que l'arrachage de la plante ne suffit pas : Ce dont on a besoin, c'est de la titrisation des terres (point 1.1), de programmes de développement (point 1.2 - PDET) et de plans nationaux qui amènent des routes, des connexions, la santé, l'éducation et le logement dans les zones rurales du pays.

Mais la classe politique colombienne n'écoute pas les experts. Depuis 2002, Dario Fajardo a insisté sur le fait que "pour semer la paix, il faut adoucir la terre" mais au Congrès de la République, on combine la lenteur des débats avec la modification de ce qui a été accordé et le premier projet de loi qui contribue à la mise en oeuvre des points 1 et 4 de l'Accord n'a toujours pas été attribué. Selon l'Observatoir de Suivi de la Mise en Oeuvre de l'Accord de Paix -OIAP-, la mise en oeuvre normative des points 1 et 4 n'atteint que 6,9%. Les grands propriétaires régionaux continuent à être accrochés à la terre, et avec elle, à la violence.

Ainsi, la paix n'arrive pas encore dans les campagnes. La Force Publique tire, les grands narcotrafiquants menacent et l'Etat n'offre pas d'alternatives. La Police viendra erradiquer et elle s'en ira, comme d'habitude. Les politiques sociales n'arriveront pas, comme d'habitude. Dans ces circonstances, on revit le déménagement forcé.

Qui est donc intéressé par l'erradication ? L'histoire des marches de la coca des années 90 le révèlent clairement : Avec le départ des paysans, les groupes armés mafieux prennent le contrôle du territoire, du transport comme des cultures (qui même arrachées, seront resemées), on perd tout droit de propriété paysanne et la paix est repoussée de quelques décennies.

Monica Arias Fernandez est doctorante en Philosophie Politique
Université Paris 7 Denis Diderot

  1. Datos tomados del informe SIMCI 2017 sobre cultivos ilícitos para el año 2016, consultado el 13/09/2017. Ver: https://www.unodc.org/documents/colombia/2017/julio/CENSO_2017_WEB_baja.pdf 
  2. ver el caso del asesinato de dos líderes cocaleros de Córdoba en enero de 2017 en: https://www.las2orillas.co/a-sangre-y-fuego-las-autodefensas-gaitanistas-buscan-retomar-uraba/ 
  3. Acuerdo Final para la Terminación del Conflicto y la Construcción de una Paz Estable y Duradera firmado el 24 de noviembre en el Teatro Colón.  P. 107. Consultado el 05/10/2017 en:http://www.altocomisionadoparalapaz.gov.co/procesos-y-conversaciones/Documentos%20compartidos/24-11-2016NuevoAcuerdoFinal.pdf 
  4. Ver: https://www.elespectador.com/noticias/paz/gobierno-espera-erradicar-100000-hectareas-de-cultivos-ilicitos-en-2017-articulo-702534 
  5. Ver: http://www.elpais.com.co/judicial/tumaco-sigue-paralizada-por-protestas-de-cocaleros.html 
  6. Ver: http://www.rcnradio.com/locales/meta/un-policia-retenido-y-varios-campesinos-desaparecidos-dejan-protestas-cocaleras-en-guaviare/ 
  7. Ver: https://www.elespectador.com/noticias/nacional/enfrentamientos-entre-cocaleros-y-la-policia-en-meta-y-caqueta-articulo-703626 
  8. Ver: https://www.laopinion.com.co/region/tension-por-erradicacion-de-coca-en-el-catatumbo-140221